Suite à la mise en examen pour "empoisonnements avec préméditation" d'un médecin anesthésiste pratiquant au sein de la clinique Saint-Vincent depuis 2004, l'émoi est palpable au sein de l'établissement. Lors d'une conférence de presse en fin de journée ce mardi 7 mars 2017, la direction de l'établissement a confirmé qu'il s'agissait d'un professionnel réputé à la pointe des techniques et qui se formait régulièrement. Elle a cependant refusé de s'exprimer sur le fond de l'affaire. L'avocat du groupe Capio, Frédéric Douchez, a toutefois insisté sur la nécessité de respecter la présomption d'innocence du médecin mis en cause. "Tant qu'une juridiction ne se sera pas pronnoncé sur sa culpabilité, il est pour nous innocent..."
- Un homme de 53 ans et une femme de 51 ans décèdés en 2008 et 2016 à la clinique Saint-Vincent
Pour le parquet de Besançon, l'empoisonnement de sept patients entre 2008 et 2017, dont deux sont morts à la clinique Saint-Vincent de Besançon "n'est pas un accident", il s'agit "d'actes volontaires de nature à entraîner la mort", a estimé mardi la vice-procureure de Besançon Christine de Curraize qui n'exclut pas de découvrir d'autres victimes (voir articles ci-dessous).
Deux incidents début 2017
Ce sont deux "incidents graves" les 11 et 20 janvier 2017 selon Valérie Fakhoury qui ont conduit la direction de la clinique Saint-Vincent à alerter l'agence régionale de santé de Bourgogne Franche-Comté. À son tour l'ARS a saisi la procureure de la République le 18 janvier. La clinique a fait de même le lendemain.
Le premier incident du 11 janvier a conduit un anesthésiste de la clinique à pratiquer des analyses dont les résultats ont été révélés cinq jours plus tard et qui ont enclenché le signalement.
Un autre incident grave est survenu le 20 janvier. "Les deux patients concernés ont fort heureusement pu regagner leur domicile" indique la directrice de l'établissement. "Dans les deux cas, les analyses ont montré une concentration anormale de substances susceptibles de causer des troubles cardiaques dans les solutés injectables au cours des interventions"
En raison de la similitude des incidents antérieurs avec les deux événements du début d'année, la direction de la clinique a décidé de porter plainte contre X. "Nous sommes extrêmement choqués que de tels évènements aient pu se produire au sein de notre établissement" indique la direction. "Nos premières pensées ont évidemment avant tout vers les patients et leurs familles. Nous les assurons de notre soutien. Il est important que les responsabilités soient clairement établies (…) la direction et les équipes de l'établissement apporteront tout leur concours au bon déroulement de l'enquête".
Des mesures de sécurité renforcées
Afin de garantir la sécurité des patients pris en charge dans l’établissement pendant le déroulement de l’enquête, des mesures conservatoires ont été prises par la clinique, en lien étroit avec l’ARS. L’établissement a notamment renforcé la surveillance du circuit de prise en charge des patients, sécurisé les locaux et remplacé en totalité le stock des médicaments injectables. Elle a par ailleurs mis en place des contrôles fréquents de l'intégrité des produits médicamenteux.