Portrait de Yassin Salhi : son parcours de Pontarlier à Besançon

Publié le 27/06/2015 - 12:45
Mis à jour le 28/06/2015 - 10:40


Interrogé au commissariat de Lyon, Yassin Salhi ne dit rien. L’auteur présumé de l’attentat jihadsite perpétré ce vendredi 26 juin dans l’Isère sur le site industriel du producteur de gaz Air Products à Saint-Quentin-Fallavier (Isère) reste mutique. Né à Pontarlier, cet homme de 35 ans, marié et père de trois enfants, se serait radicalisé le Haut-Doubs avant de s’installer à Besançon en 2011. Ce n’est que  fin 2014, qu’il rejoint la banlieue de Lyon avec sa famille.

Yassin Salhi,  était "en lien avec la mouvance salafiste", a indiqué  le ministre de l'Intérieur, mais il n'avait jamais fait parler de lui pour des faits délictueux. Né à Pontarlier (Doubs) il y a 35 ans d'un père d'origine algérienne et d'une mère d'origine marocaine, il est titulaire d'un BEP electro technique. Le suspect a été repéré par les services spécialisés dès 2003, puis en 2006  car il fréquentait un groupe de personnes faisant partie de l'islam radical, sans pour autant faire de prosélytisme, a indiqué une source proche de l'enquête. 

Pontarlier 

C'est en 2003, alors qu'il a 23 ans, qu'il est détecté par les services de renseignements notamment en raison de son appartenance au groupe "Salvi" de Pontarlier  considéré comme radical et qui souhait diriger la mosquée Philippe Grenier, trop modérée à leurs yeux. Le leader du groupe, Frédéric Salvi, quittera la France en 2004. 

Nacer Benyahia (mosquée de Pontarlier) :  "Un gamin calme, pas un nerveux"

Yassin Salhi "était un gamin calme, ce n'était pas un nerveux. C'était un plaisir de l'avoir à la mosquée, il était agréable", se souvient le président de la mosquée de Pontarlier, Nacer Benyahia, "très choqué" des faits reprochés au jeune homme.  

D'après lui, Yassin Salhi était encore adolescent lorsqu'il a perdu son père. Sa mère "a vendu leur maison de Pontarlier avant de partir", mais l'imam ne se sait pas vers quelle destination. "Il était seul, c'était probablement la cible idéale pour les radicaux qui choisissent leur proie", estime le responsable religieux.  

Fiché "S13" de 2006 à 2008

Comme l'a indiqué le ministre de l'Intérieur, le principal suspect fait l'objet d'une fiche d'alerte  "S 13". Il s'agit d'une sous catégorie d'un fichier de personnes recherchées et surveillées.  La catégorie S (5.000 noms en 2012 selon Sud Ouest) désigne les personnes potentiellement menaçantes pour la «sûreté de l'État».

Ce fichage permet aux renseignements de suivre les déplacements des personnes fichées. À chaque contrôle, à chaque déplacement à l'étranger, les renseignements sont avertis. Un suivi qui court sur deux ans. Le fichage de Yassin Sahli  n'a pas été renouvelé en 2008

Besançon

De Pontarlier à Besançon : pas "d'activité malveillante"

Le jeune homme quitte ensuite Pontarlier pour s'installer à  Besançon en 2011 dans le quartier de Planoise avec son épouse et ses enfants âgés à l'époque de 3 à 9 ans. Selon le procureur François Molins, il est repéré à nouveau à cette époque dans la mouvance salafiste aux côtés de musulmans considérés comme "durs". Il réside alors avec sa famille et recherche à l'époque un travail.

En 2013, il y est à nouveau repéré par les services spécialisés pour fréquenter des individus présumés liés à l'islam radical. Il porte la djellaba et la barbe, ce qui laisse penser qu'il est proche des milieux salafistes, comme d'autres jeunes du secteur. Mais il n'a pas d'activité malveillante et ne fait pas parler de lui en dehors de son apparence vestimentaire, selon la même source. Une nouvelle note évoque de nouveaux liens avec la mosquée de Pontarlier. En parallèle, il collecte des fonds pour la construction du centre islamique de  aux côtés d'un ancien imam local et d'un homme de 41 ans à l'époque qui a voyagé en Algérie et qui selon la radio RTL  a été soupçonné par le Pakistan de liens avec le GIA Algérien.

"Il parlait de religion, mais il n'a jamais parlé de terrorisme", assure l'un de ses amis à Besançon, Missom Tahir, 22 ans, qui décrit "une personne posée, calme et surtout gentille".  

 En 2014, c'est une voisine qui alerte les autorités sur un risque de radicalisation. Une nouvelle note des renseignements parle alors d'absences longues et régulières et de réunions  à son domicile où il serait question de jihad. Une ancienne voisine relate également que cet homme de taille moyenne aux yeux marrons et cheveux noirs changeait souvent d'apparence, portant tantôt une queue de cheval, tantôt le crâne rasé, comme peu avant son départ pour Lyon. Elle s'étonnait également de va-et-vient chez Yassin Salhi d'hommes "costauds" vêtus de pantalons "cargo" aux larges poches, souvent le mercredi soir.Du jour au lendemain, "on ne se parlait plus, le contact ne passait pas", déplore-t-elle.

Départ pour la banlieue de Lyon fin 2014 

Puis, fin 2014, Salhi quitte le Doubs avec sa famille pour s'installer à Saint-Priest, en banlieue lyonnaise, dans un appartement situé au premier étage d'un petit immeuble social.  Les voisins interrogés vendredi décrivent une "famille discrète" menant une vie tranquille. "Leurs enfants jouent avec les miens, ils sont tout à fait normaux et câlins", note ainsi une voisine, qui tient à garder l'anonymat.  "Il ne parlait à personne. On se disait juste +bonjour-bonsoir+", raconte un autre, pour qui le suspect ne se distinguait pas non plus par sa tenue. "Il avait juste une petite barbe", selon lui.  Un jeune présent sur place affirme n'avoir "jamais vu" Yassin Salhi à la mosquée de Saint-Priest. 

Le suspect avait trouvé du travail dans une société de transport. Il "fait de la livraison (...) livre des cartons, des commandes, des choses comme ça", a expliqué son épouse à Europe 1, avant d'être elle-même interpellée.   "On est des musulmans normaux, on fait le ramadan. Normal. On a trois enfants, une vie de famille normale", a-t-elle résumé, disant ne pas comprendre pourquoi son mari aurait commis cet attentat. 

Un loup déguisé en agneau

"C'était un loup déguisé en agneau", a jugé un collègue de travail interrogé par RTL, Abdel Karim. "Il m'avait déjà parlé de Daech, pas pour m'embrigader dans quoi que ce soit mais simplement pour me demander mon avis. Quand je lui ai dit ce que je pensais, à partir de ce jour-là, c'était +Bonjour-Au revoir+".

Selon ce collègue, "c'était quelqu'un de mystérieux, mais quelqu'un de très calme à la fois".

  • Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, l'homme a été fiché de 2006 à 2008. Sa fiche n'a pas été renouvelée en 2008, et il n'avait pas de casier judiciaire.  

(Avec AFP) 

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