Devant les juges mercredi pour avoir poignardé un contrôleur SNCF

Publié le 19/03/2014 - 08:05
Mis à jour le 19/03/2014 - 10:42

Il avait frappé de onze coups de couteau un contrôleur SNCF dans le Doubs en 2011, entraînant une importante grève de cheminots : cet homme de 30 ans, psychologiquement fragile, sera jugé à partir de mercredi par la cour d’assises du Doubs.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

ASSISES DU DOUBS

L’accusé risque 30 ans de réclusion criminelle pour «tentative de meurtre au préjudice d’une personne chargée d’une mission de service public». Le verdict de la cour d’assises du Doubs est attendu vendredi au terme de trois jours d’audience à Besançon.

Le 6 octobre 2011, en milieu de matinée, Yassine Moumed avait refusé de présenter son titre de transport aux deux contrôleurs SNCF du train Lyon-Strasbourg qui le lui demandaient.

Face à cet individu agité qui menaçait de les «planter» et affirmait ne pas avoir «peur de mourir», les deux hommes n’avaient pas insisté, préférant prévenir les forces de l’ordre pour que l’identité du passager soit vérifiée.

Onze coups de couteau

Mais M. Moumed, originaire de Mulhouse (Haut-Rhin), s’était alors lacéré le bras avec un couteau. L’un des contrôleur, Thierry Hemet, était alors allé préparer un procès verbal, pendant que son collège, Bernard Mortellier, allait chercher la trousse de secours pour appliquer les premiers soins au blessé.

Le passager avait suivi M. Mortellier, 56 ans, et lui avait porté onze coups de couteau, dont deux dans des parties vitales. Touché au niveau du visage et du thorax, il avait néanmoins réussi à repousser son agresseur dans un compartiment et à fermer la porte. Un témoin avait déclenché l’alarme du train. Le contrôleur avait été transporté dans un état grave au CHRU de Besançon.

Interpellé à sa descente du train, Yassine Moumed avait déclaré qu’il ne se rappelait pas ce qui s’était passé. Des analyses toxicologiques avaient révélé qu’il avait consommé du cannabis.

"Il ne se souvient de rien"

«Il ne se souvient de rien, mais il ne conteste pas son implication dans les faits», a indiqué à l’AFP son avocat, Me Jérôme Pichoff. L’accusé, déjà condamné plusieurs fois pour des faits de violences et hospitalisé à quatre reprises suite à des scarifications, avait été mis en examen pour «tentative de meurtre aggravée» et placé en détention provisoire.

«L’explication de ce crime sans mobile tient plus de soucis psychiatriques, associés à une prise de cannabis dont on sait qu’il majore les problèmes psychiatriques», estime Me Pichoff. Les experts ont estimé que lors de l’agression, le discernement de M. Moumed était altéré, mais non aboli.

Cette violente agression d’un contrôleur de train avait provoqué d’importantes perturbations sur tout le réseau SNCF pendant les deux jours qui suivirent, de nombreux collègues de M. Mortellier ayant exercé leur droit de retrait.

La direction de la SNCF, qui s’est portée partie civile aux côtés de Bernard Mortellier et Thierry Hemet, avait reçu les syndicats de cheminots à tour de rôle pour discuter de la sécurité dans les trains.