Doubs : un suivi social des chômeurs pour un meilleur accompagnement

Publié le 25/02/2014 - 13:58
Mis à jour le 25/02/2014 - 16:08

Aider les demandeurs d’emploi en difficulté à trouver un travail, en réglant leurs problèmes sociaux : c’est le pari d’un nouveau dispositif pilote testé dans le Doubs, en partenariat avec Pôle emploi.

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Yacine Saadane, 45 ans, est père célibataire d'une petite fille de 8 ans. Demandeur d'emploi depuis la fin de son dernier contrat précaire en décembre 2013, il espère beaucoup de ce dispositif d'accompagnement global, officialisé fin janvier par une convention entre le département et Pôle emploi.

"Je voudrais avancer dans la vie, trouver un travail durable et pouvoir élever ma petite fille dans de bonnes conditions", confie l'homme aux cheveux noirs coupés courts, qui enchaîne les petits boulots depuis des années et "rêve d'un travail dans le secteur médico-social".

Sa conseillère, Virginie Bloch, lui a proposé d'intégrer le dispositif d'accompagnement global, dont l'objectif est de suivre un demandeur d'emploi à la fois dans ses recherches de travail et dans ses préoccupations sociales. Ce système inédit en France, repose sur la collaboration rapprochée de huit conseillers Pôle emploi et de huit travailleurs sociaux du conseil général qui suivront entre 70 et 100 personnes.

"Le but c'est que le suivi glisse progressivement vers l'emploi en levant petit à petit les freins sociaux rencontrés par la personne, comme les problèmes de logement, de santé, de garde d'enfant ou de langue", explique Mme Bloch, qui souligne l'aspect "très humain" de l'accompagnement global.

"Le demandeur d'emploi au cœur de son suivi"

"L'assistante sociale m'aide par exemple pour les papiers administratifs, que j'ai du mal à remplir" ou pour "faire garder ma petite fille quand je dois aller au travail", témoigne M. Saadane, originaire d'Algérie, qui se sent "aidé" et "moins seul" grâce à cet accompagnement poussé.

En parallèle, la conseillère Pôle emploi le rencontre régulièrement afin de mettre au point un parcours de formation d'aide soignant pour, à terme, décrocher un CDI.

"C'est primordial que le demandeur d'emploi soit au cœur de son propre suivi. Ça demande un réel investissement de la personne qui doit signer un engagement", souligne par ailleurs Carine Michel, assistante territoriale d'insertion du conseil général du Doubs.

Ce nouvel accompagnement global pourrait bientôt être généralisé à d'autres départements français. Il s'appuie sur l'expérience d'un premier dispositif similaire, l'accompagnement dédié, mis en place dès mars 2012 par le conseil général du Doubs et Pôle emploi pour les bénéficiaires du RSA.

L'accompagnement dédié, qui a bénéficié à 1.155 personnes dans le Doubs en 2013, a fait ses preuves pour une mère célibataire de quatre enfants, qui préfère garder l'anonymat. Cette pétillante quadragénaire a réussi à trouver un emploi de secrétaire à Besançon.

Redonner confiance en soi

"Le suivi en parallèle par le conseil général et Pôle emploi est très complémentaire et très efficace", affirme cette mère de famille diplômée d'un DESS de psychologie du travail, avec lequel elle n'a jamais réussi à trouver un emploi.

"Si mon assistante sociale et ma conseillère Pôle emploi n'avaient pas eu une vision globale de ma situation, je n'aurais jamais réussi à me former pour trouver un travail. D'être soutenue et suivie par les deux à la fois, ça m'a redonné confiance en moi", raconte-t-elle, "fière" d'être sortie du chômage et d'avoir désormais un "vrai statut social".

Pendant l'accompagnement dédié, "je voyais ma conseillère deux fois par mois, nous répondions directement ensemble aux annonces et elle me mettait en relation avec des recruteurs. C'était un vrai accompagnement", estime la secrétaire.

Elle reste en revanche sceptique sur le suivi classique à l'œuvre pour la plupart des demandeurs d'emploi, qu'elle a aussi connu : "l'accompagnement classique, malheureusement, ne donne rien. Une fois par mois, je repartais de Pôle emploi avec une centaine d'offres, j'allais chercher mes enfants, je faisais à manger, je les couchais et le soir, épuisée et seule, je ne répondais qu'à 30% des offres".

(Source AFP)