E-commerce contre vraie vie

Publié le 12/12/2016 - 15:19
Mis à jour le 17/04/2019 - 09:42

198 euros, c’est la somme que les Français envisagent de dépenser en cadeaux de Noël, seulement ceux achetés sur le net comme l’atteste une récente étude. Cette information n’étonne pas cette commerçante du centre-ville de Besançon…

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Le regard d’Albert

 Elle raconte posément, calmement, à mots choisis, ces journées passées dans son magasin, au contact de certaines ces clientes, beaucoup d'entre elles très indélicates : "Elles n'hésitent pas à essayer plusieurs modèles qu'il faut déballer, avant de lâcher qu'ils correspondent bien à ce qu'elles cherchaient, et qu'ayant fait l’essayage ici, elles pourront alors commander sur internet pour payer moins cher..." Toujours calme, mais la colère froide nettement perceptible, elle ajoute : "Et elles s'en vont, me laissant au milieu de tout ce qui a été déballé, sans un merci, sans même songer une seconde à l'aspect incongru de leur attitude..." 

Et cette attitude, en voie de généralisation, est fustigée de la même manière par nombre de commerçants qui se sentent ainsi piégés et floués par les clients, mais aussi par leurs fournisseurs. 

"Comment gérer cette situation ?" dit ce commerçant, "quand les prix pratiqués par nos fournisseurs sur des plateformes sont inférieurs à ceux qu'ils nous concèdent" et d'ajouter en détachant bien chaque mot : "leur en parler ne sert à rien. Ils jouent et gagnent sur tous les tableaux. Ils vendent leurs produits, que ce soit dans nos magasins ou sur le net. Notre survie leur importe peu, pas plus que les emplois qui vont avec." 

Certes, les différences de prix sont parfois substantielles, comme par exemple ce parfum d'une grande marque, vendu 90€ en magasin, et trouvé, pour une même contenance et même présentation, sur internet à 46€ ! Même constat du côté des libraires, ils fournissent les références, parfois même au téléphone, et le client... commande sur Amazon, sans complexe. Le consommateur s'y retrouve pour l'instant, mais son avenir risque de s'avérer moins simple qu'il n'y paraît. En effet, ce consommateur-là doit savoir ce qu'il veut :

Soit un univers commercial seulement réduit à l'espace numérique, avec des produits moins chers. Dans ce cas, il faudra qu'il assume les centres-ville désertés par les commerces, où ne subsisteront qu'agences immobilières, boites d'intérim ou fast-foods. 

Soit il souhaite conserver des centres-ville actifs, habités, vivants, avec une vraie proposition de choix, un large éventail de propositions et surtout le maintien du contact humain. 

Hier le débat opposait les commerces de centre-ville aux zones commerciales. Aujourd'hui il est réduit à une alternative simple : soit rester devant son écran d'ordinateur dans le virtuel, soit avoir du lien dans le réel.

Et vous qu'en pensez-vous ?