Procès du Café du Théâtre : les temps forts

Publié le 14/12/2013 - 16:09
Mis à jour le 24/12/2013 - 14:18

Du lundi 9 au vendredi 13 décembre 2013, s’est déroulé le procès du Café du Théâtre devant la cour d’assises du Doubs au palais de Justice de Besançon. Deux hommes étaient dans le box des accusés : Arnaud Gijbels, accusé d’avoir assassiné Pascal Legal, patron du bar Le Café du Théâtre et Marouane Chkarmi, accusé de proxénétisme aggravé. De nombreux témoins sont venus s’adresser à la cour ainsi que des experts. Le verdict est tombé ce vendredi vers 15h30. Voici les temps forts des cinq jours d’assises…

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D'un côté, Arnaud Gijbels, 24 ans, comparaît pour assassinat. Il a expliqué lors de l'enquête avoir été drogué puis violé en aôut 2011 par Pascal Legal. Ce dernier l'aurait menacé avec un couteau lui demandant de se taire en échange de 100 euros. Arnaud Gijbels aurait décidé de se venger. Le 13 novembre 2011, le rendez-vous vire au drame. Arnaud Gijbels sort un couteau puis les deux hommes se battent. La victime succombe à 99 coups de couteaux. L'agresseur s'enfuit de l'appartement en prenant avec lui une valise pleine d'objets appartenant à la victime et jete les clés et le couteau. Il a reconnu les faits lors de sa garde à vue.

De l'autre, Marouane Chkarmi, 34 ans, est accusé pour proxénétisme aggravé. Il comparaît libre. Il connaît Pascal Legal depuis la fin des années 90. M. Chkarmi présentait régulièrement des jeunes au gérant du café qui gagnaient de l'argent en échange de relations sexuelles. De même que Marouane Chkarmi, ancien amant de la victime. Il avait présenté Arnaud Gijbels à Pascal Legal.

Lundi 9 décembre, l'exposition des faits et l'intervention du médecin légiste

Arnaud Gijbels raconte s'être fait violé par le patron du Café du Théâtre ainsi que sa version des faits qui se sont déroulés le soir du dimanche 13 novembre 2011 chez Pascal Legal. Il indique également 

"Cette soirée là, je me suis rendu compte qu'il y avait deux Pascal Legal avec deux visages"

"Ce soir là, il est revenu de son bar avec des boissons sans alcool. J'ai eu un trou noir. Je me suis réveillé dans son  lit, avec du sperme sur moi... j'ai vu qu'il était tremblant, hésitant, j'ai compris ce qui s'est passé. En m'étirant j'ai compris que quelque chose s'était passé"

"J'ai commis un partie de ces faits, et je n'ai pas commis cet acte avec préméditation. Je n'ai jamais eu l'intention de donner la mort à Pascal Legal . Je voulais lui faire peur". "J'ai pensé avoir porté une dizaine de coups de couteau.Quand je l'ai vu tomber à genou, j'ai pris son peignoir, je l'ai recouvert. Quand j'ai repris mes esprits,(..) je me suis rendu compte que j'avais porté des coups de couteau à un homme qui allait sûrement mourir."

Marouane Chkarmi raconte comment il a rencontré un jour Arnaud Gijbels faisait la manche à la gare de Besançon. Il aurait présenté celui-ci à Pascal Legal pour un travail de "plongeur". Il y reconnaît avoir présenté des jeunes gens à Pascal Legal en vue de relations sexuelles tarifées. "Monsieur Legal voyait beaucoup de jeunes gens. Il vivait très bien son homosexualité. Je n'ai jamais eu l'idée d''avoir commis un acte de proxénétisme. Pascal Legal était un ami pour moi, pas un client".

Le médecin légiste, Nicolas Hubert, qui a réalisé l'autopsie de Pascal Legal et affirme que "le décès est lié à une hémorragie massive". "J'ai décrit 99 plaies d'armes blanche. Dix neuf sont des lésions de défense aux membres supérieurs. Les 80 autres plaies sont des lésions qu'on pourrait appeler d'attaque". 

Mardi 10 décembre, le défilé des témoins

Plusieurs témoins ont dit que Pascal Legal ne les a jamais forcé à un acte sexuel non voulu. L'avocate générale doute que Pascal Legal ait violé Arnaud Gibjels. Elle a exprimé le fait que l'accusé ne verbalise, ni ne montre le moindre traumatisme dû à une éventuelle agression sexuelle provoquée par Pascal legal.

A travers les multiples dépositions des témoins, la Cour a pu constaté la vie sexuelle tumultueuse et les nombreuses conquêtes de Pascal Legal. La plupart des témoins ont déclaré avoir vu Marouane Chkarmi obtenir de l'argent de la part de la victime. Il a déclaré que "Je ne suis pas une agence d'intérim ou un pôle emploi pour des gens qui voulaient des relations. Chacun était libre de ses choix". Il s'est dit victime d'un "complot".

Mercredi 11 décembre, l'avis des experts et le témoignage de la mère et des deux soeurs d'Arnaud Gijbels

Selon Marie-Thérèse Atzori-Bonnaffoux, experte psychologue, Arnaud Giljbels et Marouane Chkarmi ne sont pas atteints de pathologie mentale. 

Elle affirme que rapidement pendant l'examen psychologique, Marouane Chkarmi dit n'avoir rien à se reprocher et fait l'objet d'un complot par les personnes qui ont témoigné contre lui. L'experte parle aussi de "dysfonctionnement de la pensée" : il y a beaucoup d'idées de persécution. Elle rapporte que selon lui, les autres cherchent à le nuire et qu'il a beaucoup de peurs.

Concernant le présumé assassin, Dr. Claden explique que, lors d'une vengeance, il y a de la rage, de la haine, de la colère. Pourtant, A. Gijbels est parfaitement capable de tenir une conversation banale avec Pascal Legal avant de passer à l'acte. "C'est peu compatible avec l'esprit de colère qu'il a fait surgir. Ca prouve une certaine maîtrise de soi". L'expert émet une "hypothèse la plus probable" : Arnaud Gijbels aurait pu se laisser faire violer pour ensuite demander des indemnisations à Pascal Legal.

La mère et les deux demies-soeurs d'Arnaud Gijbels témoignent ensuite à la barre. Elles parlent de l'enfance difficile de l'accusé. Dans son box, l'assassin présumé est effondré et pleure bruyamment jusqu'au moment pendant lequel le Président de la cour d'assises, François Ardiet lui demande s'il a quelque chose à ajouter après le témoignage de la mère et qu'il répond, les larmes aux yeux : "Je t'aime Maman". Des membres du public ont sangloté ainsi que deux jurés.

Le témoignage de l'une des demies-soeurs de M. Gijbels a également marqué les esprits lors de cette journée. Elle avoue, "pour la première fois", qu'elle s'est faite violée à deux reprises par des membres de sa famille.

Jeudi 12 décembre, la famille de Pascal Legal témoigne

C'est le témoignage d'une ancienne employée du Café du Théâtre qui démarre cet avant dernier jour de procès. "Le 14 novembre, j'ai ouvert l'établissement. Il descendait en général vers 9h30. Mais comme il devait partir en vacances le lendemain, je ne me suis pas étonnée. Sa voiture était garée au parking. J'ai trouvé ça bizarre. On a décidé d'appeler les pompiers".

L'intervention de Joël Legal, un des frères du défunt, s'est exprimé à la barre : "Voilà deux ans que nous vivons ce calvaire. Enfin on nous donne un peu la parole. On est resté dignes pendant deux ans, on a subi, encaissé, on encaisse ce procès. Je pense qu'on a un peu oublié Pascal dans ce procès. Je suis là pour vous parler d'un frère, d'un fils, d'un tonton,d'une victime".

Puis c'est au tour de Laurent Legal : "Un jour le téléphone sonne et vous voyez votre père hurler. Vous rentrez dans un engrenage. Mais qui a pu faire cela ? On a assumé. On est venu chercher le corps de Pascal. Je suis allé le voir à la morgue. J'avais peur d'y aller vu ce qu'on voyait dans les médias."

Laurent Legal ne croit pas une seconde que son frère ait pu laissé traîner le code d'une carte bleue correspondant à sa date anniversaire + un jour sur un papier dans l'appartement du Café du Théâtre. Le frère de la victime raconte son impression de vivre un film au mauvais scénario.

Me Claude Varet, avocate de la famille Legal, termine la journée avec sa plaidoirie. "La personne à juger est l'assassin. Vous n'avez pas à juger un violeur parce Pascal Legal n'était pas un violeur et je vais vous dire pourquoi. Quand Gijbels s'excuse devant la famille de Pascal Legal... est-ce qu'on peut s'excuser d'avoir subi un viol ? Il n'y a jamais eu de violeur, mais il y a bien un assassin."

"Dans ce procès, Arnaud Gijbels n'aura fait que de mentir." "Pascal Legal aurait pu travailler moins. Mais il a été arrêté par Arnaud Gijbels. Arnaud Gijbels, c'est la rencontre que Pascal Legal n'aurait pas du faire." 

Vendredi 13 décembre

Après les plaidoiries d'Elisabeth Philiponet, avocat général, de Randall Schwerdorffer, avocat de Marouane Chkarmi et de Julien Vernet, avocat d'Arnaud Gijbels, le vedict tombe dans l'après-midi. Les deux accusés sont jugés coupables. 

Arnaud Gijbels écope d'une peine de 25 ans de réclusion criminelle pour assassinat.

Marouane Chkarmi écope de six mois de prison avec sursis pour proxénétisme aggravé. Il repart libre.

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