Rémy Fraisse, tué par une grenade offensive

Publié le 29/10/2014 - 09:12
Mis à jour le 29/10/2014 - 09:12

L’enquête sur la mort de Rémi Fraisse, dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), privilégie la thèse d’un décès dû à une grenade offensive lancée par les gendarmes après la découverte de traces de TNT sur ses vêtements, a annoncé mardi 28 octobre 2014 le procureur.

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"On a retrouvé des traces de TNT sur certains scellés provenant des effets vestimentaires de la victime", a annoncé le procureur d’Albi, Claude Dérens à la presse. Ces résultats d’analyses "orientent donc l’enquête puisque la mise en œuvre d’un explosif militaire de type +grenade offensive+ semble acquise au dossier", a dit le magistrat. Le TNT figure en effet "dans la composition des charges des grenades lacrymogènes ou offensives utilisées par les gendarmes", a précisé le procureur, lisant une déclaration écrite. En résumé, l’enquête "ne peut donc aujourd’hui exclure le rôle de la grenade offensive jetée depuis la redoute où s’étaient retranchés les gendarmes dans la nuit de samedi à dimanche", lorsqu’ils affrontaient des opposants au projet de barrage, à Lisle-sur-Tarn.

Grenades offensives

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a aussitôt annoncé qu’il avait décidé de suspendre l’utilisation des grenades offensives utilisées par la gendarmerie. Une inspection générale doit "déterminer les conditions d’utilisation de ces projectiles dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre", a-t-il dit. Jusqu’à présent, les spécialistes estimaient que ce type de grenades ne pouvaient pas tuer si elles n’étaient pas combinées à un autre élément.

Et de nombreuses questions se posent encore sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse, 21 ans. Selon les résultats de l’autopsie communiqués lundi, le jeune Toulousain avait été victime d’une explosion, qui avait provoqué un arrachement important d’une partie du haut du dos. Sa mort avait été instantanée.

Mardi matin, un opposant au projet de barrage évoquait l’hypothèse qu’une grenade lancée par les gendarmes ait pu se retrouver coincée entre le dos de Rémi et son sac à dos, avant d’exploser.

Réagissant à la déclaration du procureur, Me Arié Alimi, avocat de la famille de Rémi Fraisse, a déclaré mardi à l’AFP : "L’hypothèse que nous soutenions depuis hier (lundi) se confirme. C’est bien une grenade offensive qui a été délibérément utilisée par les gendarmes dépendant du ministère de l’Intérieur et du ministère public"."A la tragédie vécue par Rémi, et ses parents et ses proches, s’ajoute un véritable scandale sans précédent dont chacun devra tirer les conséquences, pour que plus jamais la violence d’État, sous toutes ses formes, ne puisse trouver encore à s’exercer", a-t-il affirmé.

L’avocat a confirmé avoir déposé deux plaintes : l’une pour "homicide volontaire" et l’autre pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Il a de plus diffusé une déclaration des parents de Rémi qui appellent à «ne pas répondre à la violence par la violence». Ils refusent de s’exprimer directement ou plus amplement pour l’instant.

"Tache indélébile"

Mardi en fin d’après-midi, une cinquantaine d’opposants au barrage de Sivens se sont rassemblés, silencieusement, sur une petite place du centre de Gaillac, en mémoire de Rémi Fraisse. "Les déclarations du procureur ne nous surprennent pas, on savait déjà, nous", a commenté "Greg", trentenaire. "Ce qui est arrivé à Rémi devait arriver", a-t-il ajouté, en assurant que les gendarmes avaient déjà fait usage de grenades à tir tendu contre les anti-barrage.

Interrogé sur la possibilité d’une "bavure" de la gendarmerie, le procureur a répondu mardi : "Non, à mon avis, non. Mais ça, c’est l’enquête qui le déterminera".

Le magistrat a par ailleurs annoncé qu’il se dessaisissait du dossier au profit du parquet de Toulouse, car il est du ressort du pôle criminel de Toulouse d’instruire des faits commis par des militaires de la gendarmerie, dans le Tarn.

Dans sa première réaction depuis la mort du jeune homme, le président François Hollande a promis mardi à la mi-journée "toute la vérité, sur ce qui s’est passé". Prônant "l’apaisement", le chef de l’État avait appelé à "une responsabilité que chacun doit avoir, dans son expression" face au décès, une allusion à la charge sonnée par les écologistes.

La députée écologiste Cécile Duflot, notamment, avait qualifié la mort du manifestant de "tache indélébile sur l’action du gouvernement".

Mardi soir, le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon réclamait la démission du ministre de l’Intérieur, en mettant en cause "ceux qui ont préféré utiliser la répression depuis plusieurs semaines pour faire passer coûte que coûte un projet (de barrage, ndlr) absurde, inutile et coûteux".

(Source : AFP)

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