Vignette automobile allemande: les Alsaciens-Lorrains furieux

Publié le 10/07/2014 - 10:20
Mis à jour le 10/07/2014 - 10:20

L’annonce de l’instauration en 2016 d’une vignette pour les usagers de l’ensemble du réseau routier allemand suscite inquiétude et colère chez les Alsaciens et les Lorrains, nombreux à franchir régulièrement la frontière, ainsi que chez les commerçants allemands notamment.

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Berlin a annoncé en début de semaine l’instauration en 2016 d’un péage pour tous les automobilistes. La taxe dont s’acquitte déjà tout propriétaire de voiture en Allemagne sera minorée d’autant, de sorte que les automobilistes étrangers seront les seuls, dans les faits, à subir une taxation supplémentaire.
Ils pourront acheter des vignettes de l’ordre de 110 euros par an, dix euros pour dix jours ou vingt pour deux mois.
La Commission européenne a d’ores et déjà indiqué qu’elle se mettrait en travers de tout projet discriminant les étrangers. Les Pays-Bas et l’Autriche ont fait savoir qu’ils étaient prêts à porter plainte contre le mécanisme.

Alors que beaucoup de Français franchissent quotidiennement le Rhin pour faire leurs courses dans les commerces allemands ou se promener en Forêt Noire, «la mesure va impacter les petits commerçants frontaliers, et en même temps porter atteinte au pouvoir d’achat des travailleurs frontaliers», a estimé Cédric Rosen, à la tête de l’Association des frontaliers d’Alsace-Lorraine.
«La question se pose aussi pour les travailleurs intérimaires qui seront encore plus fortement touchés. Mais cela va aussi encourager le covoiturage», a ajouté le président de cette association qui revendique plus de 6.000 adhérents.
Toni Vetrano, le maire de Kehl, située côté allemand en face de Strasbourg, a écrit au ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble pour lui faire part de sa «grande inquiétude», alors que 45% des clients des commerces du centre-ville de Kehl sont des Français.
Le maire de Strasbourg Roland Ries, également président de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, y voit aussi «une atteinte à la libre circulation» au sein de cet espace transfrontalier qui se veut précisément comme «un territoire sans frontière», dans un entretien aux Dernières Nouvelles d’Alsace.
A Forbach également, «on est en train de construire un Eurodistrict avec nos voisins allemands, et ceux-ci ne sont d’ailleurs pas davantage favorables à cette mesure», a indiqué le maire de cette commune mosellane frontalière, Laurent Kalinowski.
Au total plus de 50.000 Français (30.000 Alsaciens et 20.000 Lorrains), traversent la frontière pour travailler en Allemagne, selon des estimations de l’Insee.
Pour l’Automobile Club Association, la mesure est «discriminatoire», et excessive «de par son montant (jusqu’à 110 euros par an) et son champ d’application», alors que la vignette suisse ne porte que sur les autoroutes, pour un montant annuel de 33 euros.
Si le projet annoncé par le gouvernement allemand devait aboutir, l’ACA se réserve la possibilité «de réclamer une action de l’Etat français pour exercer un recours», a précisé son président Roger Braun.
La mesure risque également de déporter vers l’Alsace toute une partie du trafic de transit des Suisses et des Luxembourgeois notamment, redoute M. Rosen.

(Source AFP)