Dans le Doubs, les attentats parisiens rebattent les cartes de la campagne électorale

Publié le 26/01/2015 - 09:12
Mis à jour le 27/01/2015 - 17:30

Des tracts FN sur le « péril islamiste« , des militants PS qui espèrent surfer sur le regain de popularité de François Hollande: dans le Doubs, appelé à pourvoir le 1er février le siège de député de Pierre Moscovici parti à Bruxelles, les attentats de Paris ont rebattu les cartes d’une élection très ouverte.

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Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale a déjà perdu la majorité absolue de 289 sièges, depuis le départ samedi 24 janvier 2015 de Jean-Pierre Maggi, qui a rejoint le groupe RRDP (à majorité radicale de gauche).

Mais la législative partielle de la 4e circonscription du Doubs, berceau de l'industrie automobile, garde sa valeur de teste avant les prochaines élections départementales de mars 2015.

La candidate FN, la députée européenne Sophie Montel, bat le pavé sous les flocons et glisse dans les boîtes aux lettres un tract sans équivoque: la carte de France, entourée d'hommes enturbannés et lourdement armés, surmontée de l'inscription "péril islamiste" et d'un appel: "Protégeons les Français".
"On ne surfe pas sur les attentats. Ce n'est pas nouveau, on a toujours dénoncé le fondamentalisme islamique et le communautarisme", assure cette grande femme blonde, qui recevra vendredi la visite de Marine Le Pen à Sochaux.

"Un effet attentats"

Depuis les attentats, la fédération FN du Doubs, qui compte plus de 1.000 adhérents, a enregistré "98 adhésions la semaine écoulée", affirme-t-elle. "C'est indéniable, il y a un effet attentats qui risque de mobiliser notre électorat", pense la candidate FN.

"Les attentats de Paris ont rebattu les cartes, ils vont amener les gens à réfléchir à la chose publique", estime Damien Charlet, militant PS, venu tracter de nuit devant les grilles du site de PSA Peugeot Citroën de Sochaux, avec le candidat Frédéric Barbier.

Les électeurs de gauche "ont ressenti de la fierté en voyant la manière dont les choses ont été gérées par le gouvernement", confirme M. Barbier, suppléant de M. Moscovici. Le rebond de 21 points enregistré par François Hollande dans un sondage Ifop-Fiducial, publié lundi, semble lui donner raison.
"Il peut y avoir un petit sursaut, mais je ne sais pas de quelle ampleur", ajoute, prudent, le candidat socialiste qui attend mardi le Premier ministre Manuel Valls dans la circonscription.

Risque d'abstention

Pour déjouer l'abstention qu'il craint "élevée" et contrer la multiplication des candidatures à gauche, Frédéric Barbier enchaîne les sorties d'usines, tendant ses tracts aux flots de salariés des sites industriels du secteur.
Mais alors que se profile le risque d'un duel FN-UMP, c'est "celui qui réussira à mobiliser son camp qui ira au 2e tour", convient le candidat PS.

L'UMP a dépêché cette semaine son secrétaire général Laurent Wauquiez, pour qui une "bataille symbolique" se joue dans le Doubs. "On parle de la succession de Moscovici", ministre de l'Economie et des Finances avant d'être nommé commissaire à Bruxelles. "Moscovici, c'est lui qui a fait exploser les impôts en France. C'est lui qui a contribué à ruiner le pays", a lancé mercredi Laurent Wauquiez aux militants réunis à Audincourt.

Sursaut républicain

Pour ces derniers, le choc des attentats "va s'estomper à l'approche du scrutin". "Dès qu'on entre dans le programme et le bilan, les lignes de fracture reviennent", estime Guillaume Germain, la trentaine.
Après la crise terroriste en France, "la population était très abattue, mais les gens ne vont pas voter davantage PS: ils disent que les promesses que Hollande n'a pas tenues, il ne les tiendra pas plus maintenant", assure le candidat UMP Charles Demouge.

Chacun tente ainsi de mobiliser son électorat sur cette terre ouvrière touchée de plein fouet par la crise économique, qui a voté à 36% pour le Front national aux dernières élections européennes.
D'après le candidat UMP, "l'abstention risque d'être forte" et "il y aura probablement un duel au second tour. Mais le FN, même bien ancré, ne fera pas 50% au deuxième tour".

Son rival du PS, Frédéric Barbier, ne veut pas non plus croire à un regain du vote frontiste : "après les attentats, il y a eu un sursaut républicain pour une France unie et belle, pas un sursaut vers le FN".

(Source AFP)