Dr Péchier laissé libre : colère, déception, incrédulité et fatigue des familles des victimes

Publié le 12/06/2019 - 17:23
Mis à jour le 12/06/2019 - 17:23

La décision de la cour d’appel de Besançon de laisser libre l’anesthésiste mis en examen pour 24 empoisonnements a provoqué résignation, colère et lassitude chez certaines familles de victimes.

La cour d'appel a donc confirmé le jugement du juge des libertés de ne pas placer en détention provisoire le Dr Frédéric Péchier soupçonné de 24 empoisonnements, dont neuf mortels. La chambre de l'instruction de la cour d'appel laisse l'anesthésiste libre, comme il l'est depuis sa première mise en examen dans cette affaire, prononcée en mars 2017 pour sept premiers cas d'empoisonnement.

L'anesthésiste de 47 ans reste  sous le coup d'une interdiction d'exercer et de se rendre à Besançon et dans la commune voisine où il résidait.

Une petite trentaine de victimes présumées ou de proches des victimes étaient présents à l'audience, dont la famille de la plus jeune d'entre elles : un enfant opéré en 2016 à l'âge de 4 ans des amygdales et qui avait survécu à deux arrêts cardiaques. "Inadmissible !", s'est emporté Georges Horter, le grand-père de Teddy.

Fatigue, colère et déception

Sur le parvis du palais de justice bisontin, les victimes présumées ne cachaient pas leur déception. Amandine Lehlen, fille de Damien Lehlen décédé en 2008 et présidente de l'association Avapolvi regroupant les victimes et leurs familles, ne masque pas sa lassitude.  "Ca fait déjà 11 ans pour ma famille et moi. 11 ans que l'on attend et là on va encore devoir attendre un moment. On n'en peu plus, nous sommes fatigués. À chaque fois que l'on vient au tribunal, on se dit qu'il va y avoir du nouveau et qu'on va franchir une marche et là on est toujours sur la même marche..." déplore-t-elle.

"On attend maintenant la suite, mais c'est long, c’est trop long", a également regretté Bénédicte Boussard, 50 ans, victime présumée du médecin en 2009.

Éprouvée, Sandra Simard, qui avait survécu à cinq jours de coma en 2017 après une opération du dos, s'est dite "déçue" et "en colère", mais pour elle le combat continue avec l'association Avapolvi (association des victimes des anesthésies à la clinique St Vincent et polyclinique de Franche-Comté). "Nous allons continuer à faire front commun et à essayer de réunir des victimes, celles qui ne nous ont pas contactées... "

Une collecte en ligne pour financer les frais de justice et aider les victimes et leurs familles a été mise en ligne sur le site Leetchi : "Victimes des Empoisonnements de Besançon - besoin de votre soutien"

Péchier "ira aux assises"

"Je comprends le désarroi des victimes qui voient que pour une personne ayant commis 24 empoisonnements ou tentatives d'empoisonnements, il n'y a pas une décision autre", a réagi Me Frédéric Douchez, avocat de la clinique Saint-Vincent, où exerçait l'anesthésiste et qui s'est également constituée partie civile. Mais l'avocat a une certitude: Frédéric Péchier "ira aux assises", un procès qui, s'il a bien lieu, ne devrait pas se tenir avant plusieurs années.

Me Lionel Béthune de Moro, troisième avocat du médecin, a parlé d'une "audience dense", mais d'un "débat assez loyal" entre l'accusation qui réclamait le placement en détention de l'anesthésiste, soutenue par les parties civiles, et les conseils du médecin. Il n'y avait "aucune preuve" que les événements indésirables graves (EIG) survenus lors des interventions chirurgicales incriminées étaient "criminels" Il était "difficile et douloureux (pour le Dr Péchier, NDLR) de revenir à Besançon, de voir les victimes" de ces EIG, a-t-il observé.

L'anesthésiste est soupçonné d'avoir pollué, entre 2008 et 2017, des poches de perfusion de 24 patients âgés de 4 à 80 ans pour provoquer des arrêts cardiaques, démontrer ses talents de réanimateur et discréditer ses collègues de la clinique, avec lesquels il était en conflit.

Pour le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux, il est "le dénominateur commun" de tous ces événements indésirables graves. Parmi ses victimes présumées, neuf sont décédées. D'autres sont restées plusieurs jours dans le coma après avoir subi des arrêts cardiaques à l'occasion d'opérations qui ne présentaient pas de difficultés particulières et en portent encore les séquelles.

1 Commentaire

c'est une hônte de le laisser en liberté après tous ces décès qu'il a provoqué
Publié le 13 juin 2019 à 08h23 par Pascal Carry • Membre

Un commentaire

Laisser un commentaire

anesthésiste empoisonnement

Affaire Péchier : l’anesthésiste conteste sa mise en examen dans trois cas supposés d’empoisonnement

Les avocats de Frédéric Péchier, médecin-anesthésiste soupçonné de 24 empoisonnements dont neuf mortels mais qui clame son innocence, ont contesté le 9 février dernier à Besançon sa mise en examen dans trois cas. La justice rend sa décision ce mercredi 30 mars 2022.

Tentative de suicide de Frédéric Péchier, l’anesthésiste de Besançon soupçonné de 24 empoisonnements

Frédéric Péchier, anesthésiste de Besançon soupçonné de 24 empoisonnements dont neuf mortels, « a tenté de mettre fin à ses jours » dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2021 ont annoncé ce mardi 5 octobre ses avocats, selon qui « son état est critique » et son « pronostic réservé« .

Affaire Péchier : l’anesthésiste n’a pas “les traits d’un tueur en série” selon une contre-expertise psychiatrique

D’après les conclusions d’un rapport confidentiel publiées par le Journal du Dimanche le 11 avril 2021, la contre-expertise psychiatrique de Frédéric Péchier, anesthésiste soupçonné d’avoir empoisonné volontairement 24 patients à Besançon entre 2008 et 2017, ne révèle pas « les traits d’un tueur en série » dans sa personnalité.

Justice

L’élu bisontin Kévin Bertagnoli dépose plainte pour “harcèlement” et “menaces de mort”

Le président du groupe Génération-s et adjoint en charge de la Démocratie participative et de la participation citoyenne à la Ville de Besançon, a décidé de porter plainte auprès du procureur de la République contre les auteurs de publications malveillantes survenues suite à son intervention lors du dernir conseil municipal de Besançon du 4 avril 2024.

Éco-quartier : le tribunal administratif rejette le recours introduit par Les Jardins des Vaîtes

L’association demandait l’annulation de la décision par laquelle la présidente de Grand Besançon Métropole a refusé d’inscrire à l’ordre du jour du conseil communautaire l’abrogation partielle du plan local d’urbanisme de la commune de Besançon, a-t-on appris jeudi 11 avril 2024.

Maltraitance animale dénoncée par L214 : un employé d’abattoir condamné à du sursis dans l’Yonne

Un employé d'un élevage de porcs de l'Yonne a été condamné jeudi 11 avril 2024 à 1.000 euros d'amende avec sursis pour "mauvais traitement envers un animal" après la dénonciation par l'association L214 de "sévices" incluant l'agonie d'une truie assommée à coups de masse.

Daval : le procureur requiert la relaxe pour les faits de dénonciation calomnieuse

Lors du procès pour dénonciation calomnieuse de Jonathan Daval, qui purge actuellement une peine de prison de 25 ans de prison pour le meurtre de son épouse Alexia en 2017, à l’encontre de son ancienne belle-famille, le procureur de la république Étienne Manteaux a finalement requis la relaxe mercredi 10 avril 2024 au tribunal correctionnel de Besançon. 

Renforts pour la justice : combien de recrutements supplémentaires pour Besançon d’ici 2027 ?

Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux et ministre de la Justice, s’est rendu au tribunal judiciaire d’Annecy le 28 mars 2024 pour dévoiler la répartition des effectifs supplémentaires au sein de chaque cour d’appel et de chaque tribunal judiciaire. À Besançon, 21 effectifs supplémentaires sont prévus entre le tribunal judiciaire et la cour d'appel.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 0.44
nuageux
le 19/04 à 3h00
Vent
2.1 m/s
Pression
1024 hPa
Humidité
94 %