Premier tour des régionales : les prémices d’un bouleversement ?

Publié le 04/12/2015 - 19:49
Mis à jour le 12/04/2019 - 13:43

Le journaliste Albert Ziri accompagne maCommune durant l’élection régionale en Bourgogne et en Franche-Comté. A deux jours du premier tour, il livre son analyse sur les rapports de forces,  les enjeux pour les partis au soir des résultats et comment l’histoire peut jouer d’ironie avec le scrutin.

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Le regard d’Albert

Vous l’aurez constaté, la campagne des régionales, par essence locale, reste marquée par les enjeux nationaux, malgré les dénégations des ténors politiques, la main sur le cœur.

Dans ce déluge de mots autour du terrorisme, de la sécurité et des valeurs républicaines à défendre, il est très difficile de trouver l’objet du vote de dimanche : les propositions pour les régions. Quelle politique économique par exemple ?

 L’électeur potentiel ne s’y retrouve pas. Et certains sont étonnés de son peu d’intérêt pour la campagne électorale !

Les sondages se suivent et… ne se ressemblent pas

Et encore un sondage, un ! Celui d’Ipsos, ce matin, promet la victoire cette fois à la liste…Dufay pour le PS, qui l’emporterait avec 35%, suivie de LR/UDI 33% et le FN 32% !

Au milieu de la semaine, un sondage BVA, annonçait, lui, le FN en tête au niveau national, suivi de LR/UDI et le PS fermant la marche. Le FN progressant même de 6% depuis le 13 novembre. Effet post-attentats selon certains analystes.

En Bourgogne-Franche-Comté, la liste de Sophie Montel ferait jeu égal à 35%, selon BVA, avec la liste menée par François Sauvadet au soir du second tour. Le PS recueillerait 30% des suffrages et serait donc ainsi battu.

Ces deux études d’opinions suivent celle de l’IFOP, publiée la semaine dernière par nos confrères de l’Est Républicain. Avec le FN en tête du premier tour, mais Marie-Guite Dufay gagnante au second tour, les scores se tenant alors dans un mouchoir de poche.

Des résultats qu’il faut prendre avec prudence, compte tenu de la marge possible d’erreur de 2% et de la différence ténue entre les scores… 

Ces sondages, aux résultats finaux contradictoires, sont d’accord sur un point : la place occupée par le FN dans les intentions de vote.  En 2001 certains, hommes politiques et politologues, jugeaient "passagère" la poussée du FN, qu’il ne s’agissait là que "d’un feu de paille" . Ceux-là doivent-ils sûrement comprendre aujourd’hui qu’ils se sont lourdement trompés ?  Et peut-être, question de crédibilité, feraient-ils bien de le dire ?! 

Abstentionnisme...

Dans cet état de tension inédit avec un FN en mesure de l’emporter, LR/UDI et le PS vont chercher à mobiliser pour le second tour. Ils vont bien sûr en appeler aux abstentionnistes du premier tour.  Tout comme le FN d’ailleurs, qui postule qu’ils représentent son plus grand réservoir de voix.  Il faut noter à ce propos que plus la participation électorale est haute au premier tour, plus difficile est pour le FN de trouver des réserves de voix pour le second.

Mais, dans certaines circonstances, comme par exemple quand la victoire est possible, le FN sait aussi mobiliser pour un second tour. Il l’a démontré il n’y a pas si longtemps dans le Pays de Montbéliard. Non seulement il a augmenté son nombre de voix entre les deux tours, mais dans la face à face remporté par le PS au second tour, un bon nombre de voix du candidat de l’UMP éliminé au premier tour s’est bien reporté sur la candidate FN, Sophie Montel.

...Réserves de voix…

Pour comprendre les enjeux, deux chiffres, objets de toutes les attentions : 5 et 10. A 5 %, une liste peut fusionner avec une autre liste ayant dépassé les 10 %. 

Pour le deuxième tour, les listes qualifiées trouveront donc les voix qui leur manquent dans les partis politiques proches de leur ligne, mais absents le dimanche 13 décembre. 

À droite, la liste de François Sauvadet peut espérer séduire tout ou partie de ceux qui auront porté leurs voix sur des listes comme celle de "Debout la France", créditée au premier tour de 3%.  Réserve de voix encore avec le MoDem de Christophe Grudler, qui ne semble pas, selon les sondeurs, en position de pouvoir fusionner, étant crédité de moins de 5%. Et même à 5%, pas sûr que François Sauvadet en exprime le souhait, tant Christophe Grudler semble l’exaspérer.

Le salut de la liste PS ne pourra venir que des autres listes situées à sa gauche et dont les candidats n’ont eu de cesse de critiquer durement le parti au pouvoir nationalement.

Pour que la liste de Marie Guite Dufay l’emporte, il faudra que ces listes, celle du PC-MRC-Front de Gauche ainsi que celle d’EELV, soient en mesure de fusionner. Non seulement, elles doivent obtenir plus que les fameux 5%, mais aussi persuader leurs militants et sympathisants de voter PS. Les débats, à l’issue incertaine, en interne, risquent d’être houleux. 

... et tractations

Pour toutes ces formations, de droite comme de gauche, les rendez-vous sont déjà pris. La nuit du dimanche au lundi risque sera courte. Ou longue. C’est selon. Les listes officielles du second tour devant être déposées mardi midi en préfecture, c’est dire si les tractations s’annoncent intenses devant la nature de l’enjeu. 

Créer une dynamique et éviter les situations de blocage 

C’est la raison pour laquelle, dans ces derniers jours de campagne, avant ce premier tour, les états-majors politiques ne cessent de rappeler que chaque voix compte. Que chaque voix acquise fera la différence avec les listes concurrentes. Qu’il n’y a pas de petite voix. C’est que le précédent de 1998 est encore dans toutes les mémoires. Un scénario que la droite et la gauche ne souhaitent pas se voir répéter.

 Info + 

Un peu d’histoire...

Au lendemain des élections régionales de 1998 Charles Millon en Rhône-Alpes, Jacques Blanc en Midi-Pyrénées et Charles Baur en Picardie furent exclus de l’UDF par François Bayrou, contre l’avis d’Alain Madelin. La raison de cette sanction : s’être faits élire Présidents des exécutifs régionaux avec les voix des conseillers FN tout juste élus.

Ce que refuse alors en Franche-Comté Jean-François Humbert. Il démissionne pour être réélu dans un consensus droite/gauche et cette fois sans les voix du FN.

Donc depuis 2004, la formation arrivée en tête au soir du second tour se voit attribuer 25% des sièges, les 75% qui restent sont partagés selon les règles de la proportionnelle. Et de cette façon, elle obtient une majorité confortable pour gouverner…

Ironie de l’histoire, cette modification du mode de scrutin qui avait pour but d’éviter que le FN ne joue les arbitres, va peut-être lui permettre de gagner les 6 et 13 décembre des régions…et peut-être la nôtre !

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