Accord PS-EELV : tout le monde n’est pas aussi « sage » que Jean-Louis Fousseret

Un peu partout en France, des socialistes se sont affranchis de l’accord national PS-EELV réservant des circonscriptions aux écologistes. Tout le contraire de la voie légitimiste empruntée par le maire de Besançon qui ne s’est finalement pas présenté sur la deuxième circonscription du Doubs face à Eric Alauzet.

Si le président de la République a fait entrer dans le gouvernement deux responsables de Europe Ecologie/Les Verts (la numéro un Cécile Duflot à l'Egalité des territoires et au Logement et l'eurodéputé Pascal Canfin, ministre délégué au Développement), sur le terrain les hostilités sont ouvertes entre les deux alliés dans une douzaine au moins de circonscriptions.

C'est ce qui ressort d'un premier examen des candidatures déposées dans le délai légal qui a expiré vendredi dernier.

Début avril, le PS ne recensait que huit circonscriptions où l'accord prévu ne s'appliquait pas, et Pierre Moscovici, alors directeur de campagne de François Hollande promettait que l'accord signé à la mi-novembre entre les deux partis serait "respecté".

L'entente réservait une soixantaine de circonscriptions aux écologistes, dont une vingtaine gagnables en cas de victoire de la gauche. Il s'agissait de favoriser l'émergence d'une force politique alliée au PS mais capable d'avoir son propre groupe parlementaire, en raison d'un mode de scrutin qui broie les formations politiques de second rang.

Très vite pourtant, des barons locaux du PS ont mis leur veto à la mise en oeuvre sur leurs terres de ce gentleman agreement. A commencer par le maire de Lyon Gérard Collomb, qui soutient officiellement son adjoint du PRG Thierry Braillard face à Philippe Meirieu, chef de file des écologistes à la Région Rhône-Alpes. Ou Arnaud Montebourg qui, avec sa fédération de Saône-et-Loire, a apporté son soutien à une socialiste exclue depuis par le PS face à l'écologiste désignée par les deux formations. Autant de "petits marquis locaux", tacle le parti écologiste.

Dès l'automne il est vrai, François Hollande s'était démarqué de cet accord, non sur son volet électoral, mais concernant son contenu programmatique, notamment sur le nucléaire, affaiblissant de facto sa portée.

Surtout, le faible score d'Eva Joly à la présidentielle (2,3%) a encouragé, comme le craignaient publiquement de nombreux responsables écologistes, des candidats socialistes en puissance à entrer dans l'arène.

"Ca ne peut pas être le résultat de l'élection présidentielle qui détermine tous les rapports de force", avait fait valoir le porte-parole du PS Benoît Hamon, entré mercredi au gouvernement.

Peine perdue, bien que les sanctions - l'exclusion du parti - aient déjà commencé à tomber sur les dissidents et que les circonscriptions où ils se présentent sont parfois difficilement gagnables par la gauche.

En Bretagne, sur les quatre circonscriptions réservées EELV, on compte trois candidats PS ou proches de lui, dont la maire de Guingamp Annie Le Houerou. Proportion presque égale de dissidents dans les Pays de la Loire (3, sur 5 circonscriptions réservées).

En Normandie, on retrouve des cas identiques dans l'Orne et le Calvados et, en région Centre, dans la 2e circonscription d'Indre-et-Loire, tenue par l'UMP. Même chose dans la 3ème circonscription de Haute-Garonne. Presque à chaque fois, il s'agit de notables (maire, conseiller général, ancien député...).

Dans les Bouches-du-Rhône, le climat est aigre entre socialistes et écologistes, et a même tourné une fois à la bagarre entre leurs colleurs d'affiches.

Le PS doit aussi affronter d'autres dissidences, sans rapport avec EELV. C'est le cas de René Dosière, député sortant apparenté PS, dans l'Aisne et de Jean-Pierre Kucheida dans le Pas-de-Calais, et dans les 9e et 10e circonscriptions de Haute-Garonne.

 (source : AFP)

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