Affaire Daval : une séance de dédicaces annulée, une “atteinte à la liberté d’expression”

Le bâtonnier de Besançon a dénoncé vendredi 19 novembre 2021 « une atteinte à la liberté d’expression » après l’annulation d’une séance de dédicaces du livre de l’avocat du meurtrier d’Alexia Daval, Me Randall Schwerdorffer.

Randall Schwerdorffer © D Poirier

La séance de dédicaces devait avoir lieu vendredi à Besançon, à la veille d'une manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles. Elle a été annulée par la librairie et l'éditeur de l'avocat, Hugo Doc, après la publication d'un communiqué de l'association Osez le féminisme du Doubs qui reproche à l'auteur "l'écoeurante instrumentalisation" du meurtre d'Alexia Daval, et accuse la librairie de "complicité".

"Expliquer un crime ne veut pas dire l'excuser"

Me Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, avait livré son récit et son analyse de l'affaire dans un ouvrage co-écrit avec le journaliste Frédéric Gilbert, et paru en octobre.  "Cet ouvrage a pour objet d'expliquer les circonstances d'un passage à l'acte abominable au sein d'un couple devenu toxique. En aucun cas de le justifier", a soutenu l'éditeur dans un communiqué. "La défense des violences faites aux femmes est une cause juste, noble et indispensable, mais il ne faut pas qu'au prétexte de cette cause on entrave la liberté d'expression", a estimé le bâtonnier de Besançon, Mikaël Le Denmat, défendant le "droit de s'exprimer" de son confrère.

"Faire pression sur un libraire pour empêcher une séance de dédicaces constitue une atteinte à la liberté d'expression, qui est un droit fondamental", a tancé le bâtonnier. Me Schwerdorffer a regretté d'être "privé de débat avec les lecteurs", estimant qu'"expliquer un crime ne veut pas dire l'excuser".

Rappel

Le corps en partie calciné d'Alexia Daval, 29 ans, avait été retrouvé en octobre 2017 dans un bois près de son domicile de Gray-la-Ville (Haute-Saône), après que son mari Jonathann eut signalé sa disparition. Après avoir montré le visage d'un veuf éploré pendant trois mois, l'informaticien avait été confondu par les gendarmes. Il avait finalement reconnu le meurtre de sa femme et a été condamné à 25 ans de réclusion en novembre 2020.

Les parents d'Alexia ont eux aussi publié leur témoignage dans un livre ("Alexia, notre fille", aux éditions Robert Laffont).

(AFP)

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