Narumi : une seconde demande d’extradition de Nicolas Zepeda formalisé au Chili à l’automne

Près d’une semaine après avoir assisté au Chili à l’interrogatoire du principal suspect dans le meurtre de l’étudiante japonaise en décembre 2016 sur le campus de Besançon, le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux a annoncé ce jeudi 25 avril 2019 qu’une deuxième demande d’extradition serait formulée, et qu’un procès aura lieu à Besançon probablement en 2020.

© Étienne Manteaux, procureur de Besançon ©Damien Poirier

Une délégation de policiers et magistrats menée par le procureur de la République de Besançon s'est rendue à Santiago du Chili en début de semaine dernière pour assister le mercredi 17 avril 2019 à l'interrogatoire de Nicolas Zepada-Contreras, suspect n°1 dans la disparition de l'étudiante japonaise Narumi Kurozaki.

Plus de deux ans après la disparition de Narumi - dont le corps n'a jamais été retrouvé - Étienne Manteaux était accompagné de l’un des magistrats instructeurs co-saisis dans cette affaire, Céline Bozzoni, du directeur d’enquête et d’un enquêteur de l’antenne de la police judiciaire de Besançon.

Une affaire internationale

La conférence de presse, tenue par le procureur de Besançon, débute à 15h. Plusieurs médias japonais sont présents, l'affaire ayant fait énormément de bruit au pays natal de Narumi.

Un accueil "extrêmement positif" des autorités chiliennes

Selon Etienne Manteaux, "les autorités chiliennes ont répondu très promptement en avril suite à la commission rogatoire internationale émise en janvier 2019" avec une "forte volonté de coopérer" avec les autorités françaises.

Cependant, le Chili n'aura pas lancé d'enquête judiciaire autonome, jugeant "manquer d'éléments à charge, les éléments d'investigations principaux étant réalisés sur le territoire français.".

95 questions face à un "droit au silence"

Interrogé au Chili durant un peu plus d'une heure la semaine dernière, 95 questions précises ont été posées à Nicolas Zepeda-Contreras,  préparées durant les deux ans d'investigation (en fonction des données gps de sa voiture de location, des proches de la jeune femme, de sa carte bancaire...). Questions auxquelles le suspect a répondu en boucle qu'il faisait valoir son droit au silence.

Un suspect ébranlé

Mais le procureur garde espoir : "le suspect est reparti beaucoup moins sûr de lui à l'issu de ces 95 questions que lorsqu'il est arrivé. Il était manifestement ébranlé par sa connaissance de toutes les preuves accumulées au cours de l'enquête."

"Nous disposons de très nombreux éléments factuels, objectifs et sérieux à charge contre Nicolas Zepeda-Contreras, même si nous n’avons jamais retrouvé le corps de Narumi Kurosaki" continue Etienne Manteaux, avant d'ajouter : "bien qu'il garde le silence, au travers de sa déclaration spontanée et des déclarations à son cousin, nous savons qu'il a menti."

Pour le procureur, le suspect serait resté près de 24h dans la chambre de l'étudiante et se serait rendu chez ce cousin en Espagne, avant de regagner le Chili quelques jours plus tard. Etienne Manteaux estime "probable" que des éléments du corps de Narumi soient retrouvés "d'ici six mois, un an, deux ans."

Un procès en 2020 ?

Une nouvelle commission rogatoire a été demandée. En automne, une deuxième demande d'extradition par la France sera faite aux autorités judiciaires chiliennes ; le procureur de Besançon préfère "ne pas se prononcer sur les chances qu'elle aboutisse."

Mais "extradition ou non", Etienne Manteaux l'assure : "il y aura un procès à Besançon". Selon lui, "le parquet estime qu'il y a assez d'éléments à charge pour poursuivre le suspect aux assises." Le procès devrait "possiblement" se dérouler en 2020.

La famille de Narumi en grande détresse

D'après l'avocate de Narumi, la famille de la victime est en "très grande détresse psychologique", ayant la sensation que "tout espoir de retrouver Narumi est révolu." Le père de la japonaise aurait eu un "sentiment de colère de frustration" en apprenant que Zepeda n'avait voulu répondre à aucune question.

Rappel des faits

Narumi Kurosaki, une étudiante japonaise de 21 ans qui résidait dans la cité universitaire du campus de la Bouloie de Besançon, a disparu dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016. En dépit d’importantes recherches, son corps n’a jamais été retrouvé.

Les enquêteurs soupçonnent le Chilien Nicolas Zepeda Contreras, dont la jeune femme s’était séparée quelques mois auparavant, d’être l’auteur du crime. La jeune étudiante avait été vue dans un restaurant avec le suspect à Ornans quelques heures avant sa disparition. Le soir même, des étudiants de la résidence universitaire avaient entendu  "des cris d’angoisse, de peur et un bruit sourd", avait indiqué en novembre M. Manteaux. Aucune trace de sang n’a été retrouvée dans la chambre et une mort "par étouffement" est envisagée, avait-il ajouté.

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