Immortels – Benoit Huot

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Innocence et douceur vulnérable de la biche, sauvagerie et puissance farouche du sanglier, grâce aérienne de l’oie sauvage, présence fugace de l’écureuil roux ou rapacité patibulaire du crocodile… échappés des profondeurs des bois ou des marécages, autant de témoignages d’une vie animale menacée de disparition réinvestie dans les créations subtilement humanisées de Benoît Huot.
Le musée Baron Martin présente pour deux mois et demi une large sélection des souveraines et énigmatiques silhouettes animalières ou anthropomorphes de l’artiste contemporain Benoît Huot dont les créations rejouent les règles du conte de fée, de la mythologie ou de la fable pour s’en affranchir aussitôt.
Ces apparitions magiques, féeriques, fantomatiques et éminemment romanesques, candides ou ardentes, tout à la fois immémoriales et modernes, se fortifient mutuellement. À ces animaux-âmes font écho des moribonds ou des totems réenchantés composés comme de modernes vanités. Les signes de la mort – crânes, squelettes, momie, ossements, paquets funéraires… – sortent de l’obscurité où les confisquent les sociétés occidentales et viennent dans une polyphonie complexe interroger la vie, la capter et se réconcilier avec elle.
Peintre de formation, installé à Gray au cœur de la Franche-Comté, Benoît Huot a développé une manière spécifique de dire la vie et l’art et de les comprendre dans une œuvre toute personnelle, proposition de restitution de l’autre et de métissage des règnes, des matières, des techniques et des cultures qui fait sens avec le divaguement des identités que nous vivons aujourd’hui, entre déracinement, acculturation, réchauffement climatique et banalisation de l’ailleurs. Parmi les pièces exceptionnelles : une momie aux fleurs sur fond rouge, un sanglier moderne saint Sébastien percé de flèches ou un chevreuil gentilhomme présentant les parfaits usages du monde. Une étrange pavane pour des défunts plein de vie et de verve, à voir absolument !

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