“Roman Signer, Tombé du ciel” : une nouvelle exposition au Frac Franche-Comté

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Né en Suisse en 1938, sur un continent européen en proie aux fureurs d’une guerre qui l’a profondément marqué, l’artiste est mondialement connu pour ses actions au cours desquelles il utilise des explosifs, mais aussi des phénomènes naturels comme la force du vent ou de l’eau, pour réaliser des « micro-spectacles ou non-événements » : des instants furtifs néanmoins magiques de déflagrations, de chutes ou d’envols qu’il s’attache à saisir par la photographie ou la vidéo et auxquels il donne un prolongement sous forme de sculptures et d’installations. L’ensemble participe d’une œuvre que l’artiste qualifie de « sculpture du temps ».

La mise en oeuvre du mouvement

Autour de quelques œuvres antérieures à 2020, notamment Klavier (2010) entrée récemment dans les collections du Frac ou des vidéos d’actions qui retracent le parcours de l’artiste, l’exposition Tombé du ciel rassemble de nombreuses œuvres inédites qui relèvent d’un processus aboutissant à la transformation de matériaux pauvres et de la collision d’objets du quotidien (bidons, parapluies, tables, kayaks, chapeaux, véhicules...) : des propositions qui font dériver la sculpture vers le champ de l’expérimentation et de ses corollaires – l’aléatoire, l’accident, le danger, la catastrophe... Les œuvres qui composent ainsi l’exposition suggèrent ou mettent en œuvre le mouvement. Elles évoquent les prémisses, l’attente et les résultantes d’un processus dynamique qui semble parfois défier les lois de la physique. Quelque chose est arrivé, arrive ou va survenir au cœur de ces œuvres s’inscrivant dans des narrations improbables et absurdes. L’exposition rend ainsi hommage à un artiste qui a renouvelé la tradition de la performance et n’a eu de cesse depuis le début des années 1970 d’interroger la sculpture à l’aune du temps.

Biographie

Roman Signer est né en 1938 à Appenzell en Suisse. Il vit et travaille à Saint-Gall, Suisse. Depuis le milieu des années 70, les œuvres de Roman Signer activent et réactivent des paradoxes. Les micro-spectacles ou non évènements qui résultent de chacune de ses œuvres questionnent l’économie du spectacle, l’idée du rendement, l’obsession de l’efficacité et notre enracinement profond dans le fonctionnalisme. Principalement connu pour ses « Actions » et régulièrement étiqueté comme artiste pyrotechnicien ou « artiste de l’explosion », Signer refuse cependant de se laisser circonscrire par l’abondante littérature et les commentaires gravitant autour de son œuvre. Le format même qu’il a inventé englobe indifféremment la performance, la sculpture, le dessin, l’installation, la photographie et la vidéo. Il s’agit de révéler voire de suspendre le processus de création afin de structurer le temps, d’attirer le regard sur l’à peine visible. Signer s’évertue ainsi à reproduire ce moment magique, devenu quasi rituel dans son travail : celui ou la furtive transformation de la forme et de la matière est rendue possible. Il combine la simplicité des gestes ou des objets à la complexité de dispositifs techniques et de phénomènes physiques qu’il déclenche sans pour autant vouloir les contrôler. Exerçant une présence physique ou auratique, Signer se retrouve tour à tour déclencheur placé hors-champ, cascadeur ou figure sisyphéenne de son propre univers.

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