Aménagements cyclables : “il n’y a aucune cohérence, aucune liaison entre eux” (Association Vélo Besançon)

En prévision des municipales de 2020 et dans le cadre de la semaine internationale pour le climat, l’association Vélo Besançon a souhaité exposer son « plan vélo » ce mois de septembre 2019.

© Hélène Loget

Nouveaux tracés, sécurisation des aménagements, de meilleures liaisons… Autant de points sont abordés par l'association…

maCommune.info : Vous évoquez une carte du réseau cyclable que vous aimeriez soumettre aux candidats pour les municipales 2020. Quelles sont les nouveautés, le nouveau tracé que vous proposez ?

AVB : "Les 15 itinéraires cyclables présentés constituent le réseau cyclable à développer en priorité. Ils sont à créer de façon concomitante, car c’est leur interconnexion qui en assure la fonctionnalité. Ce réseau est pensé pour desservir l’ensemble de la ville sans avoir à quitter un aménagement cyclable bien fait et sécurisant, sans pour autant avoir à aménager chaque rue. Ici, une attention particulière est portée à la desserte des différentes gares et parkings relais pour permettre l’intermodalité. Le plan du réseau vélo est aussi pensé comme un instrument de communication et un outil d’orientation. La présence d’un tel plan aux intersections du réseau, idéalement accompagné d’une indication des temps de parcours indicatifs, constituerait une aide précieuse pour les usagers, notamment les nouveaux cyclistes et les touristes.

Le code couleur, inspiré des réseaux de transport en commun, pourrait être repris dans les aménagements, notamment par des marquages au sol et les panneaux de jalonnement. Une mise en couleur de ces itinéraires cyclables par un enrobé teinté dans la masse, ou une ligne continue avec un choix de couleur concordant entre les différents aménagements, peut être un apport intéressant en terme de lisibilité et de sentiment de sécurité. L’usage de la couleur ne doit cependant en aucun cas se substituer à la cohérence ou à la sécurité des aménagements, celle-ci repose sur quatre grands principes : séparation, continuité, lisibilité et co-visibilité".

mC : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les cyclistes à Besançon ?

AVB : "Nous voyons deux points positifs : même s'il en manque, la ville est presque intégralement équipée de "tourne à droite" ces petits panneaux qui autorisent les cyclistes à tourner à droite (ou aller tout droit) aux feux rouge à condition de céder le passage. Et puis le stationnement. Il est encore très insuffisant, mais la ville avance sur ce point et en ajoute progressivement.

Pour le reste, il existe des aménagements cyclables, mais il n'y a aucune cohérence, aucune liaison entre eux. Un non-cycliste à l'impression que la ville est aménagée, mais en réalité, de nombreux grands axes ne sont pas aménagés, quand il y en a le cycliste est promené d'une bande cyclable à une voie verte (trottoir partagé entre piétons et cyclistes), puis doit changer de trottoirs puis terminer dans un abri bus 100m plus loin. C'est par exemple le cas du nouvel itinéraire gare-Bouloie. L'agglo nous a pourtant consulté, nous lui avons fait part de nos remarques à deux reprises pendant la phase études, mais rien n'a été modifié. Sur cet itinéraire il suffit d'aller sur les ronds-points de la Gibelotte et d'observer les cyclistes pour comprendre le problème. Les cyclistes ne sachant pas où aller improvisent comme ils peuvent. Les automobilistes ne comprenant pas non plus et mettent en danger les cyclistes. À d'autres endroits la bande cyclable termine dans un trottoir (avenue Clémenceau), dans de nombreuses rues la bande cyclable disparait lorsque la place devient insuffisante, puis réapparaît ensuite. Les voitures qui n'ont pas pu anticiper se rapprochent dangereusement des cyclistes qui sont alors coincés entre le trottoir et les autos".

mC : Où et quels aménagements sont nécessaires pour une bonne pratique du vélo à Besançon ?

AVB : "Tous ces points sont longuement détaillés dans le programme vélo et sont difficiles à résumer en quelques lignes. Mais si on tente l'exercice: Le premier point est d'avoir des itinéraires continus, cohérents, et parfaitement sécurisés. Il faut que des parents avec enfants puissent parcourir ces itinéraires sans craindre l'accident. Tant que ces points ne seront pas respectés, l'utilisation du vélo restera marginale et réservée à des militants.

Ensuite, il faut du stationnement. Devant les commerces, mais aussi pour les bâtiments anciens qui n'en sont pas équipés dans les parties privatives. C'est comme pour la voiture, si l'utilisateur ne peut pas garer son vélo chez lui, ou ne peut pas le garer lorsqu'il se rend dans un commerce, alors il n'utilisera pas son vélo.Ce qui semble évident pour la voiture, n'est pas respecté pour le vélo. Si on veut inverser la tendance et réduire l'utilisation de la voiture au profit du vélo, il est indispensable de travailler ce point.

Il existe une obligation de construire des abris vélos dans les nouveaux immeubles, cependant dans certains cas il est utilisé comme simple rangement et même dans certains cas, une fois le permis de construire accepter le local vélo est transformé pour un autre usage".

mC : Quel est le but de votre "plan vélo 2020" ? Quel(le) candidat(e) est susceptible de le représenter au mieux selon vous ?

AVB : "Le but du plan vélo 2020 est de le présenter à tous les candidats afin qu'ils s'en emparent et l'intègrent dans leur propre programme. Les élus et candidats méconnaissent souvent le sujet. Le but est de fournir un outil d'aide à la décision extrêmement complet et détaillé.

À travers vos questions nous n'avons pas parlé budget, mais ce point est primordial. Si le budget alloué au développement vélo reste identique au budget actuel alors rien ne changera, rien ne peut changer. L'AVB s'est basée sur différentes sources, et en particulier sur le budget vélo de villes en transition comme Grenoble ou bien des villes modèles comme Utrecht au Pays bas. En considérant ces modèles et en rapportant leur budget vélo à la taille de Besançon, il faut que les candidats bisontins prévoient des sommes comprises entre 6 et 22 millions d'euros d'investissement par an. Ces sommes peuvent paraître élevées à certains, mais elles sont faibles si on les compare aux investissements réalisés pour les autres modes de transport et le coût d'entretien est ensuite bien inférieur. Et puis surtout les bienfaits pour la ville et sa population sont bien supérieurs: réduction de la pollution atmosphérique et de ses conséquences sur la santé, meilleure santé des cyclistes, réduction des émissions de gaz à effet de serre, réduction de la pollution sonore, gain de place grâce à la réduction du nombre de voitures...

L'AVB ne souhaite pas se prononcer sur un candidat susceptible de représenter le programme au mieux. Ce qui est certain, c'est que l'urgence climatique et environnementale impose à tous les citoyens et tous les candidats de s'emparer de cette thématique. La ville de Besançon a pris un retard gigantesque qui va nécessiter des investissements importants pour la prochaine municipalité. Nous nous prononcerons éventuellement avant les élections en fonction des programmes officiels des candidats".

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