Après 30 ans de carrière, un accordéoniste privé de revenus après une opération de l’épaule à Besançon

Cette histoire n'est pas sans nous rappeller celle de Stéphane Métin, contrebassiste et intermittent du spectacle bisontin décédé suite à un cancer en août 2022. Christophe, accordéoniste professionnel, est en arrêt maladie depuis janvier 2022 suite à une opération à l’épaule. Jusqu’à ce jour mardi 20 décembre 2022, il ne perçoit plus aucun revenu ni aucune protection sociale. La faille juridique existe encore...

Christophe et Aline Chassagne © BW

Cet accordéoniste connu dans le paysage bisontin s’est arrêté de travailler en janvier dernier sous les ordres de ses médecins suite à un problème à l’épaule pour lequel il doit se faire opérer. Suite à une première intervention, il n’a pas pu pratiquer son métier pendant plusieurs mois. À sa grande surprise, alors qu’il fait ce métier depuis plus de 30 ans en cotisant chaque année à raison de centaines de concerts par an, sans osé prendre un seul arrêt maladie de sa vie, la CPAM lui refuse l’indemnisation de son arrêt actuel. Il n’a finalement droit à rien. Il finit par vendre son accordéon qui était ce qu’il avait de plus cher pour survivre pendant 8 mois.

Son histoire ne s’arrête pas là : son arrêt maladie n’ayant pas été indemnisé par la CPAM, pôle emploi n’a pas reconnu cette période. S’ajoute à cela la perte des droits à l’intermittence du spectacle de Christophe puisqu’il n’a pas eu assez de contrats dans l’année, alors qu’il les maintient depuis plus de 30 ans.

"On continue le combat de Stéphane Métin"

Tout comme pour Stéphane Métin, Aline Chassage, adjointe à la maire de Besançon en charge de la Culture, accompagne Christophe en écrivant au président de la commission Culture à l’Assemblée nationale, à deux députés du Doubs dont Éric Alauzet, Laurent Croizier et le député des Bouche-du-Rhône Pierre Dharréville qui est aussi vice-président de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale.

"On alerte parce que Christophe est discriminé à plusieurs titres : il n’a pas de reconnaissance de ses droits maladie alors que ça devrait être une reconnaissance pour tous les travailleurs, il y a des choses dans le Code du travail qui le précisent, et en plus il craint le non renouvellement de son statut d’intermittent", déplore Aline Chassagne qui ajoute : "c’est injuste !"

De plus, pour l’adjointe, une question se pose : celle des maladies professionnelles des intermittents qui arrivent à 50 ou 60 ans. "Il va falloir que les parlementaires et les ministères empoignent ce sujet, parce qu’au-delà de la période Covid et des difficultés de cachets, ça va être une situation qui va se répéter". Et de conclure : "on continue le combat mené par Stéphane Métin".

"La CPAM commet une faute grave en abandonnant ainsi un musicien"

Selon le collectif Les Matermittentes, qui avait également accompagné Stéphane Métin et qui lutte pour la défense des droits à la protection sociale des intermittents et des précaires en situation de maladie et de maternité, "la Sécurité sociale n’applique pas correctement la loi. Un article du code de la sécurité sociale prévoit en effet un maintien des droits acquis en cas de reprise d’activité insuffisante." Et d’ajouter : "la CPAM commet donc une faute grave en abandonnant ainsi un musicien à une réelle détresse sociale et financière du fait d’une mauvaise application de la loi."

Le litige dure depuis quatre mois et se terminera prochainement au tribunal, "mais Christophe va encore perdre 2 ans, il y aura encore de l’attente", souligne Aline Chassagne qui garde espoir pour que ce type de situation soit pris en compte à l’Assemblée nationale.

Christophe doit encore subir une deuxième intervention prochainement. 

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