Besançon rend hommage aux harkis

L’hommage a été rendu samedi 25 septembre 2021 au parc des Glacis à Besançon dans le cadre de la journée nationale d’hommage aux harkis et autres membre des formations supplétives. 

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Les Harkis, musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française durant la guerre d'Algérie (1954-1962) pour lutter contre le FLN, tiraient leur nom du mot "harka", qui signifie "mouvement" en arabe.

Mais au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962, consacrant la défaite française en Algérie, le gouvernement français refuse leur rapatriement massif. Seuls quelque 42.000 Harkis - accompagnés parfois de leurs femmes et enfants - sont évacués en France par l'armée et transitent par des camps aux conditions de vie souvent indignes. Quelque 40.000 autres y parviennent par des filières semi-clandestines ou clandestines.

A Besançon, un hommage a été rendu en présence de Djilalli Sahlaoui, président de l'association Francs-Comtois rapatriés toutes générations.

"Lundi dernier, nous avons eu les annonces du président de la République. C’est ce que nous attendions.C’est une grande avancée par rapport aux souffrances, au déni de ce qu’il s’est passé pour l’histoire des Harkis. Quand on voit un pays qui reconnaît ses fautes, cela provoque de l’émotion. Il fallait le faire. Quand on est très mal accueillis comme les familles de rapatriés harkis qui ont été dans les prisons, pour éviter une intégration dans la normalité. Comment un Etat Républicain peut-il abandonner les siens, ses soldats, ses citoyens ?"

Une plainte pour "crimes contre l'humanité" déposée par huit Harkis en août 2001 n'a pas abouti

Au total, entre 80.000 et 90.000 personnes arrivent en France selon certaines estimations, pour la majorité entre 1962 et 1965.

Les autres, désarmés, sont livrés à leur sort en Algérie. Considérés comme des traîtres par le nouveau régime, ils sont victimes avec leurs familles de sanglantes représailles. Pierre Messmer, à l'époque ministre des Armées du général de Gaulle, déclarera en 2003 que "la position de la France était la seule possible", "inévitable et légitime".

Une plainte pour "crimes contre l'humanité" déposée par huit Harkis en août 2001 à Paris, qui faisait état de 150.000 victimes, n'a pas abouti.

Depuis 1974, plusieurs enfants de Harkis ont mené des grèves de la faim et marches de protestation pour obtenir la reconnaissance de leur drame et une amélioration de leur sort.

Leurs parents ont connu une intégration difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés. En 2000, le président algérien Abdelaziz Bouteflika les avait qualifiés de "collaborateurs" et, tout en critiquant leurs conditions de logement en France, avait exclu leur retour en Algérie, qui selon lui n'était "pas leur pays".

En août 2001, la France a instauré la première journée d'hommage national aux Harkis, fixée au 25 septembre. Ce jour-là, le président Jacques Chirac déclarait que "les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l'empreinte de la barbarie. Ils doivent être reconnus".

Le 23 février 2005, une loi prévoit une allocation de reconnaissance pour "les Harkis, leurs orphelins et les rapatriés d'origine européenne".

Le président François Hollande a solennellement reconnu le 25 septembre 2016 les "responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des Harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France".

En 2018, un "plan Harkis" débloque 40 millions d'euros sur quatre ans pour revaloriser notamment les pensions des anciens combattants et aider leurs descendants dans la précarité. Un montant que les représentants harkis jugent alors très insuffisant.

La même année, le Conseil d'Etat condamne pour la première fois l'Etat à indemniser un fils de Harki ayant subi des "séquelles" liées aux conditions de vie "indignes" dans les camps où il a vécu en France.

(mC avec AFP)

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