Chirurgie ambulatoire : de nouvelles expérimentations en Bourgogne Franche-Comté

En Bourgogne Franche-Comté, 49 % des interventions sont pratiquées en chirurgie ambulatoire. Si la région est en retard par rapport à la moyenne nationale (51,9%), elle expérimente de nouvelles techniques comme au pôle mère-enfant de l’hôpital Nord Franche-Comté ou à la clinique Saint-Vincent de Besançon.

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"Opéré le matin, à la maison le soir". C'est le principe de la chirurgie ambulatoire. Mais une hospitalisation de moins de 12 heures nécessite toutefois une nouvelle organisation des soins post et préopératoires afin de garantir la sécurité des patients. "Il y a les classiques de la chirurgie ambulatoire comme la cataracte. Mais aujourd'hui, les progrès réalisés et l'évolution des techniques, la réorganisation interne dans les établissements en lien avec les structures de villes (médecins généralistes) permettent des sorties précoces sur des chirurgies plus invasives" explique Olivier Obrecht, vice-président de l'ARS Bourgogne Franche-Comté (agence régionale de santé). "Le taux des actes en ambulatoire ont explosé en deux ans avec dans la région près d'un acte sur deux. Mais tout dépend également de la volonté des acteurs de santé…"

En 2020, l'objectif est d'atteindre 60 % de chirurgie ambulatoire en France

L'ARS ne le cache pas. La réduction des coûts sur les établissements de santé et sur l'assurance maladie est un enjeu pour "la viabilité d'un système de santé performant". Benoit Bielher, responsable du secteur de régulation à la CPAM (caisse primaire d'assurance maladie) du Doubs dit partager l'objectif d'intensifier les actions en faveur de la chirurgie ambulatoire. "Au cours du premier semestre 2016, huit établissements de santé -  dont six en Bourgogne -  ont passé avec nous une mise sous accord préalable" explique-t-il.  "En clair, il s'agit de soumettre à un accord de l'assurance maladie - pour une durée de six mois - la réalisation en hospitalisation complète de certains gestes opératoires courants et non urgents. Cette procédure permet de sensibiliser les équipes médicales sur les possibilités de réaliser certaines opérations en ambulatoire."

Autre levier de l'assurance maladie : le programme PRADO ((programme d'accompagnement du retour à domicile). Ce dernier facilite l'organisation de la sortie d'hospitalisation avec un service de prise de rendez-vous anticipée avec les professionnels de santé et le déclenchement d'aides à domicile comme le portage des repas, etc. En parallèle, les médecins généralistes de Franche-Comté ont été sensibilisés par la visite de délégués de l'assurance maladie pour promouvoir l'ambulatoire et rassurer in finé les patients.

"Les bénéfices sont multiples pour le patient et le système de santé. Il a fallu du temps, mais aujourd'hui l'enchainement est de plus en plus rapide.  On va de plus en plus loin dans l'innovation" explique Hélène Dhuic, médecin de santé publique à l'ARS Bourgogne Franche-Comté. "On envisage par exemple de mettre des prothèses de hanches en ambulatoire. Cela se fait déjà dans certains établissements en France. On envisage aussi des colectomies partielles (ablation d'un bout du colon). Cela paraît irréaliste, mais cela se pratique déjà..." 

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Chirurgie ambulatoire : retour d'expériences

À la clinique Saint-Vincent de Besançon, 51,1% des séjours répertoriés en chirurgie sont réalisés en ambulatoire. Grâce au concept de chirurgie mini-intrusive, la ligamentoplastie du genou est réalisée à 71 % en ambulatoire (43 % en 2014) un taux qui atteint même 90 % pour un des chirurgiens de la clinique. Cette technique et cette prise en charge centrée sur le patient permettent selon la clinique de favoriser une récupération plus rapide.

À l'hôpital Nord Franche-Comté, le taux de chirurgie ambulatoire est passé de 48,24% en 2015 à 51,75% début 2016. La première prise en charge du cancer du sein en ambulatoire date du 20 mars 2015 après "un travail intense de coordination pour sécuriser le chemin de la patiente". Ce type de chirurgie initialement réservé à la chirurgie mammaire conservatrice s'est étendu en 2016 à la chirurgie dite radicale. "Sur 70 patientes, 62% se déclarent être très satisfaites de cette prise en charge et 77 % d'entre elles ont vu un réel bénéfice de ce type d'hospitalisation" précise le Dr Catherine Gay, chirurgien gynécologue. "Il y a toute une organisation avant et après l'opération : les radios en amont, la prise de rendez-vous anticipée chez le kiné, l'appel du lendemain, etc. C'est une démarche qui demande un travail intense en amont pour sécuriser le chemin clinique de la patiente…"

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