Citadelle : Patrick Porte est le nouveau directeur

Suite au départ de Philippe Mathieu qui a pris la tête de la Société d’économie mixte de Brest, Patrick Porte est arrivé à la direction de la Citadelle le 1er juillet dernier, en plein cœur de la saison touristique. Macommune.info l’a interrogé sur son parcours et ses ambitions.

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Macommune.info : Quel est votre parcours ?

Patrick Porte : "Je suis conservateur général du patrimoine. C’est une première pour ce site qui n’avait accueilli jusqu’à présent que d’anciens directeurs. J’amène ainsi une autre vision et c’est celle-là qu’ont retenu les élus. Archéologue de formation, je me suis intéressé à la valorisation scientifique et patrimoniale dans le Nord Isère durant une vingtaine d’années.

J’y ai notamment implanté le plus grand centre "classe patrimoine", sur le modèle des "classes vertes", dans les années 1980. J’ai développé ces activités en parallèle de mes recherches. Pour les diverses actions de valorisation du patrimoine, le prix européen du développement local par la culture m’a par ailleurs été remis en 1994. Puis, en 2001, j’ai rejoint le musée national du sport à Paris jusqu’en 2008. Par la suite, j’ai eu en charge le projet de recréation du musée d’histoire et d’archéologie du Grand Ouest de Nantes qui a finalement du être abandonné temporairement pour des questions urbanistiques.

En ma qualité de professeur associé du développement touristique et culturel à l’Université de Lyon, je regardais aussi régulièrement ce qui se passait sur Besançon. La Citadelle est un cas d’école intéressant et je voulais quitter Nantes. J’ai donc décidé de postuler."

Quels sont vos projets pour la Citadelle ?

"Ce site accueille 280 000 visiteurs en moyenne à l’année, dont la moitié sur les seuls mois d’été. L’un de mes objectifs sera d’abord de permettre à la fréquentation de s’étaler sur six mois et non plus deux. L’idée étant de répondre aux besoins des visiteurs tout au long de l’année. Je souhaiterais mettre en avant le fait qu’il ne s’agit pas que d’un site touristique. Cela doit aussi être un site culturel. D’autant que la Citadelle possède un riche patrimoine culturel, malheureusement méconnu car on a trop souvent axé sur le côté touristique jusqu’à présent.

J’ai appris, par exemple, que la plus importante collection sur la Côte d’Ivoire se trouvait à Besançon ; suite à l’impossibilité pour le musée national d’Abidjan de conserver son fond. Hormis une exposition temporaire organisée de temps à autre, on n’en sait pas grand-chose. La collection regroupée au musée de la résistance et de la déportation est également reconnue internationalement.

Ce sont des sujets potentiels sur lesquels il faudra réfléchir. Nous travaillons aussi sur un projet de spectacle innovant et immersif. Il devrait être inauguré en avril-mai 2014 au sein de la chapelle. Le public sera invité dans le noir à découvrir et être partie prenante du siège de Besançon. Cela devrait mobiliser plus d’un million d’euros d’investissements.

Je pense personnellement que ce n’est pas par des panneaux explicatifs que l’on marque les visiteurs mais par ce genre d’initiatives qui ont recours aux nouvelles technologies. La création d’un espace pédagogique sur la biodiversité est aussi en réflexion. Il sera également interactif."

La diversité des collections présentées en font justement un site hétéroclite. Vous n’y aviez jamais été confronté avant ?

"C’est ce qui fait l’intérêt du site. On passe des marionnettes, aux animaux en passant par la remémoration de la Shoah, le tout regroupé dans un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Cela ne m’effraie pas vraiment. L’objectif est de se dire : comment intéresser les visiteurs venus voir des lions à également apprécier les expositions de marionnettes ?

Seule la gestion du patrimoine vivant est un peu nouvelle pour moi mais j’ai déjà l’habitude de travailler sur des sujets variés comme les beaux-arts, l’archéologie, l’environnement… La difficulté pour moi maintenant va être de réussir à convaincre les lions de faire un sourire aux visiteurs et de ne pas rester dormir dans un coin !"

La fréquentation du site aurait tendance à diminuer. Quels sont les objectifs futurs ?

"Il n’y a pas d’objectifs spéciaux. Nous sommes très liés sur cette question à la météo. Depuis le début de cette semaine à titre d’exemple, nous avons fait mieux que le prévisionnel. L’idée sera aussi d’être plus indépendant vis-à-vis de ces aléas météorologiques en proposant notamment une programmation culturelle plus importante. Deux grosses expositions autour d’Ousmane Sow et de François Riou sont ouvertes en ce moment. De plus, ce n’est parce qu’on perd des visiteurs, que l’on y perd financièrement. Cette dernière année, les chiffres réalisés en magasin ont notamment été bons et ont permis de rester à l’équilibre."

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