De l’amour, des bancs, et un brin de folie en musique au Frac Franche-Comté

À partir de ce vendredi 9 octobre 2015, l’artiste américain Francis Cape présente son œuvre « Bancs d’utopie-we sit together » au Frac Franche-Comté à Besançon. Juste à côté, dans la salle vidéo, une œuvre de Pauline Boudry et de Renate Lorenz révèle les discours et les aprioris relatifs aux identités sexuelles dans un univers de musique expérimentale et « queer »… Jusqu’au 17 janvier 2016. Enfin, vous verrez à l’entrée du Frac, un joli mot d’amour qui clignote…

©

L'exposition de Francis Cape se compose de reproductions à l'identique de douze bancs issus de sociétés communautaires européennes. Ces objets font partie d'un projet plus vaste entrepris par l'artiste depuis 2011 sous le titre générique de "Utopian Benches" avec des bancs ayant été ou étant encore utilisés par des communautés implantées aux États-Unis. Pour Francis Cape, les bancs "opposent l'individualisme au communautarisme, et prônent des valeurs différentes du matérialisme individualiste dominant. Les bancs sont des sièges que l'on partage ; ils sont sans hiérarchie, tout le monde y est assis à la même hauteur".

Cette exposition est le résultat d'une recherche menée durant deux ans avec les étudiants du Master Design Exposition de l'ENSBA de Lyon. 

Des guitares utilisées avec des archées, un homme déguisé en femme au thérémine, une femme déguisée en homme au clavier, une guitariste en combinaison sadomasochiste, la chanteuse de Peaches à la voix… Tels sont les quelques éléments qui participent à l'esthétisme de l'œuvre vidéo de Pauline Boudry et Renate Lorenz exposée au Frac jusqu'au 17 janvier.

Cette œuvre intitulée "To Valery Solanas and Marilyne Monroe in recognition of their Desperation" reprend le titre d'une composition datant de 1971 de Pauline Oliveros, pionnière de la musique électronique méconnue du grand public. Cette composition entendait rendre un double hommage : à Valérie Solanas, auteur du manifeste anarcha-féministe SCUM, tombée dans la folie et la prostitution après avoir tenté d'assassiner Andy Warhol et à Marilyn Monroe dont on connaît mieux la fin tragique.

L'installation de Boudry et Lorenz met en scène un film de la performance de six artistes underground (cinq femmes et un travesti) interprétant la partition d'Oliveros. Boudry et Lorenz s'attachent ici à célébrer, comme dans toutes les œuvres, des figures marginales, défiant la norme, la loi et l'économie.

Céladonie, un mot d'amour

Ce mot est visible de l'extérieur du Frac avec ses ampoules et ses clignotements. Ce panneaux lumineux est installée sur un parcelle du mur de briques à l'entrée du Frac, en bas des escaliers.
Cette oeuvre est le fruit d'une commande émanant de l'association des Amis de Charles Fourier, qui souhaitaient marquer la présence du penseur bisontin dans l'espace public. Le philosophe est l'auteur d'une théorie sociale utopiste originale, notamment connue à travers ses propositions d'organisation en phalanstère, communautés de vie organisées dans une recherche d'harmonie. Partant de la critique de la société de son époque, marquée alors par la révolution industrielle naissante, Charles Fourier oppose en effet un projet social qui s'appuie sur une nouvelle organisation des relations individuelles, basée sur l'exaltation des passions humaines. Amoureux des mots, Charles Fourier a agrémenté ses essais de toute une teminologie riche et inventive.
Parmi celle-ci, l'artiste Swetlana Heger a retenu le terme d'amour céldonique, qui désigne pour l'auteur un amour chaste, une inclinaison pure, à l'image des amour de Céladon pour sa bergère dans le roman l'Astrée, d'Honoré d'Urfé.
L'installation devrait restée pendant trois ans...

Quitter la version mobile