Découvrez la Beauté du Diable… au Frac Franche-Comté à Besançon

QUOI DE NEUF ? • À partir du 16 octobre 2022, le Frac Franche-Comté propose une nouvelle exposition hors du commun intitulée, La Beauté du Diable. À quelques jours de son vernissage, entrez dans l'univers de trois artistes nationaux et internationaux à travers trois focus...

Nicolas Daubanes, Les sœurs Papins, 2021. Exposition La rage, Marseille, Vide?ochroniques, 2021 © Adagp, Paris, 2022. © Jean-Christophe Lett

La Beauté du Diable : nouvelle exposition au Frac Franche-Comté

La Beauté du Diable

Commissaires de l’exposition : Benjamin Bianciotto, docteur en histoire de l’art et Sylvie Zavatta, directrice du Frac.

La Beauté du Diable explore la présence de Satan dans l’art contemporain sous l’angle de sa figuration et de ses métamorphoses. Au-delà des représentations faisant explicitement référence au Diable ou à sa symbolique, l’exposition vise à interroger l’esthétisation du Mal au travers d’œuvres qui opèrent une transmutation du "repoussant" en jouissance esthétique.

Focus sur Les sœurs Papin de Nicolas Daubanes 

Le travail de Nicolas Daubanes questionne le désir d’émancipation et la quête de liberté. C’est à ce titre qu’il s’est intéressé au milieu carcéral ou à la Résistance, à travers de grandes figures telles que Jean Moulin, Fred Scamaroni ou Louise Michel.

Le dessin mural à la limaille de fer que l’artiste a réalisé pour l’exposition représente deux jeunes femmes modestes dont la coiffure et les vêtements renvoient à l’époque révolue des portraits photographiques réalisés en studio. La technique confère au dessin une certaine évanescence, nous montrant deux figures flottantes, au bord de l’évanouissement et de l’oubli. Hommage à deux êtres disparus, memento mori ? Mais l’identité des personnages, révélée par le titre de l’œuvre, suscite rapidement une sorte de trouble. C’est que sous ces fragiles et doux visages se cachent deux criminelles qui ont défrayé la chronique dans les années 30, les sœurs Papin qui, le 2 février 1933 au Mans, assassinèrent sauvagement une mère et sa fille, deux bourgeoises au service desquelles elles officiaient en qualité de bonnes. Ce fait divers connut une postérité singulière. 

Nicolas Daubanes, Les sœurs Papins, 2021. Exposition La rage, Marseille, Vide?ochroniques, 2021 © Adagp, Paris, 2022. © Jean-Christophe Lett

Focus sur Fausts wächter de Nino Laisné

Empreintes d’étrangeté, les œuvres de Nino Laisné se déploient en dialogue avec différents médiums tels que le cinéma et la musique mais aussi avec des éléments historiques et sociologiques, avec l’histoire de l’art, les traditions populaires, le cabaret et l’opéra. 

Pour l’exposition, l’artiste a conçu une nouvelle pièce, Fausts wächter, qu’il décrit en ces termes :

"Dans l’angle d’une salle, une cimaise s’effrite et ouvre une trouée dans l’espace d’exposition. Une large brèche qui laisse apparaître une seconde paroi que l’on suppose être les vestiges d’une architecture plus ancienne. On y distingue le bas d’une fresque dont la facture évoque les fastueux portraits du dix-neuvième. Il s’agit d’un chien noir, assis dans une semi-pénombre. A ses côtés, on peut remarquer les pieds d’un personnage difficilement identifiable. L’animal regarde en direction de celui que l’on imagine être son maître. Dans la gueule de l’animal, une page de manuscrit en feu, signé de la main de Faust. Cet animal que l’on retrouve dans de nombreux tableaux historiques pour le symbole de fidélité et de bienveillance qu’il incarne, se révèle être la première incarnation de Méphistophélès. C’est ce chien noir qui dans l’œuvre de Goethe marche dans les pas de Faust jusqu’à son cabinet d’étude, avant de dévoiler sa véritable identité et lui faire signer le pacte qui causera sa perte.

L’installation Fausts Wächter invite une présence canine dans l’exposition, semblant surgir du passé. Depuis l’obscurité de sa niche, il veille sur les œuvres autant qu’il se tient à l’affut des âmes trop assoiffées de connaissance." 

Nino Laisné, Fausts wächter, 2022. © Nino Laisné

Focus sur Piss Satan d’Andres Serrano

Le travail de l’artiste américain est éminemment pictural. Ses photographies possèdent tous les atours esthétiques de la peinture classique, avec laquelle elles partagent par ailleurs les thématiques universelles de la mort, de la sexualité, du sacré, du corps. À l’instar du célèbre Immersion (Piss Christ), Piss Satan (Immersions) (1988) est la photographie d’une statuette bon marché d’un personnage central de la foi chrétienne plongée dans un mélange d’urine et de sang. La différence majeure se situe dans le fait que Satan remplace ici Jésus Christ, ce qui annihile manifestement toute polémique contestataire – Satan étant considéré sans doute comme davantage à sa place dans ce cas. La séduction évidente de l’image ne doit pas nous faire pour autant oublier la dimension religieuse qu’elle sous-tend. Profondément marqué par la foi catholique, Andres Serrano nous positionne face à une figure du Diable en majesté, et nous questionne sur le flou qui l’entoure : disparaît-il vers d’éternelles abysses, ou est-il sur le point d’affleurer de nouveau à la surface, revenant au premier plan des préoccupations du monde ?

Andres Serrano, Piss Satan (Immersions) 1988. © Andres Serrano, Courtesy de l’artiste et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.
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