Edgar Faure se découvre, côté privé

Belle idée que celle de Rodolphe Oppenheimer-Faure d’avoir décidé de livrer quelques pages de son enfance aux côtés de son illustre grand-père, le brillant homme d’Etat Edgar Faure. On oscille, au fil des pages, entre le récit que ce dernier lui avait fait de certains événements et le souvenir d’autres que le petit-fils avait partagés avec lui en France comme à l’étranger. 

Si les plus jeunes d’entre vous l’ignorent peut-être, leurs aînés savent combien Edgar Faure (1908-1988) a marqué le paysage politique du XXe siècle au niveau national, mais aussi en Franche-Comté. Cet homme, très brillant (il fut élu à l’Académie française en 1978), eut une carrière exceptionnelle puisqu’il fut treize fois ministre (1949-1955, 1958, 1966-1969, 1972-1973), deux fois président du Conseil (1952 et 1955-1956 - équivalent d’un Premier ministre actuel, avec plus de pouvoirs) et président de l’Assemblée nationale (1973-1978). Parachuté en Franche-Comté, ce natif de Béziers fut député du Jura (1946-1958), président du Conseil général du Jura (1949-1967), sénateur du Jura (1959-1966), député du Doubs (1966-1968), conseiller général du Doubs (1967-1979), sénateur du Doubs (1980-1988), président du Conseil régional (1982-1988). Il fut en outre maire de Port-Lesney dans le Jura (1947-1970 et 1983-1988) et de Pontarlier (1971-1978).
 
Très attaché à son petit-fils Rodolphe Oppenheimer, Edgar Faure n’hésitait pas à l’emmener avec lui lors de ses voyages officiels à l’étranger. Enfant curieux, le jeune garçon ne manquait pas une occasion d’interroger son grand-père sur son passé et transcrivait ces récits sur le papier. Sur la base de ses notes et de ses souvenirs, il a sorti en avril 2014 "Edgar Faure. Secrets d’Etat – Secrets de famille". Ecrit à quatre mains (avec l’auteur et conférencier Luc Corlouër), cet ouvrage révèle un Edgar Faure dans son intimité, ainsi que divers épisodes méconnus de sa vie. Un véritable hommage posthume à son grand-père, qui croise des moments de l’histoire du XXe siècle - comme par exemple le procès de Nuremberg en 1945 où Edgar Faure (qui avait été le plus jeune avocat de France de son temps, à 21 ans en 1929) fut substitut du procureur général français de ce Tribunal militaire international – et d’autres moments de sa vie vécus de l’intérieur de la cellule familiale. 
 

En pratique :

Rodolphe Oppenheimer-Faure, Luc Corlouër, "Edgar Faure. Secrets d’Etat – Secrets de famille", Ramsay, avril 2014, 320 pages, 19 euros. 
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