Festival Love 4 all à Besançon : “une ode à la liberté”

A l’occasion du mois des fiertés, le festival Love 4 All se déroulera dans plusieurs lieux culturels de Besançon du 21 mai au 5 juin 2022. On en parle Corentin Germaneau, directeur artistique de l’association Le Cercle, à l’initiative de cet évènement très attendu !

Fleur von Lear © DR

Quel sont les objectifs de cette 4e édition de Love 4 all à Besançon ? Quel est le message que vous portez à travers cet évènement ?

Corentin Germaneau : "Nous avons créé ce festival dans le but de rappeler que chaque individu est libre d’aimer et d’être qui iel veut. Deux verbes qu'on apprend en primaire, aimer & être, mais qu'on dégrade malheureusement en grandissant, avec des comportements malveillants. Love 4 All, c’est une ode à la liberté, un événement transgénérationnel, sans couleur politique. Je tiens à préciser qu’en faisant ce festival, nous prenons des risques, car malheureusement certain.e.s personnes se reveillent le matin en voulant “casser du pd”. Mais la société est de notre côté même s’il y a 40 ans, il aurait été impossible d’organiser ce type d'événement."

Parlons de la programmation...

Corentin Germaneau : "On peut dire que la programmation est inédite ! Nous y travaillons depuis un an, en fonction de nos coups de cœur respectifs. La culture drag queen et ces acteurices sont nos invité.e.s d’honneur : Fleur Von Lear, Le Châtelain, Reine Mayr, collectif Le Consoeurtium tout droit venue de Lyon. Pees, Tarto’cul, Kiwees, Leto, Barbie Boy et Larcin de la House of Détritus, premier collectif drag de Besançon. 

L’ADN de notre programmation artistique est aussi la culture des platines et des podiums, donc nous avons invités le collectif parisien, Les Soeurs Malsaines, qui sont très investi.e.s dans la communauté queer* : Himeji (qui a joué au Grand Rex dernièrement), Luz Del Fuego et Le Saint, pour des dj set qui feront monter la température ! 

Concernant la scène locale, nous avons invité des dj qui tournent dans toute la région Bourgogne Franche-Comté, mais pas que pour certain.e.s : Tony Miler, Lucie Dernière Minute, Halform, Dydoux. Un festival comme celui-ci permet de donner un tremplin aux artistes de la scène émergente : comme le duo Switches, l'union de deux voix, celle de Juliette et Lætitia. S*Witches est en cours de création d’une performance pluridisciplinaire : shibari, chant, danse, théâtre.

Se faisant, des lieux se sont ouverts à nous comme la Rodia ou le légendaire deuxième étage du Privé (pour les plus “Régine” d’entre nous !) 

Love 4 All se déroule aussi sur les planches, il y a un volet spectacle vivant et attention, pour la première fois, les bisontin.e.s rencontreront Lolla Wesh, humoriste et figure de la perturbation du Genre, fière et décomplexée, ambassadrice du « pour vivre heureux vivons montré.e.s » C’est drôle, cash, militant, décapant et c’est ça qu’on aime. 

Depuis le début de la saison culturelle 21-22, nous avons créé une scène ouverte, Les Cabinets, où des récits de vie, des témoignages, des visions sur la société, des critiques, de la parodie, quelques fois de l’humour se rencontrent en toute bienveillance. Tout le monde est invité à prendre la parole, sur un thème donné. Pour Love 4 All, ça sera le coming out. 

On finira les festivités avec un Sweet Sunday, entièrement gratuit, le 5 juin prochain, à la guinguette de la Gare d’Eau. Au programme, du bien-être, avec un cours de yoga (sur inscription) proposé par Charlotte Crammer, professeure, et du tirage de carte par Mélody Pourcelot. En fin de journée, on finira par un dj set." 

Selon vous, cet événement LGBTQIA+ est-il nécessaire pour "inviter à la tolérance" encore aujourd’hui à Besançon ? 

Corentin Germaneau : "Bien sûr, surtout par les temps qui courent. Mais la tolérance ne nécessite pas d’invitation. Est-ce qu’on poserait cette question à un hétéro : vous vous sentez bien à Besançon ? Ça ferait tâche quand même. 

On profite donc de l’exposition qu’offre le mois des fiertés pour sensibiliser davantage l’opinion publique, mais en réalité des actions se font toute l’année grâce aux travaux de toutes les associations concernées. C’est un travail sans relâche même pour une ville aussi friendly que Besançon. Rien n’est jamais acquis pour les minorités, on l’a bien observé pendant les présidentielles et ailleurs dans le monde."

Aujourd’hui, en 2022, à Besançon, pensez-vous que la communauté LGBTQIA+ est """acceptée""" ? Existe-t-il encore des violences, des comportements homophobes, transphobes, etc. ?

Corentin Germaneau : "La communauté LGBTQIA+ n’a pas à être acceptée ou tolérée. Nous sommes là, nous existons, point. Tout le monde cohabite ensemble, ce n’est pas de la bien-pensance juste un basique. Celles et ceux qui remettent en cause ou nient nos existences, sont à mon sens, en dehors de la société. L’homophobie, la transphobie n’a pas de couleurs de peau, de genres, de classes sociales, d’attraits physiques, et pas de portefeuilles. ll faut se dire qu’en 2022, le simple fait de se tenir la main peut bousculer une vie, voire même la retirer. Aimer est prohibé, encadré par des normes et on nous l’apprend dès l’enfance.

Enfin ça c’était avant, car oui il y a belle et bien une évolution positive en France, mais le prix à payer est cher : les actes homophobes, transphobes ont lieu tous les jours, sans forcément que l’on soit au courant. Il y a énormément d’homophobie et transphobie de l'ordre de l’ignorance, sur fond de préjugés, d’amalgames dans la sphère familiale, au travail ou dans l’éducation nationale.

Les personnes LGBTQ+ savent plus que quiconque que cela demande du temps de s’informer, de s’éduquer soi-même pour mieux se découvrir. Ielles savent la difficulté de s’accepter et de l’être par les autres lorsque nous sommes au collège ou au lycée. Surtout avec les réseaux sociaux qui ont fait des dégâts considérables poussant des adolescent.e.s à se donner la mort après des mois de harcèlement.

Paradoxalement, on retrouve sur les plateformes de streaming des représentations positives des LGBT+ dans les séries (Sex Education, Elite, Dix Pour Cent, Heartstopper, etc) qui ont du succès chez les jeunes. L’accès à l’information également, aujourd’hui on peut tout nuancer, fini les raccourcis idéologiques qui nous collent des étiquettes. L’évolution est là : une génération ultra décomplexée, qui en parle ouvertement et une autre, extrêmement traditionnelle, conservatrice qui opère des mouvements de résistances. Des violences, comportements homophobes et transphobes, sans oublier les micro-agressions subtiles mais violentes, il y en a tous les jours, et la presse en fait l’écho. Mais la honte n’est pas de notre côté." 

Quelles sont les grandes avancées récentes sur les droits LGBTQIA+ en France ? 

Corentin Germaneau : "Qu’on le veuille ou non, nous sommes là donc d’une manière générale, les droits des personnes LGBT+ n’enlèvent rien à personne, je tiens à le préciser. Et que si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à toutes les générations qui se sont battues avant nous pour obtenir les droits que nous avons aujourd’hui. Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, il y a eu  l’interdiction des thérapies de conversion (car oui, encore aujourd’hui, certain.e.s envoient leurs enfants se faire “hétérosexualiser”), l’ouverture de la Procréation Médicalement Assistée pour les couples de femmes et les femmes seules uniquement, la fin de l’abstinence sexuelle pour le don du sang…

Ça avance, mais ce n’est pas au centre des préoccupations. Tout ça, on devrait déjà l’avoir depuis longtemps, si ce n’est plus, donc c’est pour ça qu’il faut se rendre visible. La visibilité a avancé : aujourd’hui nous avons de grand.e.s sportif.ve.s qui font leur coming out dans les télés nationales, des récits de vie sont de plus en plus disponibles en documentaire ou en livres. Toutes les informations sont à disposition, justement pour sortir de cette ignorance." 

Quelles sont les attentes de la communauté LGBTQIA+ aujourd’hui de la part des politiques, des populations, des médias, etc. ? Comment lutter contre les LGBTphobies ?

Corentin Germaneau : "Je peux pas répondre pour toute la communauté parce que chacun.e, au final, a ses propres attentes, même si elles se rejoignent sur les notions d’égalité et de justice.

Je répondrais selon mon point de vue de personne non-binaire, chef.fe d’entreprise dans la communication et l’événementiel, mais avant tout citoyen.ne. J'observe à titre personnel et professionnel, qu’il y a une vraie attente de mettre fin à l’hypocrisie en ce qui concerne la communauté. Exemple : en décembre 2020, on a pu voir dans les médias l’affaire de l’eurodéputé hongrois Jozsef Szajer, du parti de Viktor Orban (un parti des plus répressifs d’Europe en matière de droits LGBT+) sortir au grand jour. Il a été retrouvé en pleine partouze (et en plein couvre-feu), dans un appartement à Bruxelles, uniquement entouré d’hommes. Donc entre l’officieux et l’officiel, il y a un grand écart, et cela en dit long sur l’hypocrisie ambiante dans l’évolution des droits et dans l’évolution des actes LGBTphobes : une augmentation de plus de 104% selon le ministère de l’Intérieur sous le premier quinquennat d'Emmanuel Marcron, et encore on ne sait pas tout.

D’ailleurs, en travaillant dans l’immigration, j’ai découvert la condition des exilé.e.s LGBT (personnes qui fuient leur pays parce que l’homosexualité est interdite, passible de la peine de mort), c’est effrayant l’accueil qui leur ai réservé en France : l’administration française demande à ce qu’ielles prouvent leur homosexualité… Cette phrase n’a aucun sens mais pourtant c’est bel et bien la réalité." 

Le programme de Love 4 all

Suivre sur Facebook : www.facebook.com/love4all

Samedi 21 mai 

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Samedi 21 mai : OPENING NIGHT - Privé Club (3 rue Antide Janvier) de 00h à 5h

Performances Drag & Dj set

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Mardi 24 mai : ONE QUEER SHOW - Le Scénacle (6 rue de la Vieille Monnaie) à 20h 

Lolla Wesh « celle qui a tout vu, tout bu » durée 1h10 

Spectacle humoristique mais aussi vivant, touchant, cash, et surtout militant. 

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Mercredi 25 mai : OPEN AIR - La Rodia (4 Avenue Chardonnet) de 19h à 2h

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Mercredi 1er juin : LES CABINETS - Bar Associatif le Pixel (Cité des Arts 18 Avenue Arthur Gaulard) de 20h à 22h

Scène ouverte et gratuite pour vider son sac / Thème : LE COMING OUT

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Vendredi 3 juin : 

BEFORE CLOSING - Bar l’Éphéméride (23 Rue des Boucheries), à partir de 19h

Dj set & bar à paillettes

CLOSING NIGHT - Le Privé (3 rue Antide Janvier) de 00h à 5h

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Dimanche 5 juin : SWEET SUNDAY - La Guinguette (Parc de la Gare d’Eau)

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