Humanitaire tuée au Burundi en 2007: un juge d’instruction bourguignon enquête sur place

Un juge d’instruction de Chalon-sur-Saône s’est rendu au Burundi pour enquêter sur le meurtre en 2007 d’Agnès Dury, une jeune volontaire bourguignonne d’Action contre la faim (ACF), a-t-on appris lundi 2 mars 2015 de sources concordantes.

© Alexane Alfaro

Cette psychologue de 31 ans, originaire de Saône-et-Loire et en mission au Burundi pour le compte d'ACF, avait été tuée le 31 décembre 2007, lorsque la voiture d'ACF à bord de laquelle elle circulait avait été la cible de tirs dans la ville de Ruyigi, dans l'est du pays. Une infirmière nutritionniste avait également été blessée, deux autres occupantes du véhicule étaient sorties indemnes. 

"Le juge d'instruction Aurélien Bailly-Salins se rend aujourd'hui (lundi) sur le terrain pour deux semaines d'enquête. Il est accompagné d'un officier de l'OCRVP, le service de police français chargé de l'enquête depuis le début de la procédure", a précisé l'ONG dans un communiqué. "L'efficacité de l'enquête dépendra cependant de l'effectivité de la coopération des autorités burundaises qui sont sollicitées depuis déjà plusieurs années pour mettre à disposition des armes perquisitionnées et des procédures connexes pouvant éclairer le dossier", ajoute-t-on.

En septembre 2010, deux policiers français s'étaient rendus au Burundi pour procéder à une enquête de terrain, après un premier déplacement infructueux en 2008. Leur rapport d'enquête, mettant en cause un policier burundais, avait
été remis en octobre 2010 à une juge d'instruction de Mâcon, Pascale Sappey-Guesdon, qui avait été dessaisie de l'affaire en octobre 2013 au profit de deux juges d'instruction de Chalon-sur-Saône. En février 2011, un mandat d'arrêt international avait été délivré à l'encontre de ce policier, toujours recherché. 

"J'éspère que cette visite va bousculer un peu l'enquête", a déclaré à l'AFP l'avocat des parties civiles, Me Benoît Chabert. "Le magistrat a décidé de reprendre l'enquête à zéro et de se rendre sur place. Ca n'a pas été simple. J'ai le sentiment que les autorités locales burundaises freinent la manifestation de la vérité. On le sent depuis le début de l'enquête", a-t-il poursuivi.

Fustigeant "la non-volonté de faire de la justice française" pendant plusieurs années et, côté burundais, une "justice fantoche", la soeur d'Agnès Dury, Séverine Dury, est persuadée "qu'au Burundi, on sait qui, pourquoi et comment". "Le juge français n'étant pas impliqué dans les intérêts locaux, des choses peuvent peut-être se dire maintenant", espère la jeune femme.

(Source : AFP)
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