Jean-François Longeot : “De là où on vient, il y a toujours une porte de sortie”

Depuis 2014, Jean-François Longeot est sénateur du Doubs. Auparavant, ce fils de bouchers qui n’aimait pas beaucoup l’école trouve un emploi en tant que comptable… à la mairie d’Ornans ! Une mairie au sein de laquelle il deviendra le maire pendant quatre mandats… C’est notre portrait de la semaine.

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Carte d'identité

Jean-François est né au sein d'une famille d'artisans bouchers à Reims. Moins de deux ans après sa naissance, la famille Longeot déménage à Gray pour ouvrir une boucherie. "J'ai eu une enfance très heureuse car le milieu était très simple, un milieu dans lequel mon père et ma mère prônaient le travail et l'honnêteté financière et intellectuelle", se souvient Jean-François Longeot. Très jeune, il donne un coup de main à ses parents à la boucherie et apprend les valeurs du travail. "C'est ce que je souhaite à beaucoup de jeunes", précise-t-il. 

"Je n'étais pas un bon élève : je me suis toujours placé dans l'avenir" 

À l'école, c'était une autre paire de manche : le jeune Jean-François arrête l'école en classe de 4e."Je n'étais pas un bon élève : je me suis toujours placé dans l'avenir, je me fichais des cours. Je n'étais pas, et je ne le suis toujours pas, quelqu'un à qui on dit de dire ça ou cela, je ne veux pas m'enfermer dans un dogmatisme, un clan", nous explique-t-il. Pourtant, il s'intéresse à une matière : l'économie grâce à son professeur principal qui l'a prit sous son aile. Il décide alors d'obtenir un CAP puis un BEP en comptabilité.

Après ses années de BEP, Jean-François Longeot part à l'armée en Allemagne sur le lac de Constance en décembre 1976 pour être libéré en novembre 1977. Très rapidement, il trouve un emploi de comptable à la mairie de Gray, "c'était basique et simple", décrit-il. 

Les premiers pas à la mairie d'Ornans… 

À la fin des années 80, le chef de service de Jean-François part pour devenir secrétaire à la mairie d'Ornans et lui propose de l'accompagner. Jean-François a alors 25 ans et fait son entrée à la mairie d'Ornans comme comptable. À cette époque, le jeune homme est très loin d'imaginer l'intitulé de son dernier poste qu'il obtiendra au suffrage universel direct au sein de cette même mairie…

En juin 1988, il est père pour la première fois d'un petit garçon. Dans la foulée, en août, il change de poste pour devenir secrétaire général en Seine et Marne, à Mormant. "J'y suis allé, mais ce n'était pas facile avec la naissance de mon fils… Je partais du lundi au vendredi", se remémore-t-il. "Ma femme a fait beaucoup dans l'éducation de nos enfants", ajoute-t-il, sa fille étant née quelques années plus tard en 1994.

Vers 1990, Jean François Longeot se rapproche de sa famille en arrivant au conseil général (aujourd'hui conseil départemental) de Haute-Saône. Il y est nommé responsable des affaires sociales, politique des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. La direction lui confit ensuite le poste de responsable de la politique d'insertion. 

Une vie publique arrivée "par hasard"… 

En 1989, le maire d'Ornans perd l'élection municipale. Suite à cette défaite, l'entourage de l'ancien maire contacte Jean-François Longeot : "On veut te voir". L'objectif est donc de regagner l'élection municipale en 1995. "Là, un ami me dit : - on n'y connaît rien, il nous faut une tête de liste et il faut que ce soit toi - ". Jean-François se souvient : "J’étais un peu surpris car j'étais un serviteur, je me plaisais beaucoup dans mon rôle de servir les patrons que j'ai eu". De discussion en discussion, une liste a été créée pour l'élection de 1995 avec lui en tête de liste "en pensant que je n'avais aucune chance de gagner car celui qui était mon adversaire et que je respectais beaucoup était Marc Chapelain (PS), qui était maire depuis 89 et conseiller général depuis 79", précise-t-il. Une pensée qui sera contredite puisque la liste de Jean-François est élue "de très peu avec environ 51%" des suffrages.

Élu maire d'Ornans, il rencontre un "vrai problème" car il doit malgré tout se rendre à Vesoul chaque jour pour son travail au conseil général de Haute-Saône. "Si je continue comme ça, je ferai très mal mon mandat de maire et très mal mon travail de conseiller général", s'est-il dit. Au mois de décembre 1997, Jean-François Longeot décide de quitter son poste de conseiller général de Haute-Saône et se présente à l'élection en mars 1998 au Conseil général dans le canton d'Ornans, qu'il remporte au premier tour.

En 2001, il est réélu maire d'Ornans au premier tour, puis élu pour un troisième mandat en 2008 puis un quatrième en 2014. En parallèle, il est réélu en 2004 au conseil général, puis en 2011 et en 2014. 

"Comment t'as fait papa ?" 

En 2008, Jean-François Longeot se présente aux sénatoriales avec le soutien de l'UMP (aujourd'hui Les républicains), mais perd l'élection. "Je l'ai bien pris pour plusieurs raisons : d'une part, je pense qu'à l'époque, puisque j'étais investi par l'UMP, on était une liste de trois et on avait fait campagne appuyée davantage sur la représentation politique politicienne et je crois que les gens nous ont sanctionnés là-dessus. D'autre part, je ne suis pas sûr que j'étais mentalement et intellectuellement prêt à assumer un mandat national donc je n'ai pas fait une bonne campagne. Je n'ai pas été malheureux, contrairement à ma fille qui pleurait, car c'est ce que je méritais…", se souvient-il.

En 2014, Monsieur Longeot y retourne, mais seul cette fois-ci "contre vents et marées, contre tous les partis politiques notamment mes anciens soutiens qui m'ont tiré dessus de bas en haut et de haut en bas". Cette fois, il est très motivé en démarrant sa campagne d'avril 2014 au vendredi 26 septembre 2014 et "rien ne pouvait m'arrêter", précise-t-il, "D'ailleurs je remercie mes quatre colistiers qui ont souffert de remarques de part et d'autre". À cette période, Jean-François Longeot souhaite bien gagner et mettre tout en œuvre pour atteindre son but, "sauf ma fille qui pensait que j'allais perdre", ajoute-t-il. Au moment des résultats : le maire d'Ornans et conseiller général de Haute-Saône est élu sénateur du Doubs. "Comment t'as fait papa ?", lui demande sa fille si déçue de la précédente élection. Il démissionne de son mandat de conseiller général le 29 septembre 2014.

 "Je ne sais pas si je fais du bon boulot, mais je suis certain que je suis un bosseur, je ne fais pas de promesses sans les tenir et j'essaie d'être intellectuellement honnête", réfléchit-il en ajoutant que "j'ai beaucoup de chance et en restant très modeste je pense que la chance, ça se provoque et ce que je souhaite surtout qu'on puisse se dire à un moment donné que de là où on vient, il y a toujours une porte de sortie."

Arrêter un jour ?

Jean-François le dit parfois à son épouse. "Elle a 7 ans de moins que moi alors elle se demande ce qu'elle va bien pouvoir faire de moi au milieu de la maison toute la journée", nous dit-il avec humour, "J'ai un gros défaut, je n'ai pas toujours un caractère très facile", nous admet-il.

Jean-François Longeot pense qu'il serait capable de penser à autre chose que son travail "du jour au lendemain" et commencer une nouvelle vie avec des voyages par exemple. "Ce serait très simple de passer à autre chose", nous confie-t-il.

PORTRAIT CHINOIS 

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