Journaliste marocain en grève de la faim en Suisse : Rabat l’invite à rentrer au Maroc

Le journaliste marocain Ali Lmrabet, qui observe une grève de la faim à Genève pour réclamer le renouvellement de ses papiers d’identité que lui refusent selon lui les autorités marocaines, devrait contester cette décision devant un tribunal au Maroc, a déclaré un diplomate marocain.

"Le Maroc est un Etat de droit" a déclaré à l'AFP Mohamed Aujjar, ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies à Genève, insistant sur le fait que le journaliste avait "toutes les possibilités de contester cette décision administrative" lui refusant le certificat de résidence nécessaire pour le renouvellement de ses papiers.

Il a cependant a insisté sur le fait que s'il peut contester la décision, le journaliste "ne peut le faire à Genève". M. Lmrabet, qui a également la nationalité française, a exclu de retourner au Maroc pour lancer une procédure judiciaire, arguant que selon lui "personnene croit en la justice marocaine".  Il a entamé  le 24 juin, face au siège des Nations unies, une grève de la faim à Genève. Son passeport marocain a expiré à la même date.

Ali Lmrabet affirme que le refus de renouvellement de ses papiers d'identité vise à l'empêcher de lancer deux nouvelles publications satiriques. Interdit d'exercer entre avril 2005 et avril 2015 au Maroc, le journaliste avait annoncé fin avril son intention de lancer ces nouvelles publications. Cette affaire a attiré l'attention des autorités locales: l'un des membres du Conseil administratif de Genève, Rémy Pagani, a adressé une lettre au roi Mohammed VI dans laquelle il demande que le journaliste puisse obtenir le renouvellement de ses papiers d'identité "dans les plus brefs délais". "Nous n'avons pas besoin d'une intervention étrangère", a commenté le diplomate, interrogé sur cette lettre.

Interrogé lundi, le gouvernement marocain ne s'est de son côté pas exprimé sur l'affaire. Le journaliste a expliqué qu'il avait demandé, alors qu'il se trouvait au Maroc, le 20 avril, le certificat de résidence nécessaire pour le renouvellement de ses papiers d'identité. Selon lui, le document lui a été délivré par le commissariat de police de la ville de Tetouan, où il déclare vivre avec son père, mais lui a été retiré le lendemain.

Les autorités, a expliqué l'ambassadeur, ont estimé que le journaliste, dont la femme et les enfants vivent en Espagne, ne vivait pas chez son père au  Maroc comme il l'avait indiqué. M. Lmrabet n'en est pas à sa première grève de la faim. En 2003, il en avait suivi deux - de 50 jours et de 35 jours - pour protester contre sa condamnation au Maroc au terme d'un procès pour "outrage au roi".  Le journaliste éditait au Maroc les hebdomadaires Demain Magazine et Doumane (arabophone) avant que ces publications ne soient interdites en 2003 au terme d'un procès pour "outrage au roi". Le journaliste avait alors été condamné à trois ans de prison ferme, avant d'être relâché début 2004 à la faveur d'une grâce royale.

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