La France se souvient de Samuel Paty

Un an après • De nombreuses écoles, ses collègues enseignants et Emmanuel Macron lui rendront hommage. Un an après l’innommable, la France s’apprête à honorer la mémoire de Samuel Paty, dont l’assassinat a causé une vague d’émotion profonde dans tout le pays.
 
 

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Le nom de celui qui a été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume est brandi comme un bouclier de la liberté d'expression face à l'obscurantisme, en France et au-delà.

L'attentat, pour lequel quinze personnes ont été mises en examen, a provoqué "une sidération dans tous les pays face au terrorisme islamiste et à la menace qu'il représente pour toute personne exerçant sa liberté d'expression", résume le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer dans son récent livre "Ecole ouverte".

Une minute de silence et une heure d'échanges

Le ministère de l'Education a invité écoles, collèges et lycées à respecter vendredi une minute de silence en mémoire de Samuel Paty et à consacrer une heure à un temps d'hommage et d'échanges, qui pourront porter sur le métier de professeur, son rôle et sa légitimité ou encore la construction de l'esprit critique.

"La commémoration de cet événement tragique doit, pour l'école de la République, être à la hauteur à la fois du traumatisme subi et des principes et valeurs qui ont été attaqués à travers cet assassinat", a souligné M. Blanquer dans un courrier adressé aux recteurs d'académie.

"Il y aura un avant et un après (...) les conséquences de ce crime nous marquent pour toujours". JM Blanquer

Cet attentat a pesé sur les débats crispés autour de la loi de lutte contre le séparatisme, adoptée en juillet dernier. Le chef de l'État en avait posé les fondements dans un discours prononcé deux semaines avant la mort de Samuel Paty.

Chez les collègues de l'enseignant, "l'onde de choc assez violente" persiste, raconte à l'AFP Christine Guimonnet, la secrétaire générale de l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APGH).

"Malaise"

"On peut aller travailler, il y a plein de moments de la journée où on ne va pas penser à Samuel Paty, et d'autres moments où on l'a en tête", ajoute-t-elle, "on n'oubliera jamais ce qu'il s'est passé, on n'oubliera jamais qu'il est mort".

Comment enseigner, après l'horreur ? De nombreux professeurs assurent ne "pas avoir peur", mais certains avouent une gêne.

Une professeure du Haut-Rhin, dit éviter les caricatures de Mahomet pour "que ça ne s'enflamme pas de nouveau".

"Il cherchait le meilleur moyen de faire réfléchir"

Une soeur de Samuel Paty décrit son frère comme un "puriste", "courageux", qui "cherchait le meilleur moyen de faire réfléchir", dans un entretien lundi au quotidien La Croix.

Il s'agit du premier entretien accordé à la presse par un membre de la famille du professeur d'histoire-géographie.

"Samuel avait passé quinze jours de vacances chez nos parents dans l'Allier, avant la rentrée. Il avait discuté de cet EMC (enseignement moral et civique, sur les caricatures) avec ma mère, qui a été elle aussi institutrice", explique Gaëlle Paty, une libraire de 46 ans.

"Il lui avait dit: +voilà, je ne sais pas trop comment présenter les choses...+ Il cherchait le meilleur moyen de faire réfléchir", ajoute-t-elle. Selon sa soeur, personne dans la famille n'a "jamais été au courant de rien de ce qu'il a vécu durant la première quinzaine d'octobre". "Il n'en avait pas parlé à mes parents. Ma mère avait seulement relevé qu'il appelait un peu moins régulièrement", rapporte Gaëlle Paty.

Interrogée sur le choix de son frère de montrer les caricatures à ses élèves, elle a répondu: "je ne les aurais pas montrées. Ou alors pas celles-là. Parce que je ne suis pas très courageuse... Je n'aurais pas osé aller à l'opposition frontale avec certains élèves. Samuel l'a fait, parce que c'est un puriste".

Le jour de sa mort, elle affirme avoir eu son premier contact avec les autorités après minuit. "Nous avons tout appris par la presse, y compris sa mort. C'est l'une des choses que nous n'allons jamais digérer", regrette-t-elle.

Mme Paty décrit son frère comme un enseignant méticuleux et féru d'histoire, qui avait lu le Coran. "Il avait demandé à mes parents de lui rapporter un Coran de leurs vacances en Tunisie (...) Samuel n'était pas croyant, mais il voulait comprendre la foi des autres et savoir ce qui était écrit et ce qui ne l'était pas", explique-t-elle.

(Avec AFP)

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