La Maison d’arrêt de Besançon change de direction

Le 31 janvier dernier, Céline Jusselme a pris la direction de l’établissement bisontin, qui compte aujourd’hui 284 détenus à la Butte. Elle remplace Karine Lagier, partie au Mans. Macommune.info l’a interrogé sur sa vision du monde carcéral.

MaCommune.info : Vous avez été à la tête du centre de détention et la maison d’arrêt de Nantes pendant 5 ans avant d’arriver à Besançon, comment appréhendez-vous le milieu carcéral qui paraît plutôt masculin ?

Céline Jusselme : "Mon métier est avant tout tourné vers l’autre. Quand je suis entrée dans l’univers carcéral, je ne me suis pas posée la question d’un milieu masculin. C’est surtout un point de vue développé à l’extérieur. Il est vrai qu’à un moment donné, nous n’étions pas habitués à voir beaucoup de femmes dans cet univers, mais pour moi c’est naturel. C’est un métier de conviction : on cherche à donner du sens, faire tomber les préjugés, redonner du respect et de la dignité… C’est aussi un métier où nous vivons les uns avec les autres, c’est une vraie communauté : il y a les détenus, le personnel et les nombreux partenaires (enseignants, bénévoles, aumôniers, Pôle emploi, préfecture…)."

Quels sont les effectifs actuels et comment a évolué la population carcérale à Besançon ?

"Nous comptons aujourd’hui 284 détenus. Nous ne sommes absolument pas en surpopulation puisque dans ce chiffre sont comptées les personnes placées sous surveillance électronique et qui ne sont donc pas au sein de l’établissement. La maison d’arrêt de Besançon permet même de réguler les effectifs des autres petits établissements en région (à Lure, Vesoul, Lons-le-Saunier ou Belfort), en accueillant régulièrement des détenus. À titre d’exemple en 2012, une centaine de personnes ont ainsi été transférées des autres établissements."

Qu’en est-il du personnel ?

"Nous devrions compter 91 personnes parmi le personnel. Or, nous sommes pour l’instant en déficit de 6 personnes suite à des départs non remplacés, en raison de mutation ou de retraite. Nous attendons trois personnes d’ici fin avril mais nous savons déjà que nous n’aurons pas nos 91 agents lorsque les mutations seront faîtes. Une autre campagne de mutation aura lieu en avril et devrait amener du nouveau personnel d’ici octobre. En attendant, cela reste problématique puisque ce sont les autres membres du personnel qui doivent compenser cette absence. Il faut s’adapter."

Qu’est-ce qui caractérise l’établissement bisontin ?

"Contrairement à la population nationale, on constate d’une façon générale plus d’incarcérations pour des faits de violence. La typologie du public bisontin est surtout caractérisée par des vols avec violence. Je n’ai pas forcément d’explications. L’autre constat est que la majorité des détenus ont moins de 40 ans et il y a une sur représentation des moins de 25 ans qui représente 40% de la population. C’est important."

Y a t-il des projets en cours ?

"Nous allons procéder à la rénovation et la création d’une porte d’entrée piétonne. Le démarrage des travaux débutera fin août. D’autres projets sont également en attente mais font face aux contraintes de budget qui touchent notre administration. Nous aimerions déplacer et réadapter les locaux d’unités de soins. Il y a aussi un projet de délocalisation des parloirs qui ne sont pas conformes, à mon sens, à l’intimité des familles. L’établissement qui date de 1875 est vieillissant. On ne vivait pas la prison à l’époque comme en 2013, on en est conscient.

On envisage ainsi de créer des unités de vie familiale : des lieux spécifiques destinés à conserver des liens. Mais si nous avons l’accord de principe de la direction de l’administration pénitentiaire, nous n’avons pas les fonds nécessaires. Il y aura aussi la reconduction des trois dispositifs de formations existants (dans le bâtiment, l’électricité et l’hygiène de locaux) et la poursuite des actions proposées sur le plan culturel et sportif en partenariat avec la Rodia notamment et les musées de la ville."

* Le terme "prison" est générique et regroupe toues les établissements pénitentiaires (centres de détention ou de semi-liberté, maison d’arrêt, maison centrale…). La maison d’arrêt est un établissement d’accueil spécifique aux détenus en courte peine.

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