Législatives: la Macronie et la Nupes à couteaux tirés

L'affrontement entre le camp d'Emmanuel Macron et celui de Jean-Luc Mélenchon redouble d'intensité à cinq jours du premier tour des législatives, aiguisé par les premiers résultats des circonscriptions des Français de l'étranger. Si la majorité présidentielle est arrivée en tête dans huit circonscriptions sur onze, elle est talonnée par la coalition de gauche (Nupes).

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Illustration de cette dynamique, le pilier de la macronie et député sortant Roland Lescure a certes recueilli le plus de voix (35,88%) dans la circonscription nord-américaine, mais, avec 22 points de moins qu'en 2017, il est talonné par la candidate mélenchoniste Florence Roger (33,43%).

"Il faut gagner"

Lundi, le patron de La République en marche, Stanislas Guerini, a appelé à faire campagne "encore plus fort" d'ici au premier tour.

"Maintenant, il faut gagner. On doit se rassembler face au cartel mélenchoniste", a-t-il insisté, pour qui la Nupes, "c'est la soumission à Jean-Luc Mélenchon" et "la sortie déguisée de l'Europe, la sortie de l'Otan" et "du nucléaire".

Dans la dernière ligne droite d'une campagne jusqu'alors jugée "atone", Emmanuel Macron doit faire cette semaine plusieurs déplacements pour "illustrer les priorités du quinquennat", notamment "la jeunesse" et "la sécurité du quotidien" après la santé et l'éducation la semaine dernière, a indiqué son entourage.

La Première ministre, Elisabeth Borne, doit donner mardi une longue interview à France Bleu après un week-end de campagne dans sa circonscription du Calvados.

Outre les bons scores recueillis dimanche par la coalition de gauche hors de l'hexagone (qui s'est qualifiée aux deuxième tour dans dix circonscriptions sur onze, contre à peine cinq en 2017), une étude Ifop-Fiducial parue dimanche donne des sueurs froides à la majorité, en mettant le ministre Clément Beaune en grande difficulté à Paris face à son adversaire Insoumise Caroline Mécary.

La Nupes entend par ailleurs répondre mardi aux critiques de la majorité quant au sérieux budgétaire de son programme lors d'une conférence de presse pour présenter ses propositions économiques.

La poussée de l'alliance LFI-EELV-PCF-PS a conduit l'un des bras droits de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, à "croire fort" à la possibilité d'une majorité de la gauche à l'Assemblée pour que M. Mélenchon devienne "Premier ministre", bien qu'Emmanuel Macron ait rappelé qu'"aucun parti politique ne peut imposer un nom au président".

"Si bonhomme, tu vas le nommer!", a répondu au chef de l'Etat le bras droit de Jean-Luc Mélenchon, en s'attirant l'ire de la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, pour qui "le respect républicain élémentaire" a été "bafoué sans vergogne".

"Le sens du ridicule"

La polémique s'est également nouée autour de Jean-Luc Mélenchon, qui a estimé que "la police tue" après la mort de la passagère d'une voiture victime de tirs policiers lors d'un contrôle à Paris - trois agents de police ont été placés en garde à vue.

Interrogé mardi matin sur France Inter, le leader Insoumis a "évidemment" maintenu ses positions, récusant être "antiflic", mais se disant "contre un usage disproportionné de la violence".

"Jean-Luc Mélenchon est toujours du côté des voyous, des criminels, il n'est jamais du côté des forces de l'ordre", lui a répondu sur FranceInfo Marine Le Pen.

Si la candidate RN considère comme acquise - à l'unisson des sondages - la victoire de la majorité présidentielle aux législatives, elle espère ravir à la Nupes le titre de premier opposant dans la future Assemblée et plaide pour qu'Emmanuel Macron n'obtienne qu'"une majorité relative", pour "qu'il n'ait pas les pleins pouvoirs".

"A la différence de Jean-Luc Mélenchon", qui entend gagner et devenir Premier ministre, "j'ai le sens du ridicule", a encore taclé Mme Le Pen pour qui l'Insoumis a "zéro chance" d'obtenir une majorité de députés.

La candidate d'extrême droite est dans le Loiret pour soutenir le candidat RN Thomas Ménagé, en position de l'emporter face à l'ancien ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

En difficulté dans les études d'opinion, la droite a accusé Emmanuel Macron d'"anesthésier la campagne, comme il avait anesthésié la campagne présidentielle", par la voix de l'un de ses ténors, Bruno Retailleau.

Le patron des sénateurs LR a aussi prévenu sur France 2 que son parti ne "donnerait pas de consigne de vote" en cas de second tour opposant LREM au RN.

(AFP)

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