Les “imprécisions” du recensement des malades et lits d’hôpitaux selon la Cour des Comptes

Dans son rapport annuel, la Cour a étudié la réaction des établissements de santé face à la première vague de Covid-19 dans une zone très touchée, le nord Franche-Comté, et une région plus épargnée, la Nouvelle-Aquitaine.

© APHP

La Cour des comptes a relevé jeudi "les nombreuses incertitudes et imprécisions" dans la collecte d'informations des hôpitaux sur le nombre de malades du Covid-19 et de lits disponibles, données servant pourtant de base à la politique sanitaire nationale.

Elle pointe notamment en conclusion "les nombreuses incertitudes ou imprécisions qui entourent le système de collecte et les remontées d'informations servant de fondement aux décisions stratégiques nationales, tant sur la comptabilisation des malades que sur celle des capacités disponibles".

Le rapport met en lumière des systèmes de codification complexe qui par exemple imposaient de ne comptabiliser que les malades pour lesquels "un diagnostic a été clairement établi", excluant les cas de suspicion de Covid.

Le rapport donne l'exemple du CHU de Poitiers qui a d'abord déclaré 37 lits de réanimation, puis 53, voire 65, "soit presque du simple au double" en changeant de modes de calcul.

"Si, globalement, les établissements déclarent avoir respecté les consignes d’alimentation de l’applicatif afin de permettre à l’ARS, qui a mis en place plusieurs procédures destinées à sécuriser les données (diffusion de consignes, appels téléphoniques réguliers, réunions d’échanges), de disposer d’une information régulière du nombre de lits disponibles, il n’en reste pas moins que les capacités disponibles déclarées par les établissements ne sont pas strictement fiabilisées et varient logiquement en fonction de leurs propres modalités de dénombrement" Rapport de la Cour des Comptes

Le centre hospitalier Nord Franche-Comté a pour sa part déclenché une cellule de crise "dès le 5 février 2020" note le rapport. Il disposait quant à lui de 20 lits de réanimation, ce qui s’est révélé largement insuffisant, puisqu’il a dû passer au plus fort de la crise à 64 lits, dont 52 dédiés aux patients covid.

De plus, l'outil informatique utilisé pour faire le recensement des malades, était celui "conçu et déployé pour répertorier les victimes des attentats de Paris de novembre 2015", un système donc inadapté, "pas conçu pour être utilisé dans la durée" et qui a nécessité de nombreuses saisies manuelles.

Le recensement des lits d'hôpitaux, et notamment de réanimation, un élément crucial pour la politique sanitaire nationale, a aussi souffert d'imprécisions, selon la Cour des comptes qui souligne "la faiblesse" de l'outil informatique "répertoire opérationnel des ressources".

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