Les maires écolo et la 5G : le pouvoir n’est peut-être pas là où on le croit…

Lors de la campagne pour le second tour de l’élection municipale, le sujet du déploiement de la 5G à Besançon avait été remis sur le tapis notamment par le candidat de la droite Ludovic Fagaut. À cette question, Anne Vignot la candidate EELV qui a été élue le 28 juin dernier a toujours précisé qu’elle n’est pas pour, tout comme de nombreux maires écologistes… Mais concrètement, que les maires soient pour ou contre, peuvent-ils décider du déploiement ou non de la 5G pour leur ville ?

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La 5G est la prochaine étape technologique dans les réseaux de téléphonie mobile : elle devrait progressivement être déployée par les opérateurs dès cette année. En comparaison avec la 4G ou la 4G+, la 5G concernera les téléphones mobiles, mais aussi tous les objets connectés. Elle devrait donc être polyvalente et supporter un nombre très important de connexions avec des débits très élevés. La 5G est l'un des chantiers et objectifs de la Commission européenne à atteindre ces toutes prochaines années.

Malgré tout, elle est attaquée de toute part sur son éventuelle nocivité pour l'humain et son cerveau, ses émissions de gaz à effet de serre à cause d'une explosion des usages numériques permis par la 5G, sur la consommation énergétique des réseaux et des serveurs, ou encore la protection des données personnelles des utilisateurs.

Qu'en pensent Anne Vignot et d'autres maires écologistes en France ?

Plusieurs grandes villes françaises (Lyon, Tours, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Nantes…) ont élu un ou une maire écologiste se disant contre le déploiement de la 5G. Voici quelques uns de leurs commentaires :

Anne Vignot, maire de Besançon (sur maCommune.info) : "La question essentielle est le principe de précaution : on a entendu le gouvernement dernièrement dire qu'il fallait prendre en considération les avis de l'Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail - sur cette question-là, donc avant d'envisager le déploiement, il faut déjà savoir de quoi il est question, quel impact ça pourrait avoir. Donc moi j'attends le résultat de ces études qui doivent se faire." 

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux (sur RTL) : "Je trouve totalement inadmissible qu'on puisse imposer la 5G (…) Je pense qu'il faut mettre cette discussion sur la table et que les Bordelaises et les Bordelais n'apprennent pas du jour au lendemain que leur territoire est couvert par la 5G." 

Emmanuel Denis, maire EELV de Tours : "Il faut voir si cette technologie n’est pas une technologie de confort avec des risques sanitaires".

Eric Piolle, maire EELV de Grenoble (sur RTL) : "La moitié des 4% des émissions de gaz à effet de serre émise par le numérique, c’est le streaming. Un quart des vidéos qui sont regardées sont des vidéos pornos. Évidemment, je fais un raccourci légèrement provocateur parce que j’aime bien ça, mais grosso modo la 5G, c’est pour nous permettre de regarder des films pornos même quand vous êtes dans votre ascenseur en HD". 

Julie Laernoes, maire de Nantes (sur Les Echos.fr) : "Le principe de précaution n'a pas été respecté, et la 5G, on ne sait pas encore à quoi ça va servir. Il faut donc un débat."

Quel est le pouvoir des maires sur le déploiement de la 5G dans leur commune ? 

Selon trois décisions du Conseil d'État en octobre 2011 pour règlementer l'implantation d'antennes de téléphonie mobile, les maires ne peuvent s'opposer au déploiement de la 5G dans leur commune. Seuls le secrétaire d'État chargé du Numérique, l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes (Arcep) et l'Agence nationale des fréquences (ANFR) sont compétents en la matière.

Les demandes de moratoire par des élus écologistes pourront retarder un peu le déploiement de la 5G, mais peut-être rien de plus... A suivre.

Et le principe de précaution ?  

Anne Vignot et Julie Laernoes évoquent "le principe de précaution" inscrit dans la Constitution (Charte de l'environnement) : il peut être utilisable pour la 5G, mais aujourd'hui, aucune étude ne prouve que cette technologie est néfaste pour la santé et aucune preuve concrète ne montre qu'elle est n'est pas dangereuse pour la santé. C'est pourquoi le principe de précaution ne peut pas être utilisé dans le cas de la 5G.

Chez nos voisins…

Selon une information du site Robin des Toits, association nationale pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil en Suisse, Genève a lancé un moratoire sur la 5G en février 2020 sur la 4G et la 5G. La modification de la loi sur les constructions et les installations diverses prévoit que toute nouvelle installation sera soumise à autorisation pendant cette période.

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