Démographie
Le Doubs est le département le plus jeune de Bourgogne Franche-Comté.
Le nombre d’habitants augmente de 0,4 % en moyenne annuelle (2011 - 2016) alors qu’il se stabilise dans la région.
À l’horizon 2050, si les tendances récemment observées se poursuivaient, le département pourrait dépasser les 560 000?habitants. Il resterait le deuxième département le plus peuplé et le plus jeune de Bourgogne-Franche-Comté.
Grand Besançon Métropole affiche une croissance démographique soutenue par un solde naturel positif qui favorise le développement des services à la population. Fortement tertiarisé, il abrite notamment le Centre hospitalier régional universitaire et l’Université de Besançon.
Entre?2011 et?2016, la croissance démographique dans le Grand Pontarlier s’est essoufflée, désormais portée uniquement par le solde naturel. Avec 27 000?habitants, il est néanmoins le territoire le plus peuplé de la bande frontalière et où la part d’actifs travaillant en Suisse est la plus faible, 30 %. Quand c’est le cas, ils vont principalement dans le canton de Vaud.
Le Val de Morteau, deuxième espace le plus peuplé de la bande frontalière avec 20 400?habitants, est fortement tourné vers la Suisse. Il est desservi par la route très fréquentée des microtechniques entre Besançon et Neuchâtel et le train des horlogers, ligne reliant Besançon à la Chaux-de-Fonds. Un actif sur deux travaille en Suisse, souvent ouvrier qualifié dans l’industrie horlogère et de précision.
Les Portes du Haut-Doubs, situées à mi-distance entre Besançon et Pontarlier forment un territoire bipolarisé. Bénéficiant de nombreuses voies de communication le reliant aux grands pôles d’emplois du département et à la Suisse, des ménages de jeunes actifs sont venus s’y installer. Son offre de services s’est développée et l’emploi a progressé du fait de son dynamisme démographique et de la jeunesse de sa population, 20 % ayant moins de 14?ans. En 2016, plus de la moitié des actifs résident et travaillent sur ce territoire agricole et tertiaire.
Activités et emplois
L’agriculture est traditionnellement tournée vers l’élevage et la production de lait d’appellation d’origine protégée pour la fabrication de fromages comme le Comté et le Mont d’Or.
Avec une forêt qui couvre plus de 40 % de sa surface, le Doubs est au 1er?rang des départements de la région pour sa production biologique naturelle et sa récolte annuelle en bois.
L’industrie est spécialisée dans la construction automobile avec l’implantation historique du groupe PSA à Sochaux, dans la métallurgie et l’agroalimentaire ; elle représente 19 % des emplois en 2017. Dix ans après la crise de 2008, le nombre d’emplois salariés a diminué de 17,6 % contre 19,5 % dans l’industrie régionale. La fabrication de matériels de transport reste de loin le premier employeur industriel avec un tiers des salariés.
Le Pays de Montbéliard Agglomération fédère un grand nombre d’équipementiers et sous-traitants de la construction automobile autour de Peugeot SA. Depuis 20?ans, le territoire a été fortement impacté par les transformations et restructurations industrielles liées à la mondialisation et la crise économique récente ; il continue à perdre des emplois avec une baisse de 8,2 % entre?2011 et?2016. En conséquence, sa population diminue sensiblement (– 2 % en 5?ans) et est plutôt âgée.
La pauvreté monétaire y est également importante : 15,5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté en 2016.
Berceau de l’horlogerie, le Doubs profite aujourd’hui de l’implantation du pôle des microtechniques à Besançon qui soutient l’innovation dans de nombreux secteurs comme celui de la santé avec le cluster Innov’Health ou de l’aéronautique avec le cluster Aeromicrotech. La reconnaissance de ces savoir-faire industriels permet aux territoires « Nord Franche-Comté » et « Haut-Doubs » de bénéficier du programme national « Territoires d’industries ».
L’emploi tertiaire progresse plus fortement dans le Doubs que dans l’ensemble de la région, et surtout dans les activités tertiaires marchandes (commerce, transports, services administratifs et de soutien, etc.), + 8,2 % au cours des dix dernières années contre + 3,5 %.
Arc frontalier
Le travail en Suisse favorise l’installation de jeunes actifs sur la zone frontalière française. Avec 170?km de frontière avec le Doubs, des salaires supérieurs, les pôles d’emplois suisses offrent des opportunités attractives notamment dans l’industrie : 11 % des actifs du Doubs partent y travailler quotidiennement, soit 25 000 frontaliers, plaçant sur ce plan le département au 4e rang des départements français.
Les territoires frontaliers sont très attractifs pour les jeunes actifs qui trouvent sur le marché du travail suisse dynamique des opportunités d’emplois et des salaires plus élevés. De 30 à 50 % de leurs actifs, principalement des ouvriers qualifiés, vont travailler en Suisse. Cette croissance démographique s’accompagne d’un développement d’équipements et de commerces, notamment dans les intercommunalités du Plateau de Russey ou de Montbenoît.
Le développement du travail frontalier, l’installation de Suisses attirés par les prix attractifs de l’immobilier en France génèrent des tensions importantes sur le marché du logement où le montant des transactions immobilières est élevé. Ils entraînent aussi à la hausse les prix à la location, impliquant un reste à charge conséquent pour les bénéficiaires d’une aide au logement.
C’est notamment le cas dans le Grand Pontarlier où un quart de ceux résidant dans le parc privé consacrent plus de 39 % de leur budget à se loger en 2016, contre 22 % des bénéficiaires dans le Doubs et 17 % dans la région.
Des Portes du Haut-Doubs sous double influence
Au centre du département, sur les contreforts du Massif du Jura, les intercommunalités du Pays de Sancey-Belleherbe et celle des Portes du Haut-Doubs constituent deux espaces interstitiels spécifiques.
Dans le Pays de Sancey-Belleherbe, très peu densément peuplé, l’économie est tournée vers l’agriculture qui concentre un quart des emplois. Sa population a un niveau de vie médian parmi les plus faibles du Doubs.
Les flux quotidiens
25 500 actifs viennent travailler quotidiennement sur la communauté urbaine du Grand Besançon Métropole alors qu’un peu moins de 10 000 le quittent pour leur activité professionnelle.
Les "entrants" habitent pour près de la moitié dans des territoires limitrophes situés dans le département, essentiellement dans les intercommunalités du Loue-Lison et du Doubs Baumois, en croissance démographique.
Les autres navetteurs sont nombreux à résider en Haute-Saône, dans le Pays du Riolais et le Val Marnaysien, et dans le Jura
Les actifs quittant chaque jour la communauté urbaine ont un emploi dans les territoires à proximité, notamment dans le Doubs Baumois.
Le Pays de Montbéliard entretient des liens forts avec l’extérieur : il accueille quotidiennement 18 200 actifs qui viennent y travailler quand 11 200 résidents ont un emploi ailleurs. Les déplacements domicile-travail se font surtout en provenance et à destination du Grand Belfort, plus tertiarisé et avec lequel il forme l’essentiel du Pôle métropolitain Nord Franche-Comté.
Les navettes sont également nombreuses vers la Suisse : un quart des actifs quittant le Pays de Montbéliard travaillent de l’autre côté de la frontière dans le Canton du Jura.
Le Pays de Montbéliard attire également des actifs résidant en Haute-Saône, principalement dans le Pays d’Héricourt. Il capte, dans une moindre mesure, des actifs habitant les Deux Vallées Vertes. Ce dernier territoire compte quelques grands établissements industriels (Profialis, Fromagerie Clerval) et attire aussi de la main-d’œuvre habitant le Pays de Montbéliard. Sa population, plutôt âgée et en baisse, a le niveau de vie médian le plus faible du département.
(Régine Bordet-Gaudin, Bénédicte Piffaut : Insee Bourgogne Franche-Comté )