Manuel Valls : le mot “salopard” pour Moscovici est “inacceptable”

Cécile Duflot, Harlem Désir, Luc Carvounas, Nicole Bricq Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG) Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a estimé lundi sur RTL que le mot "salopard" associé au ministre de l'Economie Pierre Moscovici par un cadre du Parti de gauche était "inacceptable". Lors du congrès du Parti de gauche (PG) samedi à Bordeaux, son secrétaire national François Delapierre a dénoncé "les 17 salopards de l'Europe", faisant référence à l'attitude des 17 gouvernements de la zone euro à l'égard de Chypre. "Dans ces 17 salopards, il y a un Français, il a un nom, il a une adresse, il s'appelle Pierre Moscovici et il est membre du Parti socialiste", a-t-il dit.

Jean-Luc Mélenchon, co-président du PG, avait ensuite dit à la presse que le ministre de l'Economie "ne pense pas français, il pense finance internationale".

Ce terme est "inacceptable", a assuré M. Valls, pour qui "il ne sert à rien de courir derrière l'extrême droite dans son langage".

Les autres réactions 

Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur: "Avec ses propos indignes, Jean-Luc Mélenchon a franchi le gué qui le sépare de la pensée républicaine. En ces temps de crise, la politique conduite par Pierre Moscovici a déjà contribué à sauver la zone euro et continue de le faire avec Chypre. Ce que propose Jean-Luc Mélenchon c'est l'éclatement de la zone euro" (communiqué).

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République: la déclaration de M. Mélenchon "exprime une colère légitime mais qui, comme toujours, n'apporte pas les bonnes solutions (...). Je ne connais pas personnellement Jean-Luc Mélenchon mais les accusations pour antisémitisme semblent ridicules. Le comportement anti-français qu'il dénonce était le même chez les prédécesseurs de M. Moscovici (...). Pour ma part, ce ne sont pas les propos de M. Mélenchon qui me choquent. Il ne fait que dire la vérité. Ce qui me désole est l'absence de solutions. Pour se libérer du joug de la finance internationale, M. Mélenchon n'ose pas aller au bout de son raisonnement. Si je partage son constat, je suis indigné par l'indigence de son programme". Debout la République propose "un véritable plan de sortie de crise" en reprenant "notre liberté monétaire" (communiqué).

Luc Carvounas, secrétaire national du PS aux relations extérieures : "Je ne peux considérer qu'un homme qui a été socialiste pendant 30 ans puisse être antisémite mais je dénonce cette manière de faire de la politique à coup d'insultes. Ce n'est surement pas avec des invectives que l'on fera avancer les choses (...). Que cherche Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui? En se radicalisant chaque jour un peu plus  il ne cherche clairement pas à faire gagner la gauche. Si son but avoué est de faire des listes autonomes pour le Front de Gauche, je veux lui dire que le Parti socialiste qui gère depuis des années ses villes avec les communistes ne rentrera pas dans ce jeu mortifère" (communiqué).

Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG): "J'appelle Jean-Luc Mélenchon à faire preuve d'un peu de modestie et à cesser d'insulter à longueur de journée la majorité présidentielle. François Hollande a remporté les primaires citoyennes, l'élection présidentielle et les élections législatives sur un programme social-démocrate, donc la majorité conduit logiquement cette politique! Au moment où on parle tant de laïcité, le président du Parti de Gauche et ses amis doivent prendre conscience qu'il n'y a pas de +vérité révélée+ à gauche et qu'ils ne peuvent pas avoir raison tout seul" (communiqué).

Harlem Désir a demandé dimanche à Jean-Luc Mélenchon d'"arrêter" d'être dans la "surenchère" et "d'+hystériser+ le débat politique", relevant que c'est à l'extrême droite que cela "profite". "Je crois que Jean-Luc Mélenchon a tort de vouloir +hystériser+ le débat politique, d'être dans l'outrance, d'être dans la surenchère et la violence verbale", a déclaré le patron du PS, invité de "C'Politique" sur France 5 . "Ils ont tort quand ils font cela au Parti de gauche, parce que quand ils ont été dans cette surenchère pendant la campagne présidentielle ou pendant la législative d'Hénin-Beaumont, c'est à Marine Le Pen que cela a profité", a-t-il poursuivi. "Je leur demande (...) d'arrêter", a-t-il lancé. "Il faut arrêter de croire qu'il y a  une gauche qui va gagner contre l'autre. Je ne crois pas à cette théorie des deux gauches dont l'une pourrait connaître des succès sur les décombres de l'autre". "L'alternative, ce (ne) sera pas Jean-Luc Mélenchon si jamais la gauche échouait, ce serait une droite extrémisée, dont une partie des dirigeants cherche à dresser des passerelles avec l'extrême droite en permanence", a fait valoir le Premier secrétaire du PS.  Il a invité l'ex-candidat à la présidentielle "à s'inscrire dans (une) volonté d'agir ensemble" et appelé au "respect".

Pour Cécile Duflot, "il y a une erreur profonde qu'est en train de commettre Jean-Luc Mélenchon, c'est d'organiser la guerre des gauches". Ce sera "fatal". "Je crois profondément qu'il faut organiser la mutation de la gauche", a-t-elle dit au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.  "Je suis absolument certaine qu'il (M. Mélenchon) n'est pas antisémite". Mais, "comme c'est un homme cultivé, je pense qu'il est conscient qu'en utilisant un référentiel de langage, un vocabulaire, une façon de s'exprimer, il frôle, il flirte avec le dérapage à chaque instant, notamment sur les questions de nationalisme", a dit Mme Duflot.

(source : AFP)

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