Marelli : nouvelle grève après l’échec des négociations sur la fermeture

Une grève illimitée a été entamée jeudi 9 novembre 2023 matin à l'usine de l'équipementier automobile Marelli Automotive Lighting (groupe italo-japonais Marelli) à Saint-Julien-du-Sault (Yonne) après l'échec de négociations sur la fermeture du site, a-t-on appris de sources syndicales.

De nouvelles discussions, entamées avec la direction à la suite de l'annonce en octobre d'un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) - des licenciements économiques - ont échoué mercredi soir, a indiqué à l'AFP Najim Kaddouri, délégué syndical CFDT de ce site de 126 employés. Des négociations similaires sont également en cours dans l'autre usine de Marelli à Argentan (Orne), dont les 167 salariés sont sous le coup d'un projet de fermeture.

En conséquence, les salariés de Saint-Julien-du-Sault ont mis en oeuvre la grève illimitée dont ils avaient voté le principe "à l'unanimité" des présents, lundi dernier, a indiqué M. Kaddouri. "C'est un PSE low cost. Les mesures d'accompagnement ne sont qu'a minima", a-t-il dénoncé.

De son côté, la direction a souligné "négocier de façon loyale pour offrir des mesures permettant de retrouver rapidement un emploi dans le cadre d'un projet de PSE", avec un accompagnement qualifié "d'envergure", dans un communiqué à l'AFP. Elle y dénonce des "propos [de syndicalistes] déformant la réalité des offres faites" et "une forme de pression inacceptable prenant l'entreprise et ses clients en otage".

Selon Jany Causin, délégué CFTC du site, la direction propose pour ce site huit mois de salaire, "même pour les salariés qui ont 30-35 ans d'ancienneté". "C'est au ras des pâquerettes. On est loin du compte", estime le délégué, rappelant qu'une "trentaine" de salariés ont plus de cinquante ans. La direction indique de son côté avoir proposé le 7 novembre des congés de reclassement avec 75% du salaire de référence jusqu'à 12 mois pour les salariés de moins de 55 ans; et jusqu'à 24 mois dès 55 ans. Les indemnités de licenciement atteindraient "24 mois de salaire en moyenne".

Jany Causin souligne que cette région du nord-ouest de l'Yonne est déjà largement sinistrée avec, notamment, la fermeture récente d'un autre sous-traitant automobile, l'allemand Benteler, qui employait 400 personnes. "Retrouver du boulot, c'est compliqué", a-t-il ajouté. Le syndicaliste dénonce une délocalisation de la production prévue "de longue date" : les feux arrière que produit l'unité de Saint-Julien seront dorénavant fabriqués sur les sites marocain et espagnol. "Il y a deux ans, quand on avait fait une première grève, ils avaient nié tout projet de fermeture de Saint-Julien mais en fait...", commente M. Causin, dénonçant des "licenciements spéculatifs" de la part d'un groupe détenu par le fonds d'investissement américain KKR.

La délocalisation va par ailleurs avoir un "impact carbone" non négligeable, les pièces fabriquées en Espagne et au Maroc devant revenir en France, notamment pour les voitures du groupe Stellantis, souligne le délégué syndicat. "L'usine de Saint-Julien-du-Sault fait face depuis des années à une chute significative des commandes à court et moyen termes et des prévisions de production très faible" liées à une baisse des volumes de clients européens, précise la direction.

Le site n'a par ailleurs "remporté aucun appel d'offres des constructeurs automobiles" et "n'a travaillé qu'à 30% de sa capacité" ces "deux dernières années" avec une perte d'exploitation de "plus de 24 millions d'euros entre 2018 et 2022".

(AFP)

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