“Mots Doubs” et mots cinglants au conseil municipal de Besançon

Ce lundi soir au conseil municipal de Besançon (29 février 2016), tous les élus attendaient finalement l’instant où le sujet « Mots Doubs » allait éclater. Annulé en 2016 par la nouvelle majorité départementale, le Salon du livre n’a pas suscité que des mots tendres entre la majorité de Jean-Louis Fousseret et son opposition.

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Mais comment s'est invitée l'annulation des Mots Doubs, une manifestation portée par le Département, au conseil municipal de Besançon ce lundi 29 février ?

Pour comprendre les échanges de tirs verbaux au conseil municipal, il faut bien intégrer que des élus de l'opposition au conseil municipal siègent également au sein de la nouvelle majorité du conseil départemental. En première ligne dans ce dossier, le conseiller municipal "Les Républicains" Ludovic Faugaut. Il est aussi aujourd'hui vice-président à la citoyenneté, au sport et à la culture au Département du Doubs. C'est lui qui s'est exprimé dans la presse en fin de semaine dernière pour expliquer cette "suspension" des Mots Doubs.

Fousseret : "Vous participez à l'affaiblissement du rayonnement de Besançon"

Après une heure de débat sur les orientations budgétaires, une petite phrase du maire en réponse à Jacques Grosperrin et une intervention du conseiller PC Christophe Lime a mis le feu aux poudres. C'est parti pour une heure de passe d'armes. "Mais quelle est votre cohérence, M. Fagaut ?" s'est agacé le maire de Besançon. " J'ai remarqué aussi la menace. En 2017, cela pourrait avoir lieu ailleurs dans le département. Peut-être même à Morteau. Mais pourquoi pas ? Mais je prends note que vous êtes un fervent supporter du rayonnement de Besançon (…) Ma question est celle-ci : quel lieu pour accueillir 30.000 personnes avec des transports en commun, des TGV, des hôtels. Mieux que Besançon pour le faire ? Cherchons. Il y en a assez de ces doubles discours qui nous flinguent ici (NDLR : au conseil municipal) en permanence sur notre manque d'ambition et ce discours inverse dès que vous êtes là-bas à la Gare d'eau (au Département) "

Ph. Gonon  : "Vous nous permettrez quand même de réfléchir non pas strictement en élu bisontin"

L'UDI Philippe Gonon, également vice-président au département du Doubs, a bien tenté de calmer le jeu en insistant qu'il ne s'agissait pas d'une suppression, mais d'un report dans le temps pour permettre de travailler sur les compétences partagées avec les autres collectivités (loi NOTRé). "C'était déjà le cas auparavant !" lui a rétorqué le maire.

Réponse de M Gonon :  "Nous sommes sur un autre ressort territorial que celui de la ville. Vous nous permettrez quand même de réfléchir non pas strictement en élu bisontin, mais en élus départementaux avec un projet culturel global pour l'ensemble du Doubs et non pas exclusivement à la ville de Besançon. Ce qui nous permettra peut-être comme l'a dit Christophe Lime d'aller à Micropolis…   

P. Bonnet : "Ne demandez pas au Département de s'interdire les modifications que vous avez faites vous même" 

Toujours du côté de l'opposition, Pascal Bonnet (LR) a enjoint le maire de Besançon à respecter les décisions du Département. "Je connais Christine Bouquin (présidente du conseil départementale) depuis 20 ans et je ne crois pas qu'elle soit hostile à Besançon et à la culture. Vous avez rappelé que Claude Girard était le fondateur de cet événement sur une idée de Daniel Leroux. Je suis attaché à cet événement, à la littérature, mais lorsque j'entends l'ancienne majorité départementale (PS) s'insurger aujourd'hui, je me pose des questions. A-t-elle réfléchi à une évolution qui permette de pérenniser les Mots Doubs à partir du moment ou l'on sait que le contexte budgétaire oblige le Département à se recentrer sur ses compétences ? (..) Ne demandez pas au Département de s'interdire les modifications que vous avez faites vous même ici sur la politique culturelle de la ville…

L. Faugaut : "Il est normal qu'une majorité se pose la question sur une manifestation à un demi-million d'euros"

Ludovic Fagaut a insisté sur le fait que selon lui une politique culturelle ne se résumait pas à un seul évènementiel. "En terme de philosophie, les Mots Doubs appartenaient à la politique de la communication du Département. Lors de mon arrivée au mois d'avril à ma délégation en tant qu'adjoint au sport à la jeunesse et à la culture, je pensais piloter la manifestation des Mots Doubs. Ce que je trouve aberrant. (…)  Par ailleurs, le Département a comme compétence obligatoire les médiathèques départementales. Or, les 288 médiathèques n'étaient pas associées aux Mots Doubs (4 rencontres en 2015). Deuxième point : quand le Département du Doubs va perdre 123 millions d'euros entre 2015 et 2020 en baisse de dotation globale de fonctionnement, heureusement qu'une majorité se pose la question sur une manifestation à un demi-million d'euros".

"Chiche !"

"Vous vous raccrochez aux branches. Vous n'assumez pas !" lui a finalement répondu le maire. 'Vous avez fait un mauvais choix et vous avez pris une décision d'affaiblissement du rayonnement de Besançon. Et si la culture est une compétence partagée. J'ai envie de vous dire "Chiche" ! Que mettez-vous au conservatoire de musique ? À l'Isba ? Partageons aussi nos préoccupations… »

Les élus du conseil municipal ont du bien se résoudre à clore les discussions sur l'intervention d'Éric Alauzet. Le député regrette que le Département ne mène pas sa réflexion tout en maintenant les Mots Doubs cette année. Et entre les pétitions qui circulent sur le net, la volonté des libraires de poursuivre "les Mots Doubs", il semble que la polémique autour de cette annulation en 2016 n'en soit qu'à ses débuts. Fin du chapitre, pas du roman.  

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