PORTRAIT Marie-Guite Dufay a sécurisé son parcours politique

Celle qui a remplacé Raymond Forni au pied levé en 2008 est désormais légitimée par le suffrage universel comme chef de file de la majorité de gauche au conseil régional.

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Pas évident de succéder au président Forni au lendemain de son décès en janvier 2008. L’ancien président de l’Assemblée nationale était un personnage trempé. Celle qui occupait alors la première vice-présidence s’est imposée pour lui succéder non sans prévenir qu’elle marquera sa différence. « Je n’aurai jamais le style de Raymond Forni ! ».
 
Dans la bouche de Marie-Guite Dufay ce n'était pas un aveu de faiblesse. Simplement l'évocation d'un changement dans la forme. En clair, pas plus que son prédécesseur, elle ne se laissera marcher sur les pieds par l’opposition et encore moins par les Verts avec lesquels les socialistes dirigeaient la Région depuis 2004, date à laquelle ils ont évincé la droite.
 
« Elle n’aime pas se mettre en avant »
 
La nouvelle présidente met simplement plus de rondeur à diriger les débats que son prédécesseur, mais elle reste intraitable sur le contenu. « Elle va au fond des dossiers », note Jean Auvillain, son directeur de cabinet.  Du coup, elle en oublie parfois de sortir la tête du guidon. « On l’a aidée à comprendre que désormais c’était elle qui devait être devant et faire de la représentation. Elle n’aime pas se mettre en avant », poursuit son «coach», rassuré depuis qu’il a constaté qu’elle apprenait « vite ». Il ne faut pas négliger non plus que c’est une grande marcheuse et qu’elle a de l’endurance.
 
Reste qu’elle a encore une bonne marge de progression dans le relationnel. « C'est probablement vrai. Je suis souvent dans une bulle », reconnaissait Marie-Guite Dufay en 2008. A sa décharge, elle évoquait son implication derrière des tiers. « J’ai toujours été dans le sillage des autres, dévouée à mes patrons et sans mettre en avant mon image. La gestion de l'image c'étaient eux, moi j'avais la main dans le cambouis. J'aime me coltiner aux difficultés ».
 
« Je fais de la politique pour être au service de mes concitoyens et ce qui m'importe c'est d’agir. Et comme je veux toujours tout très bien faire je suis en permanence prise par le temps. Je n'avais pas le souci de mon image », complétait la présidente qui faisait également allusion à son tempérament « rugueux des monts d'Auvergne » d’où elle est originaire.
 
L’échec des législatives de 2007
 
Une façon d’être en tout cas qui ne fait pas l’unanimité dans son parti. Son investiture pour les législatives de 2007 à Besançon a été laborieuse. Elle a du promettre d’être plus communicative, pour ne pas dire plus conviviale, avant d’obtenir la bénédiction des militants. Ce fut un échec cuisant. Dans une ville socialiste depuis l’après-guerre, elle n’obtiendra que 29,13% au premier tour contre 45,27% à son concurrent UMP, Jacques Grosperrin, qui l’emportera au second tour avec plus de cinq points d’avance.
 
Pour les régionales, sa candidature s’est imposée assez naturellement. Le PS pouvait-il couper la route à la seule présidente de Région socialiste avec Ségolène Royal ? Comme Pierre Moscovici a décidé de passer son tour, la question s’est posée avec moins d’acuité…
 
« Chrétienne de culture », mais accusée par son curé d'être « une très mauvaise paroissienne », c'est aux côtés d'une autre chrétienne, Paulette Guinchard, ancienne secrétaire d'Etat de Lionel Jospin qu'elle s'est « bâtie » en politique. « Paulette a beaucoup compté pour moi ». C’est d’ailleurs elle qui a parrainé la liste de Marie-Guite Dufay aux régionales.
 
 
« J’ai avancé par petites étapes »
 
Depuis sa sortie de Sciences Po Paris où elle a rencontré son futur mari, avocat de profession, Marie-Guite Dufay a mené sa carrière marche par marche. « J'ai avancé par petites étapes ». Dans sa vie professionnelle, comme dans son évolution politique, avec une parenthèse consacrée à ses trois enfants et à du bénévolat. Son fil rouge? Les questions d'emploi, de formation, d'insertion professionnelle, de femmes. Ce qu'elle résume en seul mot: la solidarité. Elle n’est pas peu fière d’évoquer à chaque occasion la sécurisation des parcours qui a permis à près de 12000 salariés francs-comtois de conserver leur contrat de travail en pleine crise, tout en étant au chômage partiel et en bénéficiant d’une formation.
 
Ancienne cadre de l'ANPE, Marie-Guite Dufay  avait en charge le social quand elle était élue au conseil municipal de Besançon. Au conseil régional, Raymond Forni lui avait demandé de s’occuper de l'économie. « J'ai été boostée par l'énergie de cet homme. Avec lui, il y a eu des déclics ». Il était né un 20 mai, elle un 21 mai.
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