Thanatopracteur, un métier “qui demande du sang froid” !

Claire Sarazin est thanatopractrice depuis 15 ans et directrice du centre de formation Thanatopraxie Art et Technique à Belleherbes (Doubs) depuis 2011. C’est le premier et le seul établissement de l’Est de la France formant les futurs thanatopracteurs. Mais comment devient-on embaumeur ? Comment vient cette idée ? Quelles sont les principales qualités requises pour ce métier ? Claire Sarazin répond à toutes nos questions… même les plus étranges…

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L'embaumeur, ou thanatopracteur, pratique des soins de conservation et de présentation sur les corps de personnes décédées afin de rendre au défunt une expression naturelle. Son travail est essentiel pour permettre aux proches d'avoir une dernière vision dédramatisée du défunt. Les soins d'hygiène consistent dans l'injection intra-artérielle de produits conservateurs et antiseptiques.

maCommune.info : Comment l'idée de devenir thanatopractrice vous est-elle venue ?

Claire Sarazin : Ca n’était pas une vocation dans mon cas, je suis arrivée dans le milieu du funéraire tout à fait par hasard, je ne suis absolument pas issue du sérail. J’ai démarré ma carrière en tant que gardien de cimetière et tout s’est enchaîné.

mC : Qu'aimez-vous le plus dans votre métier ?

CS : L’idée d’être utile aux familles. Nous ne leur enlevons pas leur chagrin mais nous l’adoucissons et leur permettons de commencer leur travail de deuil sur une image apaisée et apaisante.

mC : Que trouvez-vous de plus dur dans votre métier ?

CS : Le travail en lui-même est très physique, nous n’avons aucun horaire, ni week-end ni jour férié et nous faisons énormément de route.

mC : Avez-vous déjà dû exercer votre profession sur un de vos proches ? 

CS : Oui, j’ai embaumé ma grand-mère, un de mes oncles et mon maître de stage, entre autres.

mC : Selon vous, quelles sont les principales qualités qu'il faut avoir pour devenir un bon thanatopracteur ?

CS : De l’empathie, du sang froid, de la patience, du courage, de la volonté, de la sensibilité et surtout de l’humanité. 

mC : Quelles formations proposez-vous ?

CS : Nous préparons les élèves Thanatopracteurs au concours national théorique et nous organisons également ponctuellement des stages de reconstruction faciale, de moulage et des conférences. Le nom que nous avons choisi pour notre école sonne comme une ouverture, nous voulons créer un pont entre l’art et la Thanatopraxie. 

mC : Combien d'élèves sont inscrits dans votre école ?

CS : Il sont sept cette année. Le numerus clausus est fixé à 55 places pour 265 candidats en 2013. Il y a dix écoles en France et il serait irraisonnable et improductif de former davantage d’élèves. 

mC : Ce métier attire plutôt les hommes ou les femmes ?

CS : Il n’y avait quasiment que des hommes dans la profession lorsque j’ai débuté il y a 15 ans mais à présent, la tendance s’est totalement inversée. 

mC : Avez-vous des élèves "clichés" comme des gothiques par exemple ?

CS : Il y a eu une vagues d’aspirants gothiques il y a quelques années mais c’est de moins en moins le cas. De manière générale, on ne peut pas distinguer un étudiant thanato d’un autre.

mC : Pouvez-vous nous raconter une anecdote insolite qui vous serait arrivée ? 

CS : La fois où j’ai habillé un défunt en costume pailleté et qu’on m’a demandé de lui placer une baguette entre les mains : c’était un magicien.

 En Franche-Comté, on compte une dizaine de thanatopracteurs. En France, ils ne sont pas plus de 700 mais il y aura bientôt 2.000 diplômés.

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