Tout ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Élisabeth Borne

Elisabeth Borne dévoile, ce mercredi 26 avril, depuis l'Élysée, la feuille de route dont l'a chargée Emmanuel Macron pour donner de la substance aux "100 jours d'apaisement" et "d'action" décrétés par le président jusqu'au 14 juillet, et tenter ainsi de tourner la page des retraites.

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C'est depuis le palais présidentiel que la Première ministre rendra public, après l'avoir exposé à la table du Conseil des ministres, le contenu du programme gouvernemental des semaines à venir, qui aura valeur de test pour un exécutif toujours privé de majorité absolue à l'Assemblée et fragilisé par l'adoption chaotique de la réforme des retraites.

Des déplacements chahutés

Depuis la promulgation de la loi, Emmanuel Macron s'est lancé dans une série de déplacements -Alsace, Hérault, Loir-et-Cher- pour vanter son action et exposer ses nouvelles priorités. Des déplacements accompagnés de manifestations d'opposants et de leurs concerts de casseroles, comme pour la plupart des échappées ministérielles sur le terrain, à l'image de la visite chahutée lundi à Lyon du ministre de l'Education Pap Ndiaye.

L'intersyndicale mise sur le 1er mai

L'intersyndicale, de son côté, prépare les manifestations du 1er mai dont elle souhaite faire une démonstration de force. "Ça peut être le baroud d'honneur" de l'intersyndicale, estime néanmoins un ministre.

L'heure n'en est pas moins à la relance de la machine exécutive au moment où Emmanuel Macron vient de franchir le premier anniversaire de sa réélection.

 Travail, immigration, numérique...

Dans son adresse aux Français le 17 avril, le chef de l'État s'est donné "cent jours", avec un "premier bilan" au 14 juillet, et a missionné Elisabeth Borne pour en établir et en détailler le contenu. Mais le président ne s'est pas contenté d'énumérer ses "chantiers prioritaires" (travail, "justice et ordre républicain et démocratique", "services publics" incluant école et santé) : il a également, depuis, livré quelques pistes de calendrier et de méthode.

Sur le volet travail, il a évoqué un texte de loi transposant "très vite" l'accord national interprofessionnel sur le "partage de la valeur" en entreprise, conclu entre les organisations patronales et syndicales. Il a également cité un projet "sur France Travail (transformation de Pôle Emploi, NDLR) et sur les lycées professionnels, sur lesquels on doit avancer d'ici l'été" et qui sera porté par le ministre Olivier Dussopt.

Selon des sources gouvernementales et parlementaires, Elisabeth Borne devrait également tracer les contours d'une future loi sur le numérique comprenant la mise en place d'un "filtre anti-arnaque", la transcription en droit français des nouveaux règlements européens sur les services et marchés numériques (DSA-DMA), ou encore un "renforcement" du blocage des sites pornographiques à destination des mineurs.

"Une seule loi" immigration

Sur le volet immigration, Emmanuel Macron a prôné "un seul texte" pour "durcir nos règles" en matière d'expulsion tout en améliorant l'intégration. Écartant ainsi l'hypothèse d'un projet découpé en plusieurs textes pour faciliter son adoption, comme il l'avait lui-même évoquée il y a un mois. Mais "je ne sais pas vous dire quel sera le chemin. Il faut construire une majorité politique", a-t-il dit, interrogé sur l'éventualité d'une adoption au 49.3.

Vers un nouveau 49.3 ?

Alors qu'Elisatbeth Borne a récemment déclaré, dans un entretien à l'AFP, qu'elle n'entendait plus, à l'avenir, recourir à cette arme constitutionnelle, hormis pour les textes financiers, le 49.3 "fait évidemment partie des hypothèses", a pourtant jugé mardi Olivier Dussopt. Même si, sur la loi immigration, il faudra "tout faire pour l'éviter", a ajouté le ministre du Travail, engagé sur ce texte aux côtés du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. La Première ministre effectuera le service après-vente jeudi matin lors des "4 vérités" sur France 2. Mais après la séquence des retraites, et alors qu'Emmanuel Macron a accumulé les déclarations distantes à l'endroit de sa Première ministre, les spéculations vont bon train sur son avenir à Matignon.

"Je suis inquiet", souffle un cadre de la majorité, sceptique sur les "cadeaux" que pourraient offrir la droite au Parlement pour permettre l'adoption des lois. Mais l'exécutif pourrait aussi choisir de contourner l'obstacle, en dévoilant également des mesures réglementaires. Elisabeth Borne en a esquissé la voie, en annonçant par exemple la semaine dernière la division par deux du délai d'obtention de titres d'identité, une des fameuses "solutions concrètes" vantées par la Première ministre.

(AFP)

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