Un aperçu de la vie d’après… Ce que prévoit la Saline Royale d’Arc-et-Senans pour sa réouverture

Depuis le 30 octobre 2020, les musées, les salles de concert et les théâtres sont fermés à cause de l’épidémie de Covid-19. Quatre mois plus tard, aucune visibilité n’est donnée ni aux professionnels ni au public alors que tout ce petit monde s’impatiente de plus en plus. Pour tenter de se projeter dans la vie d’après, on a demandé à des structures bisontines le programme de leur réouverture… Aujourd’hui, Hubert Tassy, directeur général de la Saline royale d’Arc-et-Senans nous répond.

© Saline royale

La Saline royale d’Arc-et-Senans a vu sa fréquentation passer de 122.178 visiteurs en 2019 (hors congressistes et clients de l'hôtel) à 73 308 visiteurs en 2020. "Il est important de relever que hors période de fermeture administrative, de juillet à octobre 2020, la fréquentation n'a baissé que de 10% par rapport à 2019", précise Hubert Tassy.

La Saline royale est l'un des monuments français qui a le mieux résisté à la crise. Parmi 25 sites de visite étudiés par l'Observatoire national PV2D, le recul de fréquentation observé durant l'été était de -27% (contre seulement -6% à la Saline) puis de -47% en septembre (contre -23% à la Saline) et - 36% en octobre (contre -7% à la Saline).

Une programmation bousculée par la crise sanitaire

La Saline Royale a dû s’adapter aux mesures sanitaires et organiser par anticipation des concerts et spectacles sans savoir s’ils pouvaient avoir lieu. Trois concerts de Jordi Savall et de son ensemble Le Concert des Nations  qui devaient se dérouler en avril, mai et décembre ont été annulés. Seul le concert du 22 août avec les symphonies 6 et 7 de Beethoven a pu être maintenu. Les traditionnelles activités hivernales de la Saline (patinoire et marché de Noël) ont, eux aussi, dû être annulés en 2020.

Très attendu, Le Cirque Plume n'a pas pu installer son chapiteau au cœur de la Saline royale. "Il n’a pas pu jouer sa "Dernière saison" en août à notre grand regret", explique le directeur. 

Que se passe-t-il au musée pendant sa fermeture ?

L'absence de visiteur permet à l’équipe de la Saline Royale d’amorcer la transformation du site. "Cela commence par le Cercle immense ! Les travaux se poursuivent dans le 2e demi-cercle et n'ont, à l'heure actuelle, pas pris de retard", précise Hubert Tassy.

Les équipes sont intervenues fin octobre 2020 et travaillent sur l’aménagement paysager. Il viendra enrichir l'espace de visite existant de cinq hectares supplémentaires et de 20 nouveaux jardins qui pourront être visités en juin 2022.

La Saline Royale refond également son parcours de visite avec :

Le tout, sans oublier la mise en place de la Saline royale Academy avec la création de la SAS MUSIC@MPUS, centre international d’enseignement musical de haut niveau, en présentiel et en ligne. Une structure, créée par la Saline et ses co-investisseurs, parmi lesquels se trouvent l’État (Programme d’Investissement d’Avenir), la Région et des banques et des entrepreneurs de Bourgogne-Franche-Comté. Cette académie, qui se déroule dans le respect des consignes sanitaires, accueille de grands musiciens et des étudiants de différentes nationalités au cœur de la Saline royale. 

"Nous poursuivons l'enregistrement des masterclass données par les professeurs, et projetons de les diffuser sur une plateforme web dédiée à l'automne 2021 (www.salineroyaleacademy.com). En parallèle, nous créons une salle multimodale dans la Berne Est et des studios de travail et d’enregistrement à l’étage de ce bâtiment", indique le directeur.

Ce qui attend le public à la réouverture du musée...

Jusqu'au 9 janvier 2022 : Exposition Destins de cirque

L’exposition Destins de cirque, grâce à des affiches, des gravures, des costumes, des instruments de musique, nous fait partager les destins d’artistes qui ont poétisé et fasciné le monde pendant 200 ans.

14, 15 et 16 mai 2021 : Le Festival des liens

Intervenants et invités, tous tisserandes et tisserands dans l'âme, seront conviés le temps d'un week-end à faire vivre et partager leur vœu commun d'une vie à nouveau bien reliée autour de conférences, tables rondes, ateliers, concerts et sorties en nature axés sur trois réflexions majeures : le lien à soi, le lien aux autres et le lien à la terre et au vivant.

À partir du 5 juin 2021 : Ouverture du Festival des jardins et des jardins en mouvement (permanents)

Les jardins éphémères actuels du Festival seront transformés en jardins permanents basés sur l’idée du jardin en mouvement de Gilles Clément. Ils seront répartis en quatre triptyques visitables toute l’année dont le centre d’intérêt est le végétal sous ses différents aspects : la graine, le sol, la vie, l’adaptation, la photosynthèse, la collaboration... Ces jardins réalisés avec des établissements scolaires en lien avec l’équipe jardins seront visitables toute l’année et présenteront un intérêt à chaque saison.

Exposition du 27 juin au 24 octobre 2021 : Exposition « La Sucrerie républicaine »

Ce collectif d’éditeurs de La Chaux-de-Fonds est spécialiste dans les photomontages humoristiques et les détournements de cartes postales anciennes. À travers leurs images, ils réinventent de manière décalée l’histoire de la Saline royale

Tous les jeudis, vendredis et samedis du 15 juillet au 21 août à 22h30 : Spectacle Lux Salina

Spectacle d’images, de musique et de théâtre à grande échelle, l’événement Lux Salina retrace les différentes périodes de l’histoire et de la vie de la Saline royale du XVIIIe siècle à aujourd’hui. Cette année, Lux Salina revient avec une nouvelle histoire et un nouveau personnage : Paul Glucose. Les nouvelles images sont proposées par le collectif Plonk&Replonk et les tableaux vivants sont créés par Dominique Landucci accompagné de 100 figurants.

Résidence de Jordi Savall 

Poursuite de la résidence du musicien Jordi Savall et de son ensemble Le Concert des Nations.

- Dimanche 9 mai à la Saline royale : La création de Haydn

- Samedi 28 août à la Saline : Grand concert estival en plein air La 9e symphonie de Beethoven et la 8ème symphonie dite "inachevée" de Schubert. Jordi Savall sera rejoint par 60 instrumentistes, 40 choristes et quatre solistes pour proposer un moment inoubliable de rencontre festive et fraternelle autour de ce symbole qu’est devenu l’Ode à la joie. 

- Vendredi 3 décembre : Requiem de Mozart 

Trail des 2 Salines : Dimanche 3 octobre 

Foire aux plantes : Samedi 23 et dimanche 24 octobre

Marché de Noël : 27/28 novembre et 4/5 décembre

Patinoire : du 27 novembre au 16 janvier 

Les conseils du directeur de la Saline royale pour étancher notre soif de culture

Le directeur de la Saline Royale d’Arc-et-Senans conseille de "suivre les différents réseaux sociaux de la Saline pour découvrir l’avancée des travaux du Cercle immense, les cours donnés à la Saline royale academy, les vidéos tutos du service médiation à réaliser en famille, l’avancée des projets de l’année 2021…"

Le message d'Hubert Tassy

"L’intensité de la crise que nous traversons, sa gravité, sa durée, sa particularité, nous laisse tous incertains face à l’avenir et certainement perplexes sur l’ordre de nos priorités. Dans chaque crise majeure, la question du sens surgit avec force, et la fragilité de l’humanité apparaît comme une évidence. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. (…) Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. (…) écrivait Paul Valéry dans « La Crise de l’Esprit », en 1919.

Après la Seconde Guerre mondiale, il ne s’agissait plus de la disparition de la civilisation, mais de l’humanité dans son entièreté. À la prochaine, la terre peut sauter : cette fin absurde laisserait en suspens pour toujours les problèmes qui font depuis dix mille ans nos soucis...l’humanité découvre sa mort possible, assume sa vie et sa mort, écrit Sartre dans les temps modernes en octobre 1945. Dans les deux cas il s’agissait de la puissance de l’homme le conduisant à sa destruction, aujourd’hui, comme le moustique qui rendit fou le Roi Nimrod et fit avorter son projet de tour de Babel, nous sommes à la merci d’un virus.

Alors face à cette pandémie, qui nous laisse un peu désemparé je suis retombé dans ma bibliothèque sur le Journal de Samuel Pepys né le 23 février 1633 à Londres et mort le 26 mai 1703, haut fonctionnaire de l'Amirauté anglaise. Son Journal qui couvre la période 1660-1669, n’a pas un grand intérêt littéraire, mais on découvre un homme qui traverse, avec une certaine nonchalance fataliste, trois évènements simultanés : l'épidémie de peste de Londres, la Deuxième Guerre anglo-néerlandaise et le grand incendie de Londres…

L’Histoire permet de relativiser nos peurs et nos angoisses pour, peut-être, partager l’optimisme de Claude Nicolas Ledoux qui, dans l’un de ses élans exaltés, du fond de sa geôle, en 1793, écrivait : L’œil errant sans cesse attiré et jamais fixe se confondra dans un océan de verdure émaillé de fleurs qui s’épanouiront le matin pour embaumer le soir... L’âge du bonheur renaîtra ; l’âge des arts, du commerce, de l’industrie prendra une croissante vigueur... Oh le beau temps ! Oh le beau pays !"

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