Urgences : Buzyn dévoile un “pacte de refondation” à 750 millions, sans lits supplémentaires

Acculée par la grève inédite touchant les services d’urgences depuis près de six mois, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a détaillé ce lundi 10 septembre 2019 un « pacte de refondation » de 750 millions d’euros sur trois ans, mais ne prévoyant ni les lits ni les effectifs supplémentaires réclamés par les grévistes. La CGT a annoncé lundi soir qu’elle maintenait son appel à manifester mercredi.

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Une première salve avait été annoncée la semaine dernière : "l'admission directe" des personnes âgées sans passer par les urgences, la "vidéo-assistance" entre les Ehpad et les régulateurs du Samu, ou encore l'envoi d'une ambulance vers un médecin libéral pour les cas les moins graves. Création d'un "service d'accès aux soins", 50 nouvelles maisons médicales de garde, réforme du financement des urgences... quelques nouveautés figuraient parmi la douzaine de mesures dévoilées lundi par la ministre.

"L'heure n'est plus au constat mais aux solutions", a déclaré la ministre devant la presse à l'issue de sa rencontre avec les représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, des syndicats de médecins libéraux et du collectif Inter-Urgences, à l'origine de la grève.

"En incluant les 70 millions délégués dès juillet 2019 pour financer la prime urgences" et les renforts estivaux annoncés en juin par la ministre, ainsi que certains mesures du Plan "Ma Santé 2022", l'effort se chiffre à plus d'un milliard d'euro, a résumé la ministre.

Mais cette somme, puisée dans les crédits existants, n'entraînera pas la hausse de budget consacrée à la santé réclamée par les grévistes.

"Service d'accès aux soins"

Il n'y a "rien sur les lits, rien sur les postes", a immédiatement regretté Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences. Sans compter les revendications salariales, également au cœur des revendications. "Avant d'ouvrir des lits je souhaite qu'on optimise (leur) gestion" au sein des groupements hospitaliers de territoire, a expliqué la ministre, qui n'exclut pas d'y revenir dans un deuxième temps si les solutions proposées s'avèrent "insuffisantes".

Dans l'immédiat, elle préfère miser sur la mise en place, d'ici "à l'été 2020", d'un service d'accès aux soins (SAS). En ligne ou par téléphone, 24 heures sur 24, ce service orientera les patients vers une consultation en ville ou une téléconsultation ou vers les urgences, éventuellement via l'envoi d'une ambulance.

Une concertation de "deux mois" va s'ouvrir entre médecins libéraux, professionnels hospitaliers et pompiers, a indiqué la ministre, sans se prononcer sur la mise en place d'un numéro unique pour les urgences pour remplacer les numéros existants (15, 18, 112, 116-117). Un débat qui dure depuis des années. "On rêve ! Déjà on a un mal fou à faire fonctionner ce qui existe, on n'arrive pas à trouver un accord (...) pour faire travailler les pompiers et les médecins", s'est agacé Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France (Amuf) à l'antenne de RTL.

Autres mesures...

Mais pas suffisant pour satisfaire Hugo Huon. La ministre "se refuse complètement à revaloriser les métiers soignants, il y a un tel déni des professions paramédicales, c'est assez fou", a-t-il déclaré à l'AFP. Rappelant que le collectif doit se réunir mardi en Assemblée générale, il a estimé que "les gens sont très sceptiques" sur ces annonces.

Selon le collectif Inter-Urgences, 249 sites étaient en grève vendredi - tout en continuant d'assurer les soins. Le ministère en avait recensé 195 mi-août, soit la moitié des services d'urgences publics français. La CGT a annoncé lundi soir qu'elle maintenait son appel à manifester mercredi.

(AFP)

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