Violences faites aux femmes : depuis Dijon, Emmanuel Macron appelle à ne pas “relâcher l’effort”

Le président de la République, qui a rencontré vendredi 25 novembre à Dijon des victimes, a appelé à ne "pas relâcher l'effort" dans la lutte contre les violences faites aux femmes, estimant qu'il fallait améliorer formation et prévention malgré d'importants "progrès collectifs".

"J'ai subi des violences pendant vingt ans", lui a raconté une des deux femmes victimes de violences conjugales avec lesquelles le chef de l'État s'est entretenu. Après avoir longtemps eu "trop peur" de porter plainte, elle l'a finalement fait après des "coups de couteau" et un signalement de l'hôpital.

L'homme a été condamné à de la prison ferme mais elle a expliqué vivre "dans l'angoisse" de sa sortie, car même si une mesure d'éloignement est prise, "ce n'est qu'un papier". "Je sais très bien qu'un jour il va me tomber dessus", a renchéri, des sanglots dans la voix, la seconde victime.

Une simulation d'interpellation par l'école de gendarmerie

Le président Macron avait auparavant assisté, à l'école de gendarmerie de Dijon, à un exercice de simulation d'une intervention des forces de l'ordre pour interpeller un mari violent et prendre en charge immédiatement sa femme et ses enfants.

"Il y a quand même eu des progrès collectifs", avec "un immense travail de formation de nos forces de sécurité intérieure", a estimé Emmanuel Macron lors d'une table ronde, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Ce thème, et plus largement l'égalité hommes-femmes, a été décrété "grande cause" de ses deux quinquennats. "Il ne faut pas relâcher l'effort", a toutefois insisté le président.

Emmanuel Macron interpellé par des avocats

Au tribunal de Dijon, il a été interpellé par quelques avocats. "On ne voit rien, j'aimerais bien que vous ne découvriez pas la situation !", lui a lancé un avocat en robe alors qu'il assurait que les choses bougeaient, notamment grâce aux moyens renforcés par le gouvernement. "La dénonciation ne fait pas avancer le sujet !", lui a répondu, agacé, Emmanuel Macron.

D'autres ont déploré des "délais" de traitement des dossiers encore "trop longs". "Moi je ne lâcherai pas, vous pouvez compter sur moi", a fini par promettre le chef de l'Etat. "J'entends l'urgence et les besoins."

Plus de 90 % des mesures décidées à l'issue du Grenelle contre les violences conjugales, fin 2019, sont "complètement mises en oeuvre", se félicite-t-on à l'Élysée. Emmanuel Macron a rappelé la possibilité de recueillir les plaintes à l'hôpital et la multiplication des dispositifs de prévention comme les "bracelets anti-rapprochement".

Une hausse de 14 % des appels en 2021

Interrogé sur la mise en place de juridictions spécialisées, il a rappelé que des travaux parlementaires étaient en cours en vue d'une "décision avant l'été". "Je n'abandonne pas du tout l'idée, on en a besoin, il faut être très ambitieux et mettre le maximum de moyens", a-t-il dit. "Mais il faut se garder d'avoir une ou deux personnes qui, dans un département, ne s'occuperaient que de ce sujet", "il faut absolument que tout le monde soit mieux formé sur le sujet", a-t-il ajouté.

Des magistrats lui ont d'ailleurs fait part de leur scepticisme sur l'idée de juridictions dédiées, qui risquent d'aboutir à un "éloignement des acteurs".

La Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF), qui gère le numéro d'appel 3919, a fait état d'une hausse de 14 % des appels en 2021, par rapport à 2019.

(AFP)

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