Voeux : Macron parle, les “gilets jaunes” veulent se faire entendre

Emmanuel Macron va tenter de reprendre le cap de son quinquennat en adressant ses voeux aux Français à 20H00 ce 31 décembre 2018, au moment-même où des « gilets jaunes » lui rappelleront leur force en se retrouvant aux Champs-Elysées.
 

Emmanuel Macron illustration © capture france TV ©

Dans cet ultime discours d'une année qui a vu sa popularité s'effondrer, le président va, selon un proche, user de mots marquant "autorité et rassemblement", avec le double défi d'apaiser les colères et de relancer son programme de réformes.

A quelques heures de son allocution, la controverse autour d'Alexandre Benalla a tourné lundi au bras de fer entre l'Elysée et l'ex-chargé de mission, qui assure être resté régulièrement en contact avec le président après son licenciement pour faute grave cet été. Il "se venge (...) en entretenant tout un faisceau de contrevérités et d'approximations", a répliqué le palais présidentiel.

Plus de 23 millions de personnes avaient regardé l'intervention d'Emmanuel Macron à la télévision le 10 décembre - un record pour une intervention politique -, quand, pressé par les revendications des "gilets jaunes", il a annoncé 10 milliards d'euros d'aides en faveur du pouvoir d'achat.

Apaiser la colère

Lundi soir, plus question d'annonces. L'enjeu pour le président est de convaincre qu'il peut montrer davantage d'écoute et de bienveillance, lui dont certaines phrases cassantes cette année continuent à choquer une partie de l'opinion, du "pognon de dingue" aux "Gaulois réfractaires".

Il devra "démontrer qu'il met réellement fin au mépris, à l'arrogance, au mensonge, et qu'il change sa politique", a exhorté la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet.

Les vœux à la nation, tradition républicaine maintenue par M. Macron, lui redonnent l'opportunité de parler des réformes annoncées pour 2019, en particulier celle des retraites et de la fonction publique, mais aussi des nouvelles initiatives, à commencer par ce "grand débat national" prévu de janvier à mars avec lequel l'exécutif espère apaiser la colère des "gilets jaunes".

Le président pourrait rappeler les limites de cet exercice, comme il l'avait déjà fait le 10 décembre: pas question de rejouer la présidentielle ni de "détricoter" ce que le gouvernement et le Parlement ont mis en place depuis 18 mois.

Ces lignes rouges ne sont pas sans risque. Faute de résultats concrets, le "grand débat" pourrait entraîner de nouvelles frustrations et contestations. Quant à l'opportunité de lancer des "référendums d'initiative citoyenne", réclamés par une partie des "gilets jaunes" et par l'opposition, le président ne s'est pas encore prononcé.

Emmanuel Macron devra en tout cas retarder la réforme constitutionnelle à laquelle il reste très attaché, jusqu'à la fin du grand débat.

Le début de 2019 recèle d'autres embûches, comme la mise en place de la prime d'activité d'une centaine d'euros pour les petits salaires. L'effet de l'entrée en vigueur du prélèvement à la source est une autre inconnue.

Rassemblement "festif et non violent"

Son allié François Bayrou (MoDem) a plaidé lundi pour que soit rétablie "l'unité du pays" parcouru "d'interrogations, de doutes et de désarroi".

Une partie des "gilets jaunes" compte se faire entendre juste au moment des voeux présidentiels: un appel est lancé sur Facebook pour un rassemblement "festif et non violent", sur les Champs-Elysées à 20H00, en vue du passage à la nouvelle année "qui sera riche de changements et de victoires". En tout, quelque 10.000 personnes annoncent vouloir répondre à deux appels différents.

Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a souhaité lundi que le "cri légitime" des "gilets jaunes" soit entendu en 2019, en présentant ses vœux aux côtés de militants de ce mouvement à Auxerre (Yonne).

La sécurité sera renforcée à Paris comme dans d'autres grandes villes où des appels ont été lancés, notamment sur le pont d'Aquitaine à Bordeaux.

Un périmètre de protection sera instauré dès 16H00 lundi autour des Champs-Elysées et de la place de l'Etoile, dans un contexte également marqué par le risque d'attentats.

Pour la Saint-Sylvestre 2017, près de 140.000 membres des forces de sécurité et de secours avaient été mobilisés sur l'ensemble du territoire.

(Source AFP)

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