5G : pas besoin de moratoire car pas de risque sur les fréquences attribuées (Pompili)

Il n’y a pas besoin d’un moratoire sur les futures enchères sur les fréquences pour la 5G car « toute la littérature scientifique » indique qu’elles ne présentent « aucun risque » sanitaire, a estimé mercredi la ministre de la transition écologique Barbara Pompili.

© CC0 ADMC PXB

"Il est tout à fait normal de se poser des questions et nous on est là pour essayer d'y apporter des réponses", a déclaré la ministre sur Europe 1, alors que le président Emmanuel Macron a balayé l'idée d'un éventuel moratoire sur le lancement de cette nouvelle technologie, renvoyant ironiquement les sceptiques à "la lampe à huile".

Les membres de la Convention citoyenne pour le climat, qui avaient recommandé un tel moratoire dans leurs propositions remises en juin au chef de l'Etat, "nous ont dit qu'il faudrait peut-être prendre le temps pour vérifier s'il n'y a pas de problème sanitaire et pour vérifier comment on peut faire pour qu'il n'y ait pas trop de problèmes environnementaux," a déclaré Mme Pompili.

Près de 70 élus de gauche et écologistes, parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou la maire de Besançon Anne Vignot, ont demandé dimanche dans une tribune un moratoire sur le déploiement du futur réseau mobile.

Une demande balayée par le président Emmanuel Macron, qui a réaffirmé lundi que "la France (allait) prendre le tournant de la 5G", en ironisant sur ceux qui préfèreraient "le modèle Amish" et le "retour à la lampe à huile".

"Le moratoire a un intérêt à partir du moment où on n'a pas les données et justement on a un rapport qui est sorti mardi qui nous donne des données et qui nous précise que sur les bandes qui vont être occupées d'ici la fin de l'année il ne va y avoir en gros aucun risque si on respecte les normes," a poursuivi la ministre.

Selon ce rapport, commandé par le gouvernement au début de l'été, il n'y a pas "d'effets néfastes avérés à court terme en-dessous" des valeurs limites recommandées concernant l'exposition aux ondes électromagnétiques.

"Toute la littérature scientifique nous dit que sur la bande des 3,5 gigahertz, (...) qui est concernée par les enchères qui vont être lancées à la fin du mois, il n'y a pas de sujet", a souligné la ministre, en relevant que cette bande de fréquence "est utilisée depuis longtemps".

Sur l'aspect environnemental, Mme Pompili a estimé que "l'évolution des consommations fait qu'on va consommer beaucoup plus et donc qu'il peut y avoir un risque pour l'environnement puisque quand on consomme on augmente nos émissions de gaz à effet de serre". "Donc il faut aussi qu'on réfléchisse à comment on peut faire pour être un peu plus sobres" dans les usages et consommations, a-t-elle estimé.

Dans le même temps,  Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, régulateur des télécoms, a estimé "qu'il n'y a pas de raison de stopper la 5G en elle-même" jugeant toutefois urgent d'apporter des garde-fous face au débat qui s'enflamme. "Pour nous, les télécoms ont toujours été un sujet un peu technique, et là on rentre un peu dans le grand bain politique. On voit pour la première fois des partis, des personnalités politiques qui prennent position sur la technologie elle-même, et ça c'est nouveau", a-t-il déclaré sur Radio Classique, assurant vouloir "rester neutre dans ce débat" en tant qu'autorité indépendante du gouvernement.

"Compte tenu des préoccupations qui sont exprimées politiquement et dans la société, nous pensons qu'il n'y a pas de raison de stopper la 5G en elle-même. En revanche, il y a urgence à travailler sur les conditions, sur les garanties, sur les garde-fous à apporter par rapport à ces préoccupations", a-t-il ajouté.

Si le régulateur des télécoms est conscient de la "tension" autour de ces enchères, il assure qu'il "sera extrêmement transparent sur tout le déroulé du processus". "Chaque jour, nous ferons un état de l'avancement des enchères, ce qui est nouveau. Jusqu'à présent, nous ne faisions pas cela de manière aussi détaillée", a annoncé M. Soriano.

"Je pense qu'il faut un peu d'humilité collective, il y a une préoccupation nouvelle. Peut-être que personne n'avait assez anticipé sur cet enjeu technologique. La technologie change nos vies, c'est vrai qu'il faut se pencher dessus."

Info +

Mardi, un rapport commandé par le gouvernement au début de l'été -- précisément pour répondre à la demande de "moratoire" d'abord exprimée par la Convention citoyenne pour le climat -- a souligné qu'il n'y avait pas "d'effets néfastes avérés à court terme" sur la santé "en-dessous" des valeurs limites recommandées concernant l'exposition aux ondes électromagnétiques.

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