“Affaire Narumi” : un procès inédit coordonné sur trois continents

Trois pays concernés entre la France, le Chili et le Japon, des traductions en simultané, 27 médias accrédités pour 40 journalistes : le procès de Nicolas Zepeda pour le meurtre de Narumi Kurosaki s’ouvre ce mardi 29 mars 2022 devant les assises du Doubs. Labellisé « Grand Procès » par le ministère de la Justice, il doit durer 11 jours. Le verdict est attendu le mardi 12 avril 2022.

© Alexane Alfaro

Coordonné sur trois continents, avec autant de langues, le procès sera "inédit en France en termes d’organisation, de contraintes techniques et de pays concernés", selon le procureur de Besançon Étienne Manteaux.

"C’est un procès tout à fait exceptionnel avec trois pays impliqués : la France, le Japon et le Chili", indique le magistrat.  Le ministère de la Justice l’a d’ailleurs labellisé "Grand procès".

Le défi de la traduction en simultané

La cour d’appel de Besançon, chargée de l’organisation, a dû relever "le défi de la traduction, le défi technique des auditions en visioconférence de 14 témoins dans trois pays étrangers, et le défi du décalage horaire pour les entendre", selon une source judiciaire.

La traduction sera un enjeu fort de l’audience alors que la défense a regretté que certaines spécificités de l’espagnol parlé au Chili aient échappé, selon elle, au traducteur lors de l’instruction.

Pour le procès, trois interprètes viendront donc spécialement du Chili pour éviter cet écueil et trois autres traduiront en japonais. 

La traduction sera simultanée pour l’ensemble des débats, à l’attention de l’accusé et des parties civiles. Pour assurer la continuité de cet exercice intense, les interprètes se relaieront toutes les 20 minutes, selon les normes européennes de traduction.  "L’objectif est d’avoir une traduction simultanée qui permette d’avoir une certaine fluidité dans les débats", confie la source judiciaire.

Lors de sa disparition, Narumi Kurosaki était étudiante au Centre de linguistique appliqué (CLA) de Besançon où elle côtoyait nombre d’étudiants étrangers désormais rentrés dans leurs pays.

Parmi les témoins cités, dix seront ainsi entendus par la cour d’assises en visioconférence depuis un tribunal de Tokyo, deux depuis Santiago du Chili et une depuis l’Ecosse. 

L’organisation de ces visioconférences "a nécessité une modification très complète de notre dispositif technique" car "les modes de communication ne sont pas les mêmes" d’un pays à l’autre, souligne la même source.

Pour entendre ces témoins, le planning de l’audience a été organisé en fonction du décalage horaire. "Il y a 12 heures de décalage horaire entre le Japon et le Chili, c’est un défi inédit sur un procès judiciaire en France", note le procureur.

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