Besançon : la police municipale “indignée” face au nouveau projet de direction de la mairie

Ludovic Durand, secrétaire national Force ouvrière (FO) police municipale, syndicat majeur de la profession, a rencontré les policiers municipaux bisontins, mardi 14 mars à Besançon. L'objectif : échanger sur le futur projet de direction initié par la mairie. Un sujet qui tend à inquiéter fortement les agents municipaux de la ville. 

© Eva Bourgin

Deux départs officiels de policiers municipaux depuis l'annonce du projet de direction par la mairie de Besançon. Selon Yvan Decrouy, agent de police municipale et militant FO, "ces départs seraient le début d'une longue liste". Pour cause, ce nouveau projet de service viendrait ajouter de nouvelles problématiques au sein du service de la police municipale de Besançon.

Agrandissements des secteurs et suppression du service VTT

Ce projet de direction souhaiterait réduire les périmètres de la ville, les agents devront travailler sur deux grands secteurs à Besançon. Selon Ludovic Durand, cette règle poserait problème en termes de proximité avec la population : "plus le secteur est petit, plus on a de renseignements et nous sommes efficaces en terme de prévention, agrandir ce n'est pas ce qu'il faut faire". À cela s'ajoute la suppression du service VTT. Ici encore pour le secrétaire de la FO, cette nouvelle mesure ajoutera des difficultés pour les agents de la ville. "C'est un problème encore une fois pour la proximité. Grâce à ce service, les policiers entendent ce qu'ils se passent dans les rues. Les renseignements territoriaux viennent à la rencontre des agents de la police municipale pour des renseignements".

41 policiers municipaux sur le terrain pour 120.000 habitants

Si les périmètres pourraient s'agrandir, les effectifs des agents municipaux restent toujours au même stade. À l'heure actuelle, près de 46 agents dont 41 sur le terrain veillent sur la voie publique de Besançon. Un effectif faible, confirmé par le ratio national qui indique "1 agent policier pour 1000 habitants", soit 120 agents pour une ville comme Besançon. "Concernant les autres chiffres sur les agents blessés, des mises à disposition : nous n'avons rien. Nous aimerions un observatoire de statistiques qui remonte au ministère", a indiqué Yvan Decrouy.

Besançon, une ville où les jeunes policiers se forment puis s'en vont

Chaque ville possède son propre régime indemnitaire et son rythme en termes d'honoraires. À Besançon, pas de prime ni d'armement, seuls les horaires sembleraient jouer en la faveur du recrutement des jeunes policiers, dont le projet de direction changerait également le rythme. "Les personnes qui ont des enfants en bas-âge les verront une semaine par mois. Les jeunes se forment à Besançon puis s'en vont ailleurs, et ça ne s'arrêtera pas", a précisé l'agent de police. Il ajoute également que la moyenne d'âge de la police municipale bisontine s'élève aujourd'hui à 50 ans.

Le manque d'armes face à un contexte violent

Si le projet de direction assure de nouvelles règles, celle sur l'armement des agents ne change pas : les élus de la majorité s'y opposent fermement. Selon Ludovic Durant, "l'armement reste primordial pour le service municipal. Il faut mettre les moyens à disposition pour que les agents puissent protéger la population". Il rappelle que les agents sont formés avec un protocole stricte pour assurer un service sur la voie publique, face à un contexte toujours plus virulent. "Il y a le terrorisme, des personnes toujours plus nombreuses et armées, quelle réaction doivent avoir les agents face à ces situations?".

Un dernier mot contre la réforme des retraites

Ludovic Durand a affirmé soutenir les manifestations initiées par les syndicats contre la réforme des retraites. "Dans ce projet, la police municipale ne fait pas partie de la catégorie hyper active. La police nationale et gendarmerie ont le droit à une année de bonification tous les cinq ans jusqu’à plafonnement de cinq ans. Ils peuvent partir en retraite à 57 ans avec un taux plein, nous non". Pour cause, la prime de la police municipale ne rentre pas dans cette réforme : un agent municipal partira à la retraire avec u un salaire équivalent à 1200 euros pour 2200 euros à taux plein.

Le secrétaire syndical FO police municipale invitera prochainement la maire de Besançon, Anne Vignot, pour échanger autour de ces problématiques. Un premier pas pour les acteurs de la profession qui souhaitent être désormais reconnus par la Ville de Besançon.

Info +

Si le projet de service est voté, il entrera en vigueur à partir du 1er septembre 2023.

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