Budget : Moscovici plaide pour des “économies importantes” réparties équitablement

La France peut réaliser des "économies importantes, parfois difficiles" pour redresser ses finances publiques, en les répartissant équitablement, a déclaré jeudi 4 septembre 2025 le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, mettant en garde contre "un déclassement" du pays en Europe.

© Cour des comptes

"La situation des finances publiques est périlleuse" et "la crise des finances publiques est encore plus grave qu'il y a un an", a déclaré M. Moscovici lors de l'audience solennelle de rentrée de l'institution chargée de contrôler l'emploi des fonds publics.

"Elle exige des mesures fortes, car il ne faut pas se leurrer, nous sommes sur le fil", a-t-il poursuivi; ramener le déficit public à 3% du produit intérieur brut en 2029, contre 5,4% attendus cette année, "nécessitera des économies importantes, parfois difficiles". Pierre Moscovici, dont le mandat s'achève en septembre 2026, se dit "convaincu qu'elles sont possibles si et seulement si elles sont faites de manière réfléchie, de manière structurée, intelligente, avec équité, et non pas à partir de coups de rabot qui ne sont jamais la bonne solution".

Il faut "un partage" de l'effort entre Etat, collectivités locales et Sécurité sociale, plaide Moscovici

Il faut "un partage" de l'effort entre Etat, collectivités locales et Sécurité sociale, a-t-il plaidé. Un partage également entre les différents acteurs économiques selon leurs "capacités contributives", ainsi qu'entre les économies sur les dépenses et la fiscalité, le tout en préservant la croissance.

Pour celui qui avait théorisé le "ras-le-bol fiscal" des Français lorsqu'il était ministre de l'Economie et des Finances, l'essentiel de l'effort doit porter sur les dépenses, mais "la fiscalité n'est évidemment pas un tabou" dans un souci de "justice fiscale". Alors que la France se retrouvera probablement à nouveau sans gouvernement à l'issue d'un vote de confiance lundi sollicité par François Bayrou à l'Assemblée nationale, Pierre Moscovici a plaidé pour une adoption du budget 2026 "en temps et en heure".

Car, "à nouveau, nous mettons en jeu, et de manière toujours plus aiguë, notre crédibilité vis-à-vis de nos partenaires européens et des marchés", a-t-il prévenu. Alors que la France présentait en 2024 la troisième dette la plus importante de la zone euro et le déficit public le plus lourd, "il y a une forme de déclassement qui n'est pas acceptable pour un grand pays comme le nôtre", a-t-il estimé.

"Je ne crois pas que nous soyons menacés d'une quelconque mise sous tutelle par le FMI, par le défaut sur les marchés ni même par les sanctions de l'Union européenne", a-t-il dit. "Les dangers qui nous menacent sont d'une autre nature : c'est l'étranglement progressif de l'action publique par l'excès de la charge de la dette (...), c'est la dégradation de nos condition de financement sur les marchés (...), c'est une forme d'impuissance publique" face aux importants investissements d'avenir à réaliser.

(Source AFP)

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