Coronavirus : le rassemblement évangélique de Mulhouse complique la tâche des autorités

Le pèlerinage de Mulhouse est une des principales chaînes de transmission du Coronavirus en Franche-Comté. À l’Ehpad de Thise, une aide-soignante touchée par le virus aurait pu contaminer les 10 patients qui sont restés confinés dans leur chambre. Elle a participé fin février au rassemblement religieux de l’Église évangélique. La participation à cette semaine de Carême n’exigeait pas d’inscription préalable, ce qui complique le repérage des patients potentiels.

Image d’illustration 2017 Porte Ouverte Chrétienne © Nathalie schnoebelen – Wikimedia CC4 ©

Il est à l'origine d'au moins 40 cas positifs au Coronavirus en Franche-Comté. Les cas d’infections au coronavirus se sont multipliés depuis le  jeudi 5 mars 2020 dans toute la France, notamment parmi les fidèles ayant participé à un vaste rassemblement évangélique de "la Porte ouverte chrétienne" à Mulhouse du 17 au 24 février 2020.

Cette semaine de jeûne et de prière, organisée par la Porte ouverte chrétienne, l’une des plus grandes églises protestantes évangéliques de France, a rassemblé environ 2000 personnes venues de toute la France, DOM inclus, et des pays limitrophes, à Mulhouse. Plusieurs dizaines d’entre elles ont été contaminées. 

Jeudi, ses craintes de dissémination sont devenues réalité, avec des cas identifiés parmi les fidèles dans de nombreuses régions, dont certaines épargnées jusqu’à présent par l’épidémie.

En Guyane, le préfet a annoncé cinq premiers cas, à Saint-Laurent-du-Maroni, dont trois enseignants et un médecin du centre hospitalier. Les cinq personnes infectées avaient participé à cette semaine de Carême à Mulhouse. Selon la chargée de communication de l’église mulhousienne, Nathalie Schnoebelen le pasteur de l’église La Porte ouverte chrétienne de Guyane, accompagné d’“une petite équipe”, était venu au rassemblement.

À Briançon (Hautes-Alpes), trois fidèles qui revenaient de Mulhouse ont également été contaminés. À l’autre bout de l’Hexagone, dans la Manche, trois autres ont été pris en charge par le Centre hospitalier de Saint-Lô. 

Dans le sud-ouest, un couple de fidèles a été testé positif à l’hôpital d’Agen, l’homme confiné à son domicile et son épouse transférée vers le CHU de Bordeaux.

300 enfants présents au rassemblement

En Bourgogne-Franche-Comté, l’ARS a annoncé pas moins de 25, puis de 26  nouveaux cas de coronavirus, indiquant que “la plupart” étaient  liés au rassemblement mulhousien. 

La participation à cette semaine de Carême, organisée depuis 25 ans, n’exigeait pas d’inscription préalable, ce qui complique le repérage des patients potentiels. “Des gens viennent de toute la francophonie, de Guyane, des Antilles, des pays limitrophes”, a expliqué Nathalie Schnoebelen.

Celle-ci annonce également des cas chez des fidèles suisses, alors que la Confédération helvétique a connu jeudi son premier décès lié au coronavirus. “Nous n’avons pas de retour des Allemands et des Belges”, a ajouté Nathalie Schnoebelen. 

Environ 300 enfants ont selon elle participé à cette semaine de célébrations.“Pour les réunions les moins fréquentées, on était un bon millier de personnes, et pour les plus fréquentées 2000 à 2500 personnes”, avait indiqué mercredi à l’AFP le Dr Jonathan Peterschmitt, fils du pasteur de cette église, lui-même contaminé, ainsi que deux membres de sa famille.

Il y a beaucoup de partage, c’est un contexte propice à la contamination”, avait jugé a posteriori ce généraliste, confiné à son domicile du Haut-Rhin avec son épouse et ses quatre enfants.

Quand on prie ensemble, on peut se tenir par la main”, complète Nathalie Schnoebelen, soulignant qu’à ce moment-là, les précautions liées au virus n’étaient pas encore de mise. 

Mardi soir, le culte de cette église, fondée en 1966 par un pasteur mennonite, père de Samuel Peterschmitt, a été diffusé uniquement sur internet. 

Dynamique et très active sur internet, La Porte ouverte chrétienne a inauguré en 2015 à Mulhouse un lieu de culte pouvant accueillir plus de 2000 fidèles, sur le modèle des “megachurch” de certains courants évangéliques aux États-Unis.

(AFP)

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