Devenu sourd à cause des cochons ou des tronçonneuses ?

L’opérateur de porcheries industrielles (société Pelizzarri)  s’est défendu mercredi devant un tribunal de Lons-le-Saunier d’avoir rendu sourd un ancien employé, qui attribue son handicap aux cris des cochons qu’ils gardait. La décision du tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) a été mise en délibéré au 11 septembre 2013.

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A la barre, Me Frédéric Renaud, avocat de la société Pelizzarri, a estimé que la surdité de Serge Personeni, 59 ans, "n'avait pas son origine dans le travail accompli avec les cochons", mais dans son métier précédent de bûcheron.  Il a été employé de septembre 2001 à février 2008 dans les porcheries opérées par cette société dans le Doubs et le Jura. Sa surdité a été reconnue comme maladie professionnelle en 2012.

M. Personeni reproche à son ex-employeur de ne pas l'avoir protégé contre les cris stridents des cochons qui l'ont, d'après lui, rendu sourd. En attaquant la société pour "faute inexcusable, il veut une indemnisation de son préjudice", a indiqué Annick Ragueneaud, qui a défendu l'ancien porcher devant le Tass.

"L'employeur aurait dû avoir conscience du danger car toute personne qui entre dans une porcherie sait que les cochons crient dès que les portes s'ouvrent", a ajouté la juriste de la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés (Fnath).  Selon l'avocate, la société "n'a pas pris les mesures nécessaires pour éviter cette exposition au bruit. M. Personeni n'a jamais eu à disposition de protections auditives, pourtant obligatoires à ce niveau de décibels (90 et 120 décibels)", affirme-t-elle.

Mais l'ancien porcher avait auparavant travaillé 30 ans "comme bucheron, avec une tronçonneuse qui fait du bruit toute la journée à côté de l'oreille et qui peut-être responsable d'une baisse de l'audition", a relevé de son côté  Me Frédéric Renaud.

Selon lui, il faut "une analyse précise de l'intégralité de la carrière du salarié et de son niveau d'exposition au bruit dans ses différentes activités".   A l'audience, le président du Tass a rappelé que l'inspection du travail avait estimé que l'ancien porcher travaillait dans des "conditions incompatibles avec la dignité humaine".

Le requérant, qui souffre également de surmenage, n'était pas présent à l'audience mercredi.

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